Le voyage du pape inquiète l’état-major Israélien

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Le voyage du pape inquiète l’état-major Israélien

Le jour où le pape Léon XIV a foulé le tarmac d’Ankara, ce n’est pas seulement au Vatican que les regards se sont tournés vers la Turquie et le Liban. À Tel-Aviv aussi, la visite du premier pape américain a fait l’objet d’un point à l’état-major : pour Israël, ce voyage au slogan « Heureux les artisans de paix » se déroule au cœur d’un paysage stratégique inflammable.

Pour son premier déplacement hors d’Italie, Léon XIV a délibérément choisi deux pays majoritairement musulmans, sans passer par Jérusalem. En Turquie, il participe aux célébrations du 1700ᵉ anniversaire du concile de Nicée, réuni en 325 à Iznik, événement fondateur qui a posé les bases du Credo chrétien et de la doctrine trinitaire. Le pape doit y apparaître aux côtés du patriarche œcuménique Bartholomée, dans un geste fort en faveur de l’unité des Églises. Il visitera également Istanbul et ses lieux symboliques, rencontrant des responsables musulmans et chrétiens à la recherche de terrains d’entente.(AP News)

À partir du 30 novembre, le centre de gravité de ce voyage se déplacera vers le Liban, pays mosaïque où chrétiens, sunnites, chiites et druzes cohabitent dans un équilibre toujours fragile. Léon XIV sera le quatrième pape à se rendre dans la « terre des cèdres », après Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI. Il doit y rencontrer les autorités, prier au port de Beyrouth en mémoire de l’explosion de 2020 et s’adresser aux jeunes Libanais, frappés par la crise économique, l’instabilité politique et les répliques des guerres voisines.(Le Monde.fr)

Mais pendant que le pape parle de paix, les militaires israéliens parlent cartes, radars et scénarios. La visite au Liban intervient quelques jours après une frappe israélienne qui a coûté la vie au chef d’état-major de la branche armée du Hezbollah, Haytham Ali Tabatabai, à Beyrouth. Depuis, l’armée israélienne a repris ses attaques sur le sud du pays, rompant une accalmie relative. L’état-major examine comment la présence du pape, très médiatisée, pourrait être utilisée par le Hezbollah sur le plan symbolique, et quelles contraintes opérationnelles ce déplacement impose à Tsahal.(Al Jazeera)

C’est dans ce contexte que le ministre de la Défense, Yisrael Katz, a réuni aujourd’hui les principaux responsables militaires pour une séance de travail dédiée à la situation au Liban « à la lumière de la visite du pape et de celle de l’envoyée spéciale américaine Morgan Ortagus ». Cette diplomate, chargée par l’administration Trump du dossier Moyen-Orient, suit de près l’application du cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, notamment le démantèlement des dépôts d’armes chiites au sud du Litani. Sa présence au Liban pendant la tournée papale donne à ces jours un relief diplomatique supplémentaire.(usun.usmission.gov)

La politique intérieure israélienne n’est jamais très loin. Katz et le chef d’état-major Zamir sont en conflit ouvert à propos de l’enquête sur la catastrophe du 7 octobre. Pourtant, avant la réunion consacrée au Liban, les deux hommes se sont retrouvés côte à côte lors de la cérémonie de nomination du nouveau procureur militaire, Itai Ofir. Serrage de main, sourires de circonstance : un signal de détente, au moins formelle, alors que l’appareil sécuritaire doit afficher un front uni face à une frontière nord à nouveau sous tension.

Au Vatican, la dimension américaine de ce pontificat pèse lourd. Léon XIV est le premier pape né aux États-Unis, et il bénéficie d’une admiration appuyée du président Donald Trump, qui se plaît à le présenter comme un allié dans la défense des chrétiens d’Orient. Après le bombardement, par l’armée israélienne, d’une église catholique à Gaza, Trump avait personnellement appelé Benyamin Netanyahou ; ce dernier avait reconnu une « erreur » et présenté ses excuses. Dans la foulée, l’ambassadeur américain Mike Huckabee s’était rendu au village palestinien chrétien de Taybeh pour condamner publiquement l’attaque d’une église par des émeutiers israéliens et afficher sa solidarité avec les habitants.(il.usembassy.gov)

Entre Ankara, Beyrouth, Jérusalem et Washington, le voyage de Léon XIV ressemble à un exercice d’équilibrisme diplomatique : parler au monde musulman sans froisser Israël, soutenir les chrétiens d’Orient sans se transformer en acteur partisan, plaider la paix alors que les drones bourdonnent encore au-dessus du sud-Liban. Pendant quelques jours, les états-majors militaires et les chancelleries devront composer avec un acteur inhabituel : un pape américain qui, depuis la Méditerranée orientale, tente de rappeler que la géopolitique n’a pas totalement le monopole du ciel.

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