Le RN aux portes du pouvoir avec un large soutien

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Le RN aux portes du pouvoir : la semaine du basculement.

Le RN a appris de ses échecs successifs en se corrigeant avec patience et obstination. On ne peut pas en dire de même des autres partis, qui persévèrent dans les erreurs du passé. Le RN arrive même à ramener à lui le Medef et plus encore la communauté Juive de France, c’est dire le chemin parcouru. Quant à Macron, ce n’est pas compliqué, il a fait le chemin inverse sans être conscient de ses erreurs.

En une semaine, tout a basculé. Sarkozy, Thierry Breton, le Medef : les élites se résignent à voir le RN gouverner. Tandis que Marine Le Pen et Jordan Bardella affûtent leur stratégie pour Matignon, la normalisation paraît achevée. Le compte à rebours du pouvoir est enclenché.

Le mètre quatre-vingt-treize de Jordan Bardella franchit les portes rouges du 77, rue de Miromesnil. Pas de caméras, pas de flashs : un tête-à-tête discret avec celui qu’il appelle en privé « le président », Nicolas Sarkozy. Une heure d’entretien, poli et cordial, en ce début du mois de juillet. Hier inimaginable, aujourd’hui presque anodin : l’ancien chef de l’État reçoit, à sa demande, le patron du premier parti de France, compagnon de route de Marine Le Pen.

Deux mois plus tard, Sarkozy s’invite dans la crise politique en distillant ses petites bombes dans Le Figaro : « Je suis persuadé qu’il n’y aura pas d’autre solution que la dissolution », joignant ainsi sa voix à celle du RN. Avant de briser définitivement le fameux cordon sanitaire établi par Jacques Chirac en 1988 pour barrer toute alliance avec le parti lepéniste : « Le Rassemblement national est un parti qui a le droit de se présenter aux élections. Il peut donc aussi les gagner si c’est le choix des Français ! À mes yeux, ils appartiennent à l’arc républicain. »

En une phrase, l’ex-chef de l’État valide l’idée d’une alliance entre les Républicains et le Rassemblement national. Certains ministres LR s’étranglent : « Si la digue saute, le gros avalera le petit. Et le petit c’est nous », se désole cette grande élue. Un autre décrypte : « Sarkozy joue gagnant, il est persuadé que le RN arrivera au pouvoir dans les prochaines années, si ce n’est pas dans les prochains mois. »

De fait, dans la foulée de l’interview choc de « Sarko », cette semaine, plusieurs prises de position illustrent le dénouement de la stratégie de normalisation du parti de Le Pen, qui accède à la dernière marche avant l’exercice du pouvoir : celle de la crédibilité.

L’ancien commissaire européen Thierry Breton, sur le plateau de « C dans l’air », déclare sans ciller : « Dans la Ve République, il y a une troisième voie : appeler au gouvernement le responsable du premier parti à l’Assemblée – le RN. » Ajoutant un argument massivement formulé par les électeurs tentés par le RN : « On a déjà essayé les autres et on a vu le résultat… » Qu’un ancien ministre de l’Économie – de Jacques Chirac – et figure des institutions européennes légitimise le RN au pouvoir illustre la conversion des élites.

Les lignes, cette semaine, ont particulièrement bougé

Troisième caution de crédibilité apportée cette semaine : la voix du Medef. En l’occurrence celle de son président, qui cite Bardella parmi « les plus conscients des périls économiques » du pays. Une déclaration accommodante qui reflète un mouvement de fond. En 2022, Marine Le Pen était majoritaire chez les petits patrons et artisans face à Emmanuel Macron (51 %). Les grands patrons sont sans doute plus difficiles à convaincre, mais le RN s’y emploie. On se souvient de Jordan Bardella dialoguant avec les grands capitaines d’industrie de l’armement au salon Eurosatory. Les députés Jean-Philippe Tanguy et Sébastien Chenu tissent des réseaux dans les milieux pro-business… Le résultat semble positif à la lumière des propos de Patrick Martin. Les lignes, cette semaine, ont spectaculairement bougé, observe un cadre du parti : « Voir Sarkozy ou le Medef reconnaître notre rôle, c’est la preuve que la normalisation est achevée. Mais ce n’est pas nous qui avons changé, ce sont les autres qui se rapprochent. »

