Le Salvador propose une solution inédite : accueillir immigrants et criminels

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Le Salvador propose aux États-Unis une solution inédite : accueillir immigrants et criminels

Dans une initiative qualifiée de « sans précédent », le président salvadorien Nayib Bukele a proposé aux États-Unis d’accueillir des immigrants expulsés ainsi que des criminels dangereux, y compris des citoyens américains. Cette proposition, faite lors d’une réunion avec le secrétaire d’État américain Marco Rubio, s’inscrit dans le cadre des efforts de l’administration Trump pour lutter contre l’immigration illégale et externaliser une partie de son système pénitentiaire.

Une offre audacieuse pour résoudre deux problèmes
Le Salvador, petit pays d’Amérique centrale, s’est porté volontaire pour héberger des immigrants illégaux expulsés des États-Unis, ainsi que des criminels condamnés pour des crimes graves. Nayib Bukele a expliqué que son pays disposait de prisons modernes et sécurisées, construites dans le cadre d’une vaste campagne de lutte contre la criminalité qui a transformé le Salvador, autrefois considéré comme l’un des pays les plus dangereux au monde, en un État relativement sûr.

« Tout immigrant illégal aux États-Unis qui est un criminel dangereux, qu’il soit membre des gangs MS-13, Tran de Agua ou d’autres, nous pouvons les accueillir dans nos prisons », a déclaré Bukele. Il a également précisé que le Salvador serait prêt à accueillir des citoyens américains condamnés pour des crimes graves, une proposition qui soulève des questions juridiques complexes, car la loi américaine interdit l’expulsion de ses propres citoyens.

Un système pénitentiaire présenté comme un modèle
Au cours des dernières années, le Salvador a mené une guerre sans merci contre les gangs violents, emprisonnant plus de 80 000 personnes et décrétant un état d’urgence prolongé. Bukele a souvent vanté les mérites de son système pénitentiaire, qu’il décrit comme l’un des plus efficaces et des plus sécurisés au monde. Les prisons salvadoriennes, bien que critiquées pour leurs conditions de détention jugées « dures et dangereuses » par le département d’État américain, sont présentées comme un outil clé dans la réduction spectaculaire de la criminalité.

En 2024, le Salvador a enregistré seulement 114 meurtres, soit un taux de 1,9 meurtre pour 100 000 habitants, un chiffre bien en deçà des 6 656 meurtres recensés en 2015. Bukele a affirmé que ces résultats font de son pays « le plus sûr de l’hémisphère occidental ».

Une proposition rentable pour les deux parties
Bukele a souligné que cette collaboration serait financièrement avantageuse pour les deux pays. « Nous facturerons des frais qui seront relativement bas pour les États-Unis, mais substantiels pour nous, et cela rendra nos prisons rentables », a-t-il déclaré. Cette offre s’inscrit dans une stratégie plus large visant à renforcer les relations économiques et politiques entre le Salvador et les États-Unis.

Le président salvadorien, connu pour son admiration envers Donald Trump, a également évoqué la possibilité d’externaliser une partie du système pénitentiaire américain, une idée qui pourrait séduire une administration cherchant à réduire les coûts liés à l’incarcération tout en durcissant sa politique migratoire.

Un leader controversé mais influent
Nayib Bukele, âgé de 43 ans, est l’une des figures les plus controversées et les plus influentes d’Amérique latine. Soutenu par une majorité écrasante au Parlement, il a mené une série de réformes audacieuses, notamment en faisant du Bitcoin la monnaie officielle du Salvador, une décision saluée par Trump. Son pouvoir quasi absolu lui a permis de déclarer l’état d’urgence pendant près de trois ans et de promouvoir une « mini-révolution juridique », influençant même la nomination des juges de la Cour suprême.

En 2024, Bukele a été réélu pour un second mandat, une première dans l’histoire du Salvador, grâce à des ajustements constitutionnels controversés. Son leadership autoritaire et ses méthodes peu orthodoxes ont suscité des critiques, mais aussi des louanges pour les résultats tangibles en matière de sécurité.

Une proposition qui divise
Si l’offre de Bukele a été saluée par certains comme une solution pragmatique aux problèmes d’immigration et de surpopulation carcérale aux États-Unis, elle a également soulevé des inquiétudes. Les conditions de détention dans les prisons salvadoriennes, décrites comme extrêmement rigoureuses, posent des questions éthiques. Par ailleurs, l’idée d’expulser des citoyens américains, même criminels, vers un pays tiers reste juridiquement et moralement problématique.

Alors que les négociations se poursuivent, cette proposition inédite pourrait marquer un tournant dans les relations entre les États-Unis et le Salvador, tout en ouvrant un débat complexe sur les limites de la coopération internationale en matière de justice et d’immigration.

La proposition audacieuse du Salvador d’accueillir des criminels dangereux et des immigrants expulsés ne manquerait pas d’intéresser d’autres pays confrontés à des défis similaires en matière de sécurité et de gestion pénitentiaire. En France, où le manque chronique de places en prison empêche de nombreux condamnés d’exécuter leur peine, une telle offre pourrait apparaître comme une solution pragmatique pour désengorger les établissements pénitentiaires tout en assurant que les criminels purgent leur sentence dans des conditions sécurisées.

De même, en Israël, où les prisons sécuritaires sont souvent surpeuplées en raison du nombre élevé de détenus liés à des affaires de terrorisme ou de crimes graves, l’idée de transférer certains prisonniers vers des installations modernes et contrôlées au Salvador pourrait sembler attractive. Cela permettrait non seulement de réduire la pression sur le système pénitentiaire israélien, mais aussi de renforcer la sécurité intérieure en éloignant les individus les plus dangereux.

Cependant, une telle collaboration soulève des questions éthiques, juridiques et pratiques. Les conditions de détention au Salvador, bien que présentées comme efficaces, sont critiquées pour leur dureté. Par ailleurs, l’externalisation de la justice pose des dilemmes moraux, notamment en ce qui concerne les droits des détenus et la souveraineté des États.

En définitive, si l’offre de Nayib Bukele ouvre des perspectives intéressantes pour des pays comme la France et Israël, elle nécessite une réflexion approfondie sur les implications à long terme. Une coopération internationale en matière de gestion pénitentiaire pourrait être envisageable, mais elle devra s’accompagner de garanties solides en termes de droits humains et de transparence pour être véritablement bénéfique à toutes les parties concernées.

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