L’embuscade qui a failli tourner au désastre

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L’embuscade qui a failli tourner au désastre
Khan Younès, l’alerte renseignement

À Khan Younès, une attaque coordonnée de combattants du Hamas a frôlé la catastrophe pour l’armée israélienne avant d’être enrayée par la réaction de la brigade Kfir. L’épisode, survenu en plein jour, éclaire un double visage du terrain : une guérilla tenace, structurée et inventive côté Hamas ; une bravoure tactique côté troupes au contact, contrastant avec des angles morts persistants du renseignement.

Selon les estimations évoquées, seize assaillants ont lancé un raid simultané contre une position du bataillon Nachshon (brigade Kfir). L’attaque s’est appuyée sur un réseau de tunnels non encore localisé par la 36e division, point de fragilité d’autant plus préoccupant que la zone devait être déminée et cartographiée. Les terroristes ont manifestement collecté des informations préalables et convergé depuis plusieurs accès, sous un commandement et un contrôle opérationnel efficaces — un mode opératoire déjà observé dans le secteur.

Car à Khan Younès, le Hamas conserve une infrastructure aguerrie qui défie les forces israéliennes. Les derniers mois ont été marqués par une série d’actions asymétriques : engins explosifs improvisés, dispositifs placés en hauteur pour atteindre les commandants exposés en tourelle, raids contre des véhicules blindés. On se souvient de l’attaque contre un Puma du 605e bataillon du génie de combat — qui a coûté la vie à un officier et à six soldats —, ou encore de l’attaque contre un véhicule Tigre de la patrouille Golani, où un officier et un soldat ont été tués. Dans cette guerre d’usure, l’initiative revient souvent à ceux qui choisissent le moment et le terrain.

L’incident du jour se distingue par l’ampleur de la menace et la profondeur de l’intrusion : une « vague » d’assaillants franchissant les défenses d’un poste militaire, via des pénétrations multiples, aurait dû déclencher une alerte en amont. Or, ce maillon a cédé. Les critiques se concentrent sur une faiblesse conjointe du Shin Bet et du renseignement militaire, accusés de n’avoir ni couvert les intentions adverses ni signalé l’imminence de l’assaut. Le parallèle avec la nuit du 6 au 7 octobre est explicite dans les reproches : ce qui devait être corrigé ne saurait se répéter.

Si l’échec d’anticipation est patent, le volet tactique a, lui, déjoué le pire. Prévenus par leur propre vigilance, les combattants de Kfir ont engagé un combat rapproché, neutralisant au moins dix assaillants et en blessant d’autres. Leur détermination, improvisation et maîtrise du feu ont évité un bilan autrement plus lourd. Ce contraste — performance au sol, carence en amont — résume la leçon du jour : sans capteur, l’épée frappe à l’aveugle.

Les suites devraient être immédiates : enquêtes croisées de Tsahal et des services de défense, audit des capteurs ISR (renseignement, surveillance, reconnaissance), remaillage des sources humaines, actualisation des cartes de tunnels et des procédures de contre-guérilla. La 36e division, au cœur du dispositif, devra conjuguer contrôle de zone, fouille méthodique et neutralisation des axes souterrains — faute de quoi, l’initiative restera du côté adverse.

L’avertissement vaut plus largement pour les opérations à Gaza : l’environnement urbain, densément miné et multi-niveaux (surface, sous-sol), démultiplie la complexité. Les brigades terroristes, bien que réduites, conservent des noyaux entraînés et équipés. Leur stratégie est claire : traquer les vulnérabilités, provoquer l’isolement d’unités, tenter enlèvements et coups d’éclat destinés à embarrasser l’armée. Dans cet échiquier, le renseignement n’est pas un luxe mais l’ossature même de la manœuvre. Laisser deux opérateurs adverses se réunir, planifier, se déployer sans détection — surtout lorsque « des dizaines » d’éléments sont impliqués — constitue une faille systémique.

Derrière les chiffres et les organigrammes, l’enjeu reste humain : des équipages en tourelle, des fantassins en progression, des sapeurs à l’ouvrage. Leur sécurité dépend d’une chaîne qui commence bien en amont du premier coup de feu. C’est pourquoi l’appel à un « remaniement » du renseignement vise moins une rotation de postes qu’un changement de posture : capteurs plus proches du terrain, boucles de décision raccourcies, diffusion rapide de l’alerte jusqu’au dernier trinôme.

L’embuscade manquée de Khan Younès n’est pas seulement un récit d’héroïsme défensif ; c’est un signal d’alarme institutionnel. Elle rappelle que dans une guerre où l’adversaire choisit l’ombre, la supériorité ne se décrète pas : elle se construit, patrouille après patrouille, écoute après écoute, carte après carte. Les soldats ont tenu. Aux services de renseignement, désormais, de leur rendre la profondeur de champ qu’ils méritent.

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