Les confessions hallucinantes de Yoav Galant sur le 7 octobre

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Si Dieu a veillé sur Israël le 7 octobre, en faisant que le Hamas, a été le seul a entré en guerre, alors que le Hezbollah, l’Iran, les milices de Judée Samarie et de Syrie et les Houthies n’étaient pas au rendez-vous, et tandis que l’armée d’Israël a été aux abonnés absents pendant des heures longues et dramatiques. C’est cette histoire que raconte Yoav Gallant avec ses mots, qui nous montre au passage comment la réforme du système judiciaire a corrompu le fonctionnement de l’État, au point de nous mener au bord du précipice et comment nos propres haines envers nos frères ont un coût douloureux. Et cela continue…

Yoav Gallant parle pour la première fois : « La plus grande frustration de ma vie, c’est qu’on ne m’a pas réveillé cette nuit-là » 

Dans une interview approfondie avec Nadav Eyal, l’ancien ministre de la Défense raconte pour la première fois sa version des événements concernant la gestion de la guerre, depuis ses avertissements lors de la réforme judiciaire jusqu’à l’appel terrible avec le chef d’état-major à 6h30 du matin, et l’état des lieux alarmant (« infiltration en dizaines de points, un commandant de brigade du sud tué, des gens courant vers le feu ») et la prise de conscience que la responsabilité de la bataille reposait sur ses épaules.

 « J’ai entendu l’expression ‘mur de Jéricho’ pour la première fois environ un mois après », affirme-t-il.Et quelle réponse a-t-il reçue de Herzi Halevi à la question : pourquoi ne m’avez-vous pas réveillé ?

C’était il y a un an. L’une des rencontres les plus terribles et symboliques de cette guerre. Le ministre de la Défense, Yoav Gallant, visitait Nir Oz. Réouma Kedem est arrivée à la maison détruite de ses proches, assassinés de sang-froid : sa fille Tamar Kedem Siman Tov, son gendre Yonatan, et ses petits-enfants Shahar et Arbel (5 ans et demi), ainsi qu’Omer. Omer n’avait que deux ans lorsque les terroristes du Hamas ont pénétré dans le kibboutz, commettant un massacre et un enlèvement de masse. Aucun soldat de Tsahal n’a tiré un seul coup de feu à Nir Oz ; les membres de la force d’élite « Nukhba » ont fait ce qu’ils voulaient dans la communauté, tuant ou enlevant un habitant sur quatre du kibboutz. Ils ont terminé leur besogne et sont retournés à Gaza. Les forces de sécurité sont arrivées des heures plus tard. 

Kedem n’a pas cherché à retenir sa douleur et sa colère, « était parfaitement compréhensibles. Vêtu de noir, comme à son habitude, le ministre de la Défense l’a écoutée en silence. « Qu’est-ce que c’est ? Comment est-ce possible ? Une fille, trois petits-enfants… Un simple appel téléphonique la veille, et Tamar serait partie ! ‘Préparez-vous, quelque chose se passe…’ Je n’ai plus de cœur, mon cœur brûle », lui a dit Réouma Kedem. « C’est ainsi que vous nous avez abandonnés », lui a-t-elle lancé. Gallant a adopté un comportement étranger à son gouvernement, et en réalité à la culture politique actuelle : il est resté silencieux. 

« Écoutez », me dit-il, « la rencontre avec Réouma Kedem a été l’un des moments les plus difficiles, les plus émouvants et les plus douloureux de ma vie. Je suis resté debout devant elle de longues minutes. Ce n’était pas prévu. Je l’ai écoutée avec une attention totale. Chaque mot qu’elle a prononcé s’est gravé dans mon cœur. Et la phrase la plus forte qu’elle a dite était : pourquoi ne nous avez-vous pas prévenus ? Pourquoi Tsahal n’était-il pas là ? Pourquoi n’est-il pas venu ? » 

Gallant a décidé de parler. C’est sa première interview depuis le 7 octobre. En fait, depuis le début de la réforme judiciaire, il y a deux ans, qui semblent remonter à mille ans. 

L’interview qui suit est la description la plus complète de 13 mois extraordinaires dans l’histoire de l’État d’Israël et du Moyen-Orient, racontée par son ministre de la Défense. Gallant est arrivé au poste dont il avait rêvé toute sa carrière, et en deux mois, il s’est retrouvé plongé dans une crise politique sans précédent aux conséquences sécuritaires graves. Neuf mois plus tard, il menait une guerre sans précédent. Par la puissance immense du ministère de la Défense en temps de guerre, son expérience militaire et la manière dont il a su stabiliser un front uni au sein du système sécuritaire, Gallant a été l’homme le plus important de la guerre. Hormis quelques exceptions, c’est lui qui a défini la stratégie israélienne – depuis les premières heures du massacre dans les localités du sud, en passant par le blocage de l’ennemi, jusqu’au démantèlement de l’axe de résistance iranien. Tout s’est terminé brusquement, par une lettre de licenciement courte de Netanyahou, le matin même de l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis. 

