Évolution ou simple profanation d’un lieu symbolique
Un vaste projet touristique vise à transformer le mont Sinaï.
L’Égypte avance un plan de développement à grande échelle dans la vallée d’Al-Raha. Un ancien monastère fait face à une décision qui exproprie ses terres . La tribu Jabaliya évacuée de ses maisons et de ses tombeaux. L’UNESCO et les organisations de conservation mettent en garde contre des dommages irréversibles au site du patrimoine
Le mont Sinaï, traditionnellement identifié comme le lieu du don de la Torah, est au cœur d’une controverse internationale suite au projet de « Grande Révélation » promu par le gouvernement égyptien. Ce projet prévoit la construction d’hôtels, de villas, d’un centre d’accueil des visiteurs et d’un téléphérique, ainsi que l’agrandissement de l’aéroport local. Si Le Caire qualifie le projet de « cadeau au monde », les mises en garde se multiplient quant aux graves dommages causés au monastère Sainte-Catherine et à la communauté bédouine locale. Selon un reportage de Yolanda Canal pour BBC News, le débat autour du projet mêle des intérêts économiques, religieux et politiques.
Le monastère, fondé au VIe siècle et considéré comme le plus ancien monastère chrétien en activité au monde, est actuellement au cœur d’un litige juridique. Une décision égyptienne a déterminé que le terrain sur lequel il se dresse appartient à l’État et que le monastère est uniquement autorisé à l’utiliser. La Grèce a vivement protesté, et l’Église grecque orthodoxe a affirmé qu’il s’agissait d’une expropriation d’un bien spirituel de premier ordre. Suite à des pressions diplomatiques, une déclaration conjointe a été publiée par l’Égypte et la Grèce pour préserver l’identité du monastère, mais la décision est restée en vigueur.
Parallèlement, la tribu Jabalia, définie comme « les gardiens du monastère », a été touchée. Des maisons et des camps écologiques ont été détruits, et certaines familles ont été contraintes de quitter le cimetière local pour un nouveau parking. Ben Hoefler, auteur britannique ayant étudié les tribus du Sinaï, met en garde contre le fait d’« imposer un mode de vie étranger à une communauté qui n’a pas donné son consentement ».
Les organisations de conservation ont tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises : l’UNESCO a exigé l’arrêt des travaux en 2023 jusqu’à ce que les impacts soient évalués, et l’organisation World Heritage Watch a demandé en juillet dernier que le complexe soit classé comme site en péril. Le roi Charles de Grande-Bretagne, mécène de la Fondation Santa Catarina, a également appelé à la préservation du site comme un « trésor spirituel pour les générations futures ».
Les critiques du projet reconnaissent les parallèles avec les stations balnéaires de la mer Rouge, où les Bédouins ont été chassés de leurs terres dans les années 1980. La crainte est qu’ici aussi, l’histoire soit remplacée par le commerce et que le paysage désertique soit inondé d’hôtels et de centres commerciaux.
C’est une manière de pratiquer le négationnisme et de s’en prendre au patrimoine de l’humanité entière, au même titre que les dégâts causés sur le Mont du Temple par la construction de mosquées visant à insulter les cultures précédentes et à nier leur existence. Cela fait partie de la falsification de l’histoire, la culture musulmane étant, selon cette vision, consubstantielle au déni des autres cultures.
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