Les compagnies aériennes israéliennes n’apprécieront pas

Le paysage du transport aérien en Israël pourrait connaître un tournant majeur. Le ministère des Transports a engagé une réflexion destinée à assouplir les règles encadrant l’activité des compagnies aériennes étrangères sur le marché israélien. Une orientation qui, si elle se concrétise, promet davantage de concurrence et une pression à la baisse sur les prix des billets, mais qui suscite déjà des inquiétudes chez les transporteurs nationaux.

À l’initiative de la ministre des Transports, Miri Regev, l’Autorité de l’aviation civile a été chargée d’examiner une modification de la réglementation actuelle. Parmi les pistes étudiées figure la possibilité d’autoriser les compagnies étrangères à stationner leurs avions en Israël, voire à y établir des bases opérationnelles permanentes. Une telle mesure représenterait une évolution significative, alors que jusqu’à présent, la majorité des transporteurs internationaux opèrent sur la base de rotations depuis leurs hubs étrangers.

L’objectif affiché par le ministère est clair : accroître la concurrence afin de faire baisser le coût du transport aérien pour les consommateurs israéliens. Selon des responsables gouvernementaux, cette ouverture permettrait à un plus grand nombre de compagnies, notamment à bas coûts, d’augmenter la fréquence de leurs vols, de proposer davantage de destinations et d’améliorer la flexibilité de leurs horaires. Le ministère souligne qu’une analyse économique récente met en évidence un impact positif potentiel sur l’économie, en termes de tourisme, d’emplois indirects et de connectivité internationale.

Cette stratégie s’inscrit dans une tendance plus large observée ces dernières années, marquée par l’élargissement progressif du marché aérien israélien et par l’intensification des accords de type « ciel ouvert ». Israël a déjà vu croître la présence de transporteurs low cost européens, modifiant en profondeur les habitudes de voyage et la structure tarifaire du secteur.

Cependant, cette ouverture accrue n’est pas sans risques pour les compagnies israéliennes. Des acteurs historiques comme El Al, Arkia ou Israir pourraient se retrouver confrontés à une concurrence renforcée sur leur propre marché, avec des opérateurs bénéficiant de coûts d’exploitation souvent plus faibles. Conscientes de ces enjeux, les autorités ont indiqué que l’étude en cours inclura une évaluation approfondie de l’impact sur la stabilité financière et opérationnelle des transporteurs nationaux, afin d’éviter un déséquilibre brutal du secteur.

Le ministre des Transports a exigé que les conclusions de cette étude soient présentées dans un délai de trente jours, signe de la volonté du gouvernement d’avancer rapidement. Cette échéance courte traduit aussi l’urgence politique d’agir sur le coût de la vie, dont les prix des billets d’avion constituent un élément sensible pour de nombreux ménages israéliens.

Cette réflexion intervient alors que plusieurs évolutions concrètes confirment l’intérêt croissant des compagnies étrangères pour Israël. Il a récemment été annoncé que Wizz Air s’apprête à établir sa première base à l’aéroport Ben Gourion, avec au moins un appareil stationné sur place dès la fin du mois de mars. La compagnie à bas coût étudie également l’ouverture de nouvelles liaisons internationales au départ de l’aéroport Ramon, près d’Eilat, renforçant ainsi la connectivité du sud du pays.

Si elle est mise en œuvre, la nouvelle politique pourrait transformer durablement le marché aérien israélien, en faisant d’Israël non plus seulement une destination, mais aussi une véritable plateforme régionale pour certains transporteurs étrangers. Reste à savoir comment cet équilibre entre ouverture, concurrence et protection des acteurs locaux sera arbitré dans les semaines à venir.

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