Les combats persistent à As-Sweida malgré l’annonce d’un cessez-le-feu
Alors que le président syrien Ahmed al-Julani a proclamé un cessez-le-feu dans la province d’As-Sweida, les faits sur le terrain démentent toute accalmie. Dans cette région méridionale de la Syrie, les affrontements violents entre membres de la communauté druze et tribus bédouines sunnites continuent, laissant planer de lourds doutes sur la portée réelle de la trêve.
Depuis plusieurs jours, la région est le théâtre d’un conflit à la fois communautaire et politique. Alors que le régime cherche à afficher un retour au calme et à reprendre la main sur une zone sensible, des témoignages locaux ainsi que des images publiées sur les réseaux sociaux dépeignent une réalité toute autre : celle d’une guerre urbaine larvée, de tensions exacerbées et de violences ciblées.
Une guerre sourde malgré l’annonce présidentielle
« Il y a une guerre dans la rue », déclare Suhail, un habitant druze d’As-Sweida, interrogé par la chaîne N12. Selon lui, la population est en état d’alerte permanent, contrairement au tableau rassurant que tente de dessiner Damas. Il ajoute que des groupes affiliés au régime, notamment liés à al-Julani, continuent d’affluer dans la région, attisant les tensions et entretenant l’instabilité.
Les documents partagés en ligne témoignent de scènes particulièrement choquantes : un homme druze menotté, un pistolet sur la tempe, contraint d’humilier sa communauté sous la menace. Dans une autre vidéo, des Bédouins détruisent des symboles religieux druzes et vandalisent des portraits de leurs chefs spirituels. Autant d’images qui démentent la version officielle.
Le gouvernement accuse Israël, appelle au calme
Dans un discours télévisé, le président al-Julani a tenté de reprendre la main en affirmant que les récentes violences résultaient de conflits entre groupes armés incontrôlés et tribus bédouines. Il a souligné l’importance de l’intervention de l’État syrien pour éviter une escalade incontrôlable. Mais dans le même souffle, il a accusé Israël d’avoir aggravé la situation, évoquant des frappes dans le sud du pays et contre des institutions à Damas.
Selon al-Julani, ces actions extérieures menacent la stabilité nationale et compliquent les efforts de médiation entrepris par des acteurs américains et arabes. Pourtant, ces déclarations ne suffisent pas à apaiser les craintes ni à restaurer l’ordre sur le terrain.
Tentatives d’accord et mise en place de mesures concrètes
Malgré ce climat de tension extrême, des efforts sont déployés pour établir un semblant de stabilité. La tribu bédouine du sud syrien a publié un communiqué dans lequel elle affirme accepter les termes du cessez-le-feu émis par la présidence. Elle appelle à la libération des captifs, au retour des déplacés et à l’ouverture d’un dialogue.
Du côté druze, les chefs spirituels ont détaillé les conditions d’application de la trêve :
Le déploiement de postes de contrôle par les forces de sécurité générale à l’extérieur des zones sensibles.
Une interdiction d’accès temporaire aux villages frontaliers afin d’éviter de nouvelles provocations.
Un passage sécurisé pour le départ volontaire des membres restants des tribus bédouines, sous escorte armée.
La création de corridors humanitaires via Busra al-Harir et Busra al-Sham.
Une mise en garde contre tout déplacement hors des limites administratives du district.
Enfin, toute entorse à l’accord entraînera une pleine responsabilité de la partie fautive.
Une paix encore fragile
Malgré la volonté affichée de calmer les tensions, les informations en provenance d’As-Sweida restent confuses et les récits divergents. Entre les efforts officiels de communication du régime, les dénonciations locales, les vidéos virales et les interférences étrangères, il est difficile d’obtenir une vision claire de la situation réelle. Ce qui est certain, en revanche, c’est que le climat demeure explosif. Les engagements verbaux, aussi nombreux soient-ils, peinent à se traduire sur le terrain. Pour l’heure, les habitants d’As-Sweida vivent toujours dans la peur, entre le bruit des armes et l’attente d’un retour à une stabilité encore bien lointaine.
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