J’ai rappelé à Gallant cette rencontre dramatique à Nir Oz lorsque nous avons parlé de responsabilité. Sa réponse a été tranchante : une commission d’enquête d’État. « Tout ce que Réouma Kedem a dit est vrai. Malheureusement, on ne peut pas revenir en arrière. Elle a raison. De son point de vue, bien sûr. Et la douleur ici est immense. Ce n’était pas ma première visite à Nir Oz, ni la dernière. J’ai tenu à aller partout – Be’eri, Kfar Aza, Nahal Oz, ainsi que dans tous les autres villages – Soufa, Kerem Shalom, Holit, Netiv HaAsara, et bien sûr sur le site du festival Nova. J’ai rencontré les citoyens et j’ai fait les visites à pied. J’ai vu chaque endroit de mes propres yeux. J’ai affronté la situation – dès le premier jour ». 

Je vous pose la question, car vous avez été limogé par Netanyahou, puis vous avez démissionné de la Knesset. Mais on n’a pas l’impression que vous avez décidé que votre carrière politique devait s’arrêter à cause du 7 octobre. 

« Je n’élude aucune responsabilité. Pour moi, lorsqu’on regarde vers l’avenir, il faut examiner ce qui s’est passé, comment cela s’est produit et pourquoi. Ce qui s’est passé dans la décennie précédente. Ce qui nous a amenés là. Tout cela arrivera lorsque sera mise en place une commission d’enquête d’État ». 

Derrière les déclarations, on comprend bien ce qui n’est pas dit : Gallant est allé dans tous les lieux du massacre, sur tous les sites où du sang israélien a coulé, à plusieurs reprises. Netanyahou ? Il est à Washington, pour la deuxième fois depuis le début de la guerre, mais il ne s’est toujours pas rendu au kibboutz dévasté de Nir Oz. L’ancien ministre de la Défense exige une commission d’enquête d’État ; Netanyahou, lui, se bat contre cette idée et mobilise toute sa faction du Likoud pour l’empêcher. Gallant pense qu’il faut une réforme globale du service militaire ; Netanyahou travaille sur une loi qui prolongerait l’exemption des ultraorthodoxes. 

Cependant, tout au long de nos entretiens, Yoav Gallant s’est obstinément refusé à donner son avis sur Netanyahou pendant la guerre, à évaluer ses compétences ou à juger son action. Il insiste sur son désir de parler « de faits. Pas d’interprétations ni d’évaluations ». Les lecteurs sont intelligents et perspicaces, ils sauront lire entre les lignes et comprendre les faits. Et c’est précisément de ces faits dont nous avons parlé. Les premiers concernent ce matin-là, qui restera dans l’histoire comme un jour de malheur. 

Où étiez-vous le 7 octobre 2023, vers 6h30 du matin ?  

« Je me préparais pour une sortie à vélo chez moi. À 6h30, j’ai reçu un appel de ma fille (officier dans l’armée de l’air), qui m’a dit qu’il y avait des sirènes à Tel-Aviv. J’ai immédiatement raccroché. Une minute plus tard, j’ai parlé avec le chef d’état-major. Il m’a dit : ‘C’est Gaza. Ce ne sont pas seulement des roquettes, il y a aussi une attaque terrestre. J’entre en réunion d’évaluation et je te tiendrai informé’. J’ai enfilé mes vêtements noirs et je suis parti pour le quartier général militaire. J’y suis arrivé peu après. Je ne suis pas sorti de là, et je n’ai pas vu ma maison pendant trois mois. Pour moi, c’est ainsi que la guerre a commencé ».

C’est un événement qui provoque un choc total. Au-delà de tout scénario. 

 « C’était une surprise totale. Pour moi, bien sûr, plus que pour les autres, car ils ne m’ont pas réveillé la nuit pour une quelconque étape de consultation. Ils me rencontrent à six heures et demie du matin. Sur le chemin du village, j’essaie de parler à qui je peux, aux chefs de conseil, aux gens que je connais. Il était très difficile de recevoir des rapports de l’armée par l’intermédiaire du secrétariat militaire ou directement. Tout le monde était occupé avec l’incident. Quand je suis arrivé au village, je suis entré dans le trou. Je pense que le plus frappant était que les gens ne savaient pas ce qui se passait. L’image n’était pas claire, ni quelle était l’ampleur. Il est difficile de se faire une idée d’une attaque d’une telle ampleur en si peu de temps. »

Et combien de temps a-t-il fallu pour former une image ?

 « Je suis entré dans la salle où le chef d’état-major évaluait la situation avec le chef de la brigade des opérations. J’ai réuni tout le monde et procédé à une évaluation de la situation à huit heures. Je leur ai dit assez rapidement : premièrement, nous sommes en guerre. Deuxièmement, mobiliser tout le monde, les hommes de troupe et les réservistes, toute l’armée. Troisièmement, envoyer des forces vers le nord, y compris sur des chaînes (c’est-à-dire des chars sur la route – NA). Mon évaluation était que le Hamas ne lancerait pas une telle guerre sans le soutien du Hezbollah. Et puis je suis devenu public, car je comprends qu’il y ait de la panique et de l’incompréhension. Je suis le premier à parler en tant que représentant du gouvernement. J’ai dit : « Le Hamas a lancé une guerre contre nous. Il paiera un prix très lourd. Nous vaincrons. » À partir de ce moment-là jusqu’au moment où j’ai terminé mon service après 13 mois, c’est ce qui était devant mes yeux – la victoire dans la guerre et la réalisation de ses objectifs. Y compris, bien sûr, le retour des kidnappés.

