Le soupçon proscrit: liturgie d’un monde crépusculaire

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Le soupçon proscrit: liturgie d’un monde crépusculaire

Un billet de Charles Rojzman*

Il suffit, aujourd’hui, de lever un sourcil devant une image, de laisser tomber une parole de doute, pour être jeté dans l’enfer symbolique de l’« extrême droite ».

Non pas celle de l’histoire, avec ses chemises noires ou ses régimes criminels, mais une extrême droite spectrale, imaginaire, forgée par les prêtres d’une religion nouvelle: la religion des victimes sacrées.

Voyez Gaza. Quiconque ose dire que les photographies d’enfants squelettiques à côté de mères obèses aux joues rebondies ne suffisent pas à prouver une famine générale est aussitôt jeté au bûcher médiatique. Celui qui rappelle que le Hamas fabrique de la mort avec ses boucliers humains est voué aux gémonies. Celui qui observe que les mots « génocide » ou « extermination » sont des hyperboles sans pertinence juridique se retrouve classé, au mieux, parmi les indifférents, au pire, parmi les complices.

Ainsi s’abolit le droit même de regarder, d’interroger, de discerner. On ne voit plus. On croit.

Le grand classement

Il en va de même pour tout ce qui touche aux plaies de notre temps.

• Dire que l’immigration massive bouleverse la société française : extrême droite.

• Constater l’ensauvagement des villes, l’impossibilité de vivre dans certains quartiers : extrême droite.

• Exiger que la loi soit appliquée, que les criminels soient punis : extrême droite.

Même logique sur le plan international :

• Défendre le droit d’Israël à exister : extrême droite israélienne.

• Douter des fables de famine totale à Gaza : extrême droite sioniste.

• Évoquer le rôle de l’Iran dans l’embrasement du Proche-Orient : extrême droite américaine, « néo-conservatrice ».

Tout se résume à un réflexe pavlovien : les prêtres de l’indignation désignent, classent, excommunient.

Une guerre civile dans les têtes

Ce n’est plus la politique, mais la liturgie d’une démocratie mourante. Les mots ne servent plus à discuter, mais à exclure. La nuance n’est plus qu’un vice. La vérité n’est plus une recherche, mais un catéchisme. On ne demande pas : « Que s’est-il passé ? Quelles sont les preuves ? » On exige : « De quel camp es-tu ? »

Ainsi se fabrique une guerre civile mentale, plus redoutable que celle des armes, car elle ronge les consciences. Dans ce monde de l’amalgame, l’esprit critique devient un blasphème. Douter, c’est trahir. Examiner, c’est nier. Demander des preuves, c’est se compromettre avec l’ennemi.

La décadence occidentale

Tout cela ne dit pas seulement la violence des passions politiques. Cela dit la fatigue spirituelle de l’Occident. Cet Occident vidé de Dieu, qui n’a plus que les idoles de l’humanitaire et les cultes de substitution. Cet Occident qui transforme chaque conflit en un Golgotha médiatique, chaque enfant en icône, chaque ruine en relique.

Mais ce monde de larmes et d’anathèmes n’a plus de colonne vertébrale. Il ne croit pas à la vérité, seulement à l’émotion. Il n’aime pas la justice, seulement la mise en scène de la souffrance. Et il se condamne ainsi à errer dans le simulacre, à n’être plus qu’un théâtre d’ombres où l’on rejoue, jusqu’à la nausée, la comédie du Bien contre le Mal.

Le doute comme crime

Il n’y a pas de salut dans ce monde sans nuance. Celui qui doute devient le pestiféré moderne, le réprouvé, celui qui porte la marque maudite de l’extrême droite. Non pas parce qu’il rêve de dictature ou de haine raciale, mais parce qu’il refuse l’aveuglement.

Le doute, jadis vertu cardinale de l’esprit occidental, est devenu un crime. Le soupçon rationnel, l’examen, la recherche d’une vérité qui ne soit pas seulement le fruit d’une propagande, sont bannis. On ne discute pas avec celui qui doute : on le désigne, on l’expulse, on le réduit au silence.

Épilogue

Il reste alors cette évidence tragique : l’Occident ne se bat plus contre ses ennemis, mais contre lui-même. Son vrai combat n’est pas à Gaza, ni dans les banlieues, ni face à ses frontières. Il est dans sa propre incapacité à tolérer le doute, à accepter le conflit comme épreuve de vérité.

Un monde où l’on ne peut plus dire qu’une mère obèse contredit l’image d’un enfant famélique est un monde qui a déjà choisi la cécité. Un monde qui a perdu le droit de voir.

*Essayiste et fondateur d’une approche et d’une école de psychologie politique clinique,  » la Thérapie sociale », exercée en France et dans de nombreux pays en prévention ou en réconciliation de violences individuelles et collectives.

Source: causeur.fr
Le soupçon proscrit: liturgie d’un monde crépusculaireLe député islamo-gauchiste Aymeric Caron photographié à Paris, le 15 mai 2025 Cesar © VILETTE/OLA NEWS/SIPA

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