les carences de la marine russe en Méditerranée?

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Que reste-t-il de la flotte russe en mer Méditerranée?

Avec le départ de la base navale de Tartous en Syrie, momentanément liée à la chute du régime Assad, la flotte russe de Méditerranée doit faire face à une multitude de difficultés. Une partie de cette flotte demeure bloquée dans le « canal de Syrie ». De la côte espagnole jusqu’en Méditerranée centrale, l’ensemble du dispositif naval semble affecté par d’importantes carences logistiques et opérationnelles.

Un navire russe non loin du port de Tartous, en Syrie, le 17 décembre 2024.

Un navire russe non loin du port de Tartous, en Syrie, le 17 décembre 2024. © Bakr Alkasem / AFP

À l’ouest, le convoi formé par le cargo Ursa Major et le cargo Sparta a subi un grave revers dès la fin décembre, lorsque l’Ursa Major a sombré au large de l’Espagne le 25 décembre, compromettant l’acheminement d’équipements militaires  au profit de la marine russe.

Le Yantar à la manœuvre

En Méditerranée centrale, le « navire océanographique » collecteur de renseignement Yantar (dépendant du GUGI russe : unité conduisant des missions d’espionnage et de sabotage, notamment des câbles sous-marins) paraît poursuivre  ses  missions de ciblage des câbles sous-marins sensibles, comme en témoignent son déploiement prolongé et ses mouvements erratiques, notamment repérés au sud de la Sardaigne et dans le canal de Sicile.

Le Yantar a également été repéré ces derniers jours à l’aplomb de la position où l’Ursa Major a sombré. Le navire avait à son bord une cargaison hors norme : des grues de 370 tonnes, peut-être destinées à équiper un nouveau port d’attache russe dans la région. Il s’agit donc d’une perte importante, d’autant plus que ces grues ont visiblement été achetées à un constructeur originaire d’Europe de l’Ouest.

À ce stade, il n’est possible d’émettre que des hypothèses. L’équipage du Yantar a-t-il cherché à récupérer des matériels sensibles sur l’épave ? A-t-il procédé à des investigations pour déterminer les raisons du naufrage ?

Le Yantar dispose d’équipements sophistiqués (drones et robots sous-marins) lui permettant de conduire un large spectre d’opérations sous-marines. À plusieurs reprises, il a ainsi été signalé à proximité d’installations sensibles dans le canal de Sicile, avant d’effectuer un trajet vers la Méditerranée orientale pour finalement revenir en Méditerranée centrale au début du mois de janvier 2025.

Son mode opératoire suit un schéma récurrent, consistant à adopter une position stationnaire à faible distance de câbles sous-marins pour mener ce qui semble être des activités de cartographie.

Tir de semonce ?

La fumée de tirs de semonce pour obliger le Yantar à se dérouter ?

La fumée de tirs de semonce pour obliger le Yantar à se dérouter ? © Document exclusif via RFI

Des militaires de haut rang ont précisé à RFI que le 9 janvier, alors qu’il opérait au sud de la Sardaigne, un incident visuellement identifiable – caractérisé par une brusque émission de fumée à quelques longueurs devant son étrave – l’a forcé à s’éloigner de la zone. La présence simultanée d’aéronefs militaires alliés à proximité du bâtiment incite à penser qu’il s’agissait d’une manœuvre d’intimidation destinée à contraindre le Yantar à cesser ses relevés. 

Toujours-est-il que le Yantar semble avoir franchi le détroit de Gibraltar, direction l’Atlantique, en fin de semaine dernière.

Des difficultés au large de la Syrie

L’impasse la plus visible demeure celle de Tartous, où se concentrent dans le canal de Syrie plusieurs navires amphibies, dont l’Ivan Gren et l’Aleksandr Otrakovsky, ainsi que les cargos Sparta et Sparta II, le Baltic Leader et le tanker Skobelev. Les navires logistiques sont dans l’incapacité de charger les centaines de containers et de véhicules terrestres  qui ont pu rejoindre l’ancienne base navale russe après la chute de Bachar el-Assad. À ce jour, les nouvelles autorités syriennes ne se sont pas publiquement prononcées sur les conditions d’accès aux installations portuaires de Tartous. Sans l’autorisation des nouveaux maîtres de Damas, la perspective d’un désengagement militaire russe ordonné semble hors de portée.

Dans ce même secteur, les défaillances techniques s’accumulent. Le dessalinisateur de l’Aleksandr Otrakovsky serait en panne, tandis que les réservoirs de carburant de ce navire subissent des fuites. Les avaries se multiplient au fil des jours passés au mouillage, sans bénéficier des infrastructures indispensables à l’entretien de bâtiments militaires.

La perte du port de Tartous rend nécessaire les escales de ravitaillement dans différents ports de la région, notamment en Égypte et en Libye.

Cette logistique éclatée met en lumière  la fragilité de la position russe. Privée de son sanctuaire syrien, la marine russe doit désormais se disperser et composer avec plusieurs points d’appuis provisoires.

Défaillances logistiques en chaîne

Réorganisation de la chaîne russe de ravitaillement en pétrole indispensable pour mener à bien le désengagement de Syrie.

Réorganisation de la chaîne russe de ravitaillement en pétrole indispensable pour mener à bien le désengagement de Syrie. © Document exclusif via RFI

Les capacités maritimes russes en Méditerranée font face à des problèmes de ravitaillement. Après une escale en Égypte, le bâtiment de soutien Vyazma, qui devait approvisionner les différentes unités russes en carburant et vivres, ne disposerait plus de suffisamment de stocks pour soutenir le groupe naval, indiquent des militaires français.

Les bâtiments russes déployés en Méditerranée orientale risquent également de pâtir d’une attente prolongée. Il faut noter que la durée des rotations pour rejoindre la Russie (un aller-retour pouvant aller jusqu’à sept semaines) complique l’acheminement du ravitaillement en vivres et carburant.

Une absence de soutien sous-marin

Depuis quelques semaines, la Russie ne dispose plus d’aucune capacité sous-marine en Méditerranée depuis le retrait du sous-marin Novorossyisk de classe Kilo, contraint de quitter Tartous le 8 décembre dernier en raison du manque de soutien technique à quai. Après un déploiement de cent seize jours, ce sous-marin s’est vu contraint de transiter en surface afin de rejoindre son port d’attache en franchissant le détroit de Gibraltar.

En raison de l’absence de navire remorqueur spécialisé dans la zone, le Novorossyisk, début janvier, a dû transiter en surface le long des côtes atlantiques françaises, sous la vigilance constante des marines occidentales,  avant de regagner la mer Baltique.

La Russie a par ailleurs tenté de déployer le Krasnodar, un autre sous-marin de classe Kilo, depuis la mer Baltique au début du mois de janvier. Mais ce dernier s’est retrouvé bloqué dans les détroits danois à la suite d’un incident technique sur son bâtiment d’escorte, le navire-atelier Sergey Balk. Malgré l’arrivée de navires de soutien et de remorqueurs dépêchés depuis Kaliningrad, le groupe naval n’a pu reprendre sa progression, et le Krasnodar a finalement fait demi-tour aux côtés de la frégate Soobrazitelniy et du remorqueur Evgeniy Churov le 8 janvier dernier.

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. © Document exclusif via RFI

La marine russe semble donc ne plus parvenir totalement ou au prix de grandes difficultés à articuler une présence cohérente de sa flotte dans la très stratégique mer Méditerranée.

JForum.fr avec RFi

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