Quand réalisez-vous qu’il s’agit réellement d’une invasion ? Parce qu’à ces moments-là, on a l’impression que les gens savent les choses principalement grâce aux médias du Hamas ou à partir de vidéos. 

 « Je ne reste pas assis devant un écran. Je fais des évaluations de la situation et j’en discute, et peu à peu, la situation devient plus claire. On commence avec des dizaines de morts, on passe à quelques « localités », et petit à petit, la situation devient plus claire et en une heure, je comprends déjà que nous sommes dans un incident de grande ampleur. Je ne connais juste pas exactement toutes ses dimensions. Le lendemain, j’étais à Ofakim, à Bari, dans d’autres endroits, j’ai vu des choses de mes propres yeux. Les brèches dans la clôture. Je pense que le brouillard de la bataille et la grande surprise de Tsahal et du Shin Bet ne leur ont pas permis de se faire une idée précise de la situation. »

Quand avez-vous parlé pour la première fois avec le Premier ministre ? 

« À ma connaissance, lors de l’évaluation de la situation que nous avons faite dans la matinée. » 

Et quelles étaient les directives ou demandes du Premier ministre ? 

« Je ne me souviens pas qu’il y ait eu des instructions spécifiques. Je pense que nous avons parlé de la mobilisation des réservistes. Dans les premiers jours, j’ai défini les objectifs de la guerre, et ensuite, le cabinet les a simplement adoptés. J’ai rédigé, présenté ce qu’il fallait, par exemple, la mobilisation des réservistes. C’était de mon ressort pendant une certaine période. Ensuite, cela a été transféré aux décisions du cabinet et du gouvernement. » 

Définiriez-vous le Premier ministre comme dominant au cours du premier mois de la guerre ?

« Disons les choses ainsi. Quand je suis entré dans le bunker, j’ai très vite compris que l’événement était d’une ampleur considérable, que la responsabilité qui pesait sur moi était inaliénable – et que, dans une large mesure, le sort de la campagne dépendrait de la manière dont je me comporterais. Autrement dit, prise de décisions, exemplarité, sang-froid, soutien, représentation et leadership. J’ai compris dès le début que toutes les responsabilités convergeraient vers moi. » 

Dans une partie ultérieure de l’entretien, lorsque Galant a évoqué l’approche « pessimiste » de Netanyahu au début de la guerre, je suis revenu sur ce point en tentant d’obtenir une réponse plus claire sur la performance du Premier ministre. 

On dit que Netanyahu n’a pas été à la hauteur. Qu’il était sous le choc pendant le premier mois. Est-ce vrai ?  

« Je ne me livre à aucune analyse de ce genre. » 

Vous ne voulez pas vous exprimer sur le fait que Netanyahu était sous le choc ?

« Non. Je n’ai aucun élément de compréhension sur l’aspect que vous décrivez, c’est pourquoi je me limite aux faits : ce qui a eu lieu et ce qui a été dit. » 

D’accord. Peu après le début de l’attaque du Hamas, l’armée israélienne a activé l’ordre ‘Peres Falash’, un protocole prévu en cas d’infiltration ennemie – permettant au commandant de division d’engager des forces militaires à l’intérieur du territoire israélien. Ensuite, le protocole connu dans les médias sous le nom de ‘Hannibal’ a été appliqué, dont l’objectif est d’empêcher un enlèvement, même au prix de mettre en danger la vie des otages.

 Étiez-vous impliqué dans toutes ces décisions ?  

« Vous devez comprendre l’ampleur de la situation. Il y a eu des infiltrations en dizaines de points. Le commandant de la division était en pleine bataille, et il se trouvait dans la salle de commandement. On lui tirait dessus dans son propre QG. Le commandant du secteur sud a été tué. Les soldats couraient en plein feu. Ce que vous décrivez, ce sont des décisions prises au niveau local. Mes instructions étaient bien sûr : verrouillez la frontière, éliminez tous ceux qui se trouvent sur notre territoire, entrez en contact avec les responsables des municipalités, placez auprès de chacun d’eux un représentant pour assurer la liaison avec l’armée. Car j’ai compris que le rythme d’exécution était lent, mais que le véritable problème de l’armée à ce moment-là provenait de l’erreur de la nuit précédente. » 

La mention de cette nuit revient à plusieurs reprises dans les propos de Galant, tout comme le mot « frustration » sous différentes formes. Il parle de cette nuit où les signaux se sont allumés dans la bande de Gaza, où le chef des renseignements militaires a été informé, où le général commandant le front sud, le chef d’état-major et le chef des opérations ont tous été réveillés, a tenu des discussions et a même donné des instructions. 

Il affirme : « L’armée israélienne a en fait agi dès la nuit, selon l’évaluation de la situation qu’ils avaient faite, supposant qu’il ne s’agissait que d’une attaque limitée au maximum. Ce n’est pas que des personnes mal intentionnées ne m’ont pas informé. Ce sont toutes des personnes bienveillantes. » Mais pour lui, « c’est la plus grande frustration de ma vie : le fait qu’on ne m’ait pas réveillé cette nuit-là. » 

Pourquoi ? 

« Parce qu’on m’a privé du dernier point d’intervention possible. En fin de compte, le ministre de la Défense peut intervenir des jours ou des heures à l’avance, donner des instructions et des orientations. Il ne se tient pas avec un fusil à la frontière ni ne commande un bataillon, un secteur ou un commandement. C’est vraiment l’aspect le plus frustrant. Pourquoi ? Parce que j’ai l’habitude d’être réveillé la nuit. On m’a réveillé de nombreuses fois. J’ai toujours pris cela au sérieux. J’ai toujours donné des directives strictes. Je sais avec certitude qu’il y a une chose que j’aurais faite, de toute mon expérience de vie. J’aurais dit : ‘J’entends votre évaluation de la situation et ce que vous faites. Supposons que votre évaluation minimise la menace – quelles actions opérationnelles mettez-vous en place pour sécuriser la situation au cas où vous vous tromperiez et que la menace soit plus grave ?’ Rien qu’en posant cette question, j’imagine que quelque chose aurait changé. On aurait envoyé plus d’avions en patrouille. Tous les commandants auraient été mis en alerte. Peut-être même que des bataillons supplémentaires auraient été mobilisés. En fin de compte, au matin, il n’y avait que les bataillons déjà présents sur le terrain – quatre en tout – et tous les autres ont mis du temps à être déployés et organisés. » 

Il y a un débat sur la raison pour laquelle on n’a pas réveillé le Premier ministre. Mais en réalité, la vraie question n’est pas pourquoi on ne l’a pas réveillé – mais pourquoi on ne vous a pas réveillé, vous, le ministre de la Défense. Avez-vous abordé ce sujet avec le chef d’état-major ? Lui avez-vous demandé : ‘Pourquoi ne m’avez-vous pas réveillé ?’ 

« La réponse : parce qu’ils ne pensaient pas que c’était suffisamment grave. C’est pourquoi ils n’ont pas pris toutes les autres mesures. Ils n’ont pas mobilisé toute la force aérienne. Ils n’ont pas mobilisé toutes les forces terrestres, et encore moins tous les commandants. Pourquoi aller si loin ? Dans certaines unités, il n’y avait même pas d’état d’alerte au lever du jour. Qu’est-ce que cela signifie qu’il n’y avait pas d’état d’alerte à l’aube ? Cela signifie que l’événement n’a même pas été signalé aux commandants de bataillon comme un potentiel risque sécuritaire. En conséquence, cela explique pourquoi le ministre de la Défense n’a pas été réveillé. Mais je ne sais pas tout. Cela s’ajoute bien sûr à une longue série d’informations qui ont circulé pendant des années sans être correctement traitées. » 

Avec tout ce que vous savez aujourd’hui sur cette nuit-là, en tant que ministre de la Défense au moment critique, quelle est, selon vous, l’erreur militaire la plus flagrante qui a conduit à cette catastrophe ?

« Il est un peu présomptueux de répondre à une telle question sur un événement aussi vaste. Mais je pense que tout se résume à ce que je vous ai dit que j’aurais fait. Autrement dit, en l’absence d’une compréhension claire des données disponibles à l’avance, vous devez atténuer le risque par des actions qui prennent en compte un scénario plus grave. Le scénario qu’ils ont évalué comme graves et les mesures prises en conséquence ne correspondait pas à la réalité. Cela est bien sûr lié à ce qui a été fait (ou non) pendant des années face à l’accumulation des menaces. » 

J’ai vu les déclarations publiques du Premier ministre et de vous-même après l’opération « Bouclier et Flèche ». Le niveau politique et militaire en Israël se félicitait que le Hamas ne soit pas intervenu, car il était dissuadé. Rétrospectivement, il s’avère que le Hamas a délibérément gardé ses forces en réserve pour une attaque massive contre Israël. 

 « En tant que ministre de la Défense, je m’appuie sur trois canaux d’information de base. Le premier, ce qui ressort du renseignement sur l’ennemi. Le deuxième, ce qui émane des discussions et des évaluations de la situation qui me parviennent, après avoir traversé tous les échelons. Et le troisième, c’est lorsque je me rends sur le terrain et que je rencontre les commandants de brigade et de bataillon, bien entendu les commandants de division et le général de région. C’est une approche plus spécifique, adaptée à chaque secteur. À travers tous ces canaux et ces étapes, y compris lors de l’opération « Bouclier et Flèche » mais aussi ailleurs, à aucun moment il n’y avait d’information – ni dans le renseignement, ni dans les discussions, ni dans les observations – indiquant que quelque chose se préparait du côté du Hamas à Gaza. Je vais même plus loin : lorsque je me rends à la division de Gaza, à plusieurs reprises, je leur dis : ‘Écoutez, le renseignement stratégique, c’est le ministre de la Défense, le chef d’état-major, le Premier ministre qui l’ont. Ne vous reposez pas là-dessus. Faites ce que vous savez faire de mieux : observations, patrouilles, embuscades, écoutes tactiques. Apportez votre propre valeur ajoutée grâce à votre présence sur le terrain.’ » 

Quand je l’interroge sur le manque de couverture du renseignement concernant les communications tactiques du Hamas, sur les avertissements des observatrices, sur l’échec des services de renseignement, et en particulier de l’unité 8200, qui n’a pas alerté ses hauts responsables cette nuit-là, Galant répond qu’il ne s’implique pas dans l’aspect opérationnel :  

 « Au final, je suis le ministre de la Défense, et il y a dix échelons en dessous de moi qui doivent faire leur travail. Mais il ne fait aucun doute que l’ignorance du renseignement tactique a été un facteur déterminant dans cette affaire. Si vous me demandez ce que j’ai observé – et soit dit en passant, j’ai fait les mêmes remarques concernant le nord du pays – il y a une dépendance croissante au renseignement stratégique, un renseignement de meilleure qualité. Mais il ne doit pas être la base du pouvoir tactique. » 

Une semaine et un jour avant l’attaque du Hamas, lors du premier jour de Souccot, le ministre de la Défense descend à la frontière de Gaza, de sa propre initiative. Intuition, peut-être. 

« Vers midi, je dis à mon équipe : ‘Je veux aller voir la division de Gaza. Voir ce qui se passe.’ Sans raison particulière. Pas besoin du chef d’état-major ou du général de région. On me répond que le commandant de la brigade nord-est de permanence, alors j’y vais et je le rencontre. Lui et moi. Nous observons Gaza. Je lui pose des questions : ‘Que se passe-t-il ici et là ? Et s’ils passent ?’ Il m’explique la technique de la barrière et comment ils ont piégé les passages entre les clôtures et l’axe Huber (la route le long de la barrière de Gaza). Ensuite, je vais voir la batterie du Dôme de fer voisine. Je raconte cela parce que j’essaie de montrer que j’ai cherché à comprendre au mieux ce qui se passait dans le secteur. Mais au final, vous devez vous fier à ce que disent le renseignement, les commandants ou les analystes. » 

Et vous n’avez aucune indication ?

« Je suis frustré. Pendant toute l’année, ou pendant neuf mois, on ne reçoit aucune information, d’aucune sorte, sur quoi que ce soit qui se trame, d’aucune manière, du côté du Hamas à Gaza. Je rencontre l’actuel général de région, son prédécesseur, le chef d’état-major, son prédécesseur, et pendant tout le premier mois où nous étions ensemble, pas un mot. Chaque action qui se produit à la frontière – comme un peu de friction et des émeutes dans le mois précédant le 7 octobre – est expliquée comme une tentative du Hamas de repositionner ses lignes par rapport au nombre de travailleurs palestiniens autorisés à entrer en Israël, à l’aide humanitaire, et à d’autres sujets du même genre. C’est l’explication que l’on reçoit. » 

De plus, vous savez qu’à ce moment-là, des négociations secrètes ont lieu au Caire pour la restitution des Israéliens Mengistu et Al-Sayed ainsi que des corps de Goldin et Shaul (paix à leur âme). Cela signifie qu’il y avait une vaste tromperie du Hamas vis-à-vis du système israélien. 

« Il ne fait aucun doute qu’il y a eu une tromperie qui a fonctionné contre les services de renseignement israéliens. J’ai quitté ce secteur il y a 12 ans. C’est la dernière fois que j’ai été dans la chaîne de commandement. Depuis, il y a eu trois chefs d’état-major, six ministres de la Défense, un Premier ministre, la plupart du temps le même. Quand je suis parti, il n’y avait ni ville souterraine à Gaza ni tunnels d’attaque pénétrant en Israël. Nous étions sur le point de briser l’échine du Hamas lors de l’opération « Plomb durci », mais je n’ai pas reçu l’autorisation du chef d’état-major et du ministre de la Défense de l’époque. J’ai donc une vision du monde bien précise. Pendant toute cette période, il y a eu des personnes qui ont occupé en permanence les postes les plus centraux et qui se sont spécialisées dans ce secteur  et en fin de compte, on se repose sur ces systèmes. » 

Galant raconte que lorsqu’il est entré en fonction, il est intervenu dans la préparation de Tsahal au nord du pays face aux plans offensifs déclarés du Hezbollah pour envahir la Galilée.

« Je leur ai dit : ‘Vous n’êtes pas prêts pour un assaut d’envergure du Hezbollah.’ J’en ai parlé trois fois avec le chef d’état-major et j’ai exigé de se préparer comme si la force Radwan était une ‘division stationnée à la frontière’. À la suite de cela, ils ont commencé à travailler sur les fortifications, à renforcer les forces aériennes, à prendre des mesures en matière d’artillerie. Je donne cela comme exemple d’un domaine où j’avais un capteur. C’est pourquoi je suis frustré de ne rien avoir eu en ce qui concerne l’attaque du Hamas depuis Gaza. Et au cours des dernières 24 heures, dans les dernières heures, je ne suis même pas informé des consultations nocturnes. Cela me frustre énormément. Pour avoir un impact en tant que ministre de la Défense, j’ai besoin d’un point d’ancrage. Si j’avais eu le moindre point d’ancrage, je l’aurais utilisé. » 

Vous parlez de l’ancien chef du renseignement militaire, Aharon Haliva. 

« Je n’ai mentionné aucun nom. » 

Il y a ici deux affirmations. La première : comment une telle surprise est-elle possible ? La seconde : la surprise a déjà eu lieu – comment se fait-il que Tsahal n’arrive pas à temps ? L’armée israélienne, si puissante, ne peut-elle pas atteindre et reprendre, disons, chaque localité avant 12h30 ? Même s’il y avait une invasion de milliers de terroristes ? 

« Je pense que c’est une question de réaction de Tsahal. Au final, il doit bien amener des forces de quelque part. Organiser une unité qui se trouve en Judée-Samarie ou sur un terrain d’entraînement, la faire monter dans des camions ou des hélicoptères et la transférer – cela prend du temps. Il semble que c’est ce qui s’est passé. Les unités spéciales ont atterri plus tôt et sont arrivées. Malheureusement, elles ont payé un lourd tribut, avec de nombreux morts dans toutes ces unités, qui ont accompli un travail remarquable. » 

Même après avoir parlé avec d’anciens chefs d’état-major et des experts en sécurité, comment se fait-il que des Israéliens aient crié à l’aide depuis les abris anti-bombes des kibboutz pendant des heures, que nous l’ayons diffusé, et qu’ils nous aient répété pendant des heures que des terroristes se trouvaient de l’autre côté de la porte ?

En tant que citoyen, j’attends qu’en quelques heures, des milliers de soldats de Tsahal se déploient sur la zone d’invasion. Et cela, en quelque sorte, relève déjà du gouvernement et du niveau politique. Vous êtes au QG. Comprenez-vous cette situation où des milliers d’Israéliens sont assiégés ? 

« Je vais vous dire les choses simplement. Premièrement, la situation n’est pas claire. Deuxièmement, le ministre de la Défense ne se tient ni avec un fusil ni même avec un talkie-walkie. À la fin, chaque année, Tsahal reçoit légalement tous les jeunes hommes et femmes aptes au service, des pouvoirs illimités, des dizaines de milliards, pour assurer la sécurité. Il doit accomplir cette mission. Mais il ne fait aucun doute que le prix de l’absence d’alerte est la distance d’arrêt, et cette distance d’arrêt a été de douze heures difficiles. Les six premières heures ont été particulièrement dures. Comme on ne connaissait pas la situation, que les routes étaient bloquées, et qu’il n’y avait personne pour rapporter les informations, dans ce chaos, ceux qui ont résolu la situation étaient ceux qui se sont jetés au combat. C’est le courage des soldats qui a permis à Tsahal de stopper l’ennemi. L’exemple le plus frappant est le nombre de commandants supérieurs, colonels et autres, qui ont été tués dans les premiers jours. Quand on comprend cela, on voit où se trouvait l’armée. Des généraux de brigade se sont battus avec des couteaux, et des généraux ont tué des terroristes avec des pistolets. » 

Des généraux de réserve comme Yair Golan et Israël Ziv sont descendus au sud avec des armes et ont secouru des gens, y compris ceux du festival Nova. Le courage dont ils ont fait preuve ne fait aucun doute. Mais l’attente demeure que le gouvernement, l’armée et le système de défense puissent stopper une attaque en territoire israélien en quelques heures. 

« La catastrophe, ici, est la confrontation à bout portant, l’affrontement frontal. Cela crée une distance d’arrêt qui prend des heures. Et le système militaire n’était pas préparé. Le prix a été payé par les localités et les soldats en première ligne, et ce prix est terrible. Je l’ai vu de mes propres yeux. Un prix terrible. Au final, une chose ne peut être ignorée : c’est la mission de l’armée. C’est pour cela qu’elle existe. C’est une question qu’une commission d’enquête nationale devra examiner, mais pas seulement. Cela ne peut pas être une enquête interne à Tsahal. Il faut tout analyser : quelles étaient les directives générales, avec quels effectifs on a opéré. » 

Si le Hezbollah avait lancé une attaque surprise ce même matin dans le nord, l’existence de l’État d’Israël aurait-elle été menacée ? 

« Je ne pense pas qu’elle aurait été en danger. » 

On célébrait les 50 ans de la guerre de Kippour. Tout le monde a prononcé des discours sur les leçons tirées. L’une des conclusions de la commission Agranat était qu’il fallait se préparer davantage en fonction des capacités ennemies plutôt que de ses intentions et menaces.

Expliquez-moi : le problème était-il que les renseignements vous avaient dit que le Hamas n’avait pas la capacité d’attaquer ?

« Tout cela n’était même pas dans le spectre de la réflexion de quiconque. L’exemple le plus clair : avant que je prenne mes fonctions, la durée du service militaire a été réduite de 36 à 32 mois. Qu’est-ce que cela indique sur la perception des menaces par Israël ? Quand j’ai pris mes fonctions, les ressources allouées à Tsahal en termes réels diminuaient par rapport au PIB. Qu’est-ce que cela signifie quant à notre position ? On peut continuer. À la fin, si on regarde les tunnels de Rafah, ils ont été creusés sur une décennie. Ce ne sont pas des choses qui étaient invisibles. Un autre exemple : dans les premiers jours de mon mandat comme ministre de la Défense, j’ai fait un inventaire des stocks militaires. Il s’avère qu’en 2022, 200 000 obus ont été transférés à la guerre en Ukraine, alors que Tsahal comptait dessus. Ce sont les stocks de l’armée américaine. Et 50 000 autres devaient encore être pris à l’été. J’ai demandé à l’ancien directeur du ministère de la Défense : qu’avez-vous fait à ce sujet ? Il m’a répondu : rien. Avec le nouveau directeur général (Eyal Zamir), j’ai dit à Elbit : commencez à produire des obus. Ils ont commencé. Et lorsque la guerre nous a frappés en octobre, les machines étaient déjà en marche. Sinon, nous aurions eu six mois de retard. J’ai reçu un système qui n’était pas du tout préparé à une attaque de grande ampleur sur tous les fronts. Et il n’y avait même pas de soutien des renseignements. » 

Et votre responsabilité personnelle, en tant que ministre de la Défense ? Par exemple : le transfert d’argent du Qatar au Hamas. L’accord de pacification avec le Hamas. Vous ne saviez pas pour la « muraille de Jéricho » – comme certains pensent que Netanyahou devrait assumer ses responsabilités et partir, ils pensent que vous aussi. Que répondez-vous ? 

« Une commission d’enquête nationale, qui examinera tous les détails objectivement, pas seulement du côté militaire, mais sur une décennie et plus – et ensuite, le jugement du public sur tout le reste. J’ai agi avec intégrité, j’ai placé le bien du pays et de Tsahal au-dessus de tout. Et pour le reste, je suis prêt à me soumettre à tout examen, toute enquête, tout processus. C’est tout. Je ne peux pas répondre à chaque déclaration. Je ne peux traiter que ce que je sais et ce que je connais. » 

Le public vous dira, surtout vos adversaires : vous êtes ministre de la Défense. Que vous le sachiez ou non, vous êtes responsable. 

« J’ai parlé de responsabilité dès les premiers jours, sur le terrain. C’est pourquoi j’ai dit : ‘Mettons en place une commission d’enquête nationale’. Il y a une responsabilité directe de ceux qui avaient cette tâche en main, qui avaient la possibilité de donner des directives et de fournir les renseignements. Il y a aussi une responsabilité indirecte pour d’autres facteurs : les milliards transférés au Hamas depuis le Qatar, qui ont permis de construire leur infrastructure militaire et les tunnels – tout cela. Il y a eu un processus de division interne en Israël qui a affaibli nos systèmes. L’ennemi a vu cela comme une faiblesse et peut-être une opportunité. Jusqu’à se demander : doit-il aider Israël à s’effondrer, ou allons-nous nous effondrer seuls ? »

Le discours a eu lieu après des discussions avec Netanyahou, qui ont échoué. Galant dit que Netanyahou lui avait promis « d’agir » trois jours plus tôt, puis il est « sorti » (c’est-à-dire qu’il s’est adressé au public) et « a dit autre chose ». Il affirme qu’il avait en sa possession des documents des chefs des services de renseignement militaire (Aman), de la division de la recherche d’Aman, du chef du Shin Bet et du directeur du Mossad, qui soulignaient la gravité de la situation. 

« Regardez, je suis allé voir le Premier ministre dix fois à ce sujet, si ce n’est plus. En plus de cela, le chef d’état-major s’est rendu chez lui. Le directeur du Mossad, le chef du Shin Bet, ensemble et séparément, ainsi que le chef d’Aman. Mon discours n’était pas contre la réforme judiciaire, mais pour souligner qu’il y avait une urgence sécuritaire bien plus grande – et que nos ennemis y voyaient une opportunité. » 

Vous dites être allé voir le Premier ministre dix fois pour « cette question ». De quoi s’agissait-il exactement ? 

« Je lui ai parlé de la nécessité d’arrêter le processus de réforme, car il nous entraînait dans une situation où nous ne devrions pas être. J’ai dit que peu importait qui avait raison ou qui avait commencé, ce qui comptait, c’était le résultat. Nous ne devions pas offrir à nos ennemis une opportunité. Je considérais cela comme un grand danger. Je dois dire que la question du Hamas n’était pas au centre des préoccupations. Ce qui m’inquiétait le plus, sur la base du renseignement – et ce n’était pas qu’il y avait des éléments concrets, mais plutôt leur intensité –, c’étaient avant tout le Hezbollah et l’Iran. »  

Cela signifie donc que vous aviez identifié un danger immédiat pour la sécurité de l’État en raison de la poursuite de la législation. Que disait le renseignement ? 

« Un danger clair, tangible et immédiat. Je l’ai dit dans mon discours. Les indices montraient que nos ennemis percevaient une grande vulnérabilité. Ils pensaient qu’Israël était sur le point de s’effondrer. Certains l’ont même déclaré publiquement. D’autres en ont parlé en privé. D’ailleurs, je n’étais pas opposé à une réforme judiciaire. Je pense qu’il est nécessaire de rééquilibrer le pouvoir entre le système judiciaire, le gouvernement et la Knesset. Mais on ne peut pas introduire six réformes majeures immédiatement, quatre jours après la formation du gouvernement, sans que le ministre de la Défense soit au courant – et je ne sais pas qui l’était – et s’attendre à ce que cela devienne une priorité nationale sans en avoir un débat approfondi. » 

Si c’était le cas et que vous ressentiez un danger clair et immédiat, où était l’adaptation de la posture sécuritaire de l’armée et des forces de défense face à ces avertissements et menaces ? Aviez-vous ordonné un changement de stratégie ? 

« L’axe principal des directives concernait l’Iran et le Hezbollah, car nous avions du renseignement indiquant qu’ils étaient plus puissants. Concernant le nord, je t’ai détaillé ce que j’ai fait. Ensuite, durant mes trois premiers mois au poste, une équipe d’experts a travaillé pour fournir une nouvelle évaluation de nos plans vis-à-vis de l’Iran. Cette équipe était dirigée par l’ancien chef d’état-major Shaul Mofaz et comprenait trois autres généraux et deux hauts responsables supplémentaires. Suite à leurs conclusions, j’ai organisé un exercice de simulation de guerre avec l’armée en juillet 2023. À la suite de cela, j’ai donné des instructions, dont le principe était que si, pour une raison quelconque, nous devions affronter l’Iran, la dissuasion ne suffirait pas. Le processus devait se terminer par un affaiblissement de leur puissance et un renforcement de la nôtre. C’était la base de l’opération réussie contre l’Iran le 26 octobre 2024. » 

Les partisans de Netanyahou avancent un argument clé : si la situation était si grave, si des avertissements avaient été donnés, et si ces avertissements n’étaient pas un prétexte politique pour torpiller la réforme judiciaire, pourquoi la posture défensive n’a-t-elle pas changé aux frontières, notamment au nord ? 

« Je t’ai dit pourquoi : quand j’ai pris mes fonctions, le service militaire régulier durait 32 mois au lieu de 36. En arrivant, j’ai mis en place une commission ministérielle sur les réservistes. À ce moment-là, il y avait 60 000 réservistes actifs effectuant plus de 21 jours de service par an – et ils refusaient de payer davantage pour cela. J’ai rencontré dix ministres ; certains m’ont demandé pourquoi nous avions encore besoin d’une armée de réserve. Je parle de l’été 2023. L’armée fonctionne avec les ressources dont elle dispose. S’il y avait eu une menace spécifique, nous nous serions préparés en conséquence. En défense, qui est la posture de base, vous répartissez vos ressources, y compris les effectifs, sur l’ensemble de la période. L’ennemi, lui, peut attaquer à tout moment. Si tu ne sais pas quand, vous faites la meilleure répartition possible. Maintenant, vous ne pouvez pas arrêter l’entraînement pendant un an. Avec les ressources disponibles, l’armée était en état d’alerte maximale, autant qu’il était possible de le maintenir sur plusieurs mois. Voilà l’histoire. » 

Galant semble en colère.

 « Quand tous les services de sécurité disent qu’il existe une menace tangible et croissante, il est impensable de ne pas prendre cela en considération. Présenter le problème comme étant uniquement celui de l’armée et des services de sécurité – alors qu’il s’agit d’un enjeu national de premier ordre – est inacceptable. La preuve la plus claire est que j’ai dû parler publiquement pour que cette réforme soit finalement stoppée. Quand on donne l’alerte, c’est pour deux raisons : premièrement, obtenir des ressources ; deuxièmement, agir pour éliminer la cause de la menace. Aucun de ces deux objectifs n’a été atteint. Aucune ressource n’a été allouée. On n’a pas accordé à cette question (celle des ennemis d’Israël qui détectent une opportunité) l’importance nationale qu’elle méritait. Et pendant que j’essayais de convaincre – et de montrer à quel point cette menace n’était pas prise au sérieux – nous voyions des événements pouvant servir d’étincelle, et nous ne savions pas d’où viendrait la prochaine explosion, notamment avec les montées de Ben Gvir sur le Mont du Temple. Personne ne les arrêtait. » 

Les partisans de Netanyahou diront que le problème était la mauvaise gestion de l’armée face à la crise des réservistes refusant de servir, qualifiée globalement de « désobéissance ». « La main trop douce de Galant, du commandant de l’armée de l’air et du chef d’état-major ». Certains évoquent même la théorie du complot du « massacre de Kaplan ». 

« Ça ne mérite même pas une réponse. Ce pays n’appartient à personne en particulier. Il y a un gouvernement élu. Il y a un Premier ministre. Pour moi, la désertion est un sujet très grave. J’ai combattu ce phénomène toute ma vie. Et j’ai continué à le faire. Toutes ces accusations sont des mensonges. Nous avons traité la question de la désobéissance de manière très stricte à plusieurs moments. Je n’ai pas autorisé d’anciens chefs d’état-major à entrer dans l’armée et à parler, parce qu’ils risquaient d’être perçus comme soutenant la désobéissance. Et au final, le véritable test est celui des faits : quand la guerre a éclaté, le taux de mobilisation est passé de 150 à 200 % les besoins de l’armée. Notre gestion de la crise a été validée le 7 octobre. Tous, sans exception, sont venus, en nombre double. Dans une démocratie, les gens peuvent dire et faire ce qu’ils veulent, mais ils ne peuvent pas utiliser leurs grades et leurs fonctions pour légitimer leurs propos ou forcer un gouvernement élu. D’ailleurs, j’ai remarqué que certains commencent à faire marche arrière. Ils ont compris qu’ils étaient allés trop loin. »

JForum et Ynet

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