Ironie de l’histoire, Emmanuel Macron, qui s’était fait élire sur la promesse de faire baisser le vote RN en France, a lui-même contribué à le faire grandir. Lors des rencontres de Saint-Denis en septembre 2023, le président s’était laissé séduire par « Jordan », seul chef de parti qu’à l’époque, dans leurs échanges avec les journalistes, les conseillers du président désignaient par son seul prénom. « Il est sérieux », « Avec lui on peut travailler », confiait-on à l’Élysée, pensant ainsi piquer les autres chefs de parti, sans prendre garde à la récupération de leurs propos au service de la crédibilité de Jordan Bardella.

En fait d’assécher le RN, Emmanuel Macron cherche aujourd’hui à l’empêcher d’entrer à Matignon en écartant une dissolution qui rendrait possible une majorité lepéniste à l’Assemblée. Le RN, lui, s’accroche à ce scénario. Est-il prêt à gouverner ? « On ne s’extasie pas devant un climat devenu plus favorable : on se prépare, assure l’entourage de Marine Le Pen. La victoire symbolique ne nous suffit pas, ce que nous visons, c’est l’exercice du pouvoir. » Après le fiasco du « plan Matignon » qui était censé écarter les candidatures fantasques ou sulfureuses aux législatives de 2024, le parti a fait le ménage. Le 1er septembre, « un bureau de campagne des législatives », sorte d’état-major électoral permanent, a été installé au siège du RN. Sa mission : professionnaliser la sélection et la formation des futurs élus. Chaque prétendant est auditionné quinze minutes devant un jury de douze personnes. En cas de doute, l’arbitrage revient au duo Le Pen-Bardella. Selon nos informations, 90 % des candidatures sont déjà bouclées.

Les deux figures du mouvement feront leur rentrée le 14 septembre à Bordeaux, six jours après la probable chute du gouvernement, sur une terre landaise où le RN progresse chaque année. Pour une réunion aux allures de meeting d’ouverture d’une campagne électorale.

Depuis l’annonce par François Bayrou de la tenue d’un vote de confiance pour la rentrée parlementaire, le 8 septembre, différents scénarios ont été évoqués : dans le cas où le résultat du vote serait négatif, l’un d’eux serait la dissolution par Emmanuel Macron de l’Assemblée nationale. Dans ce contexte, Ifop pour le Figaro a interrogé les Français sur leurs intentions de vote, si de nouvelles élections législatives devaient avoir lieu.

En cas de dissolution, le RN et ses alliés seraient en tête (entre 32 et 33% des intentions de vote selon l’hypothèse), avec un léger recul par rapport à juin 2024 (35%). Ils conserveraient une grande partie de leur base électorale : 85% de leurs électeurs de juin 2024 réitèreraient leur vote. Véritables « attrape-tout », Le RN et leurs alliés séduiraient 34% des actifs, 33% des retraités, 42% des employés, 40% des ouvriers et 28% des cadres et professions intellectuelles supérieures.

Reconquête, de son côté, rassemblerait entre 3,5% et 4% des intentions de vote.

Dans l’hypothèse d’une nouvelle union des gauches comme en 2024, le NFP serait crédité de 25% des intentions de vote. L’alliance des gauches serait alors en tête notamment auprès des cadres et professions intellectuelles supérieures (31%), des professions intermédiaires (34%) et des jeunes (39%).

Dans l’hypothèse où la gauche serait divisée en deux blocs, LFI et les Ecologistes obtiendraient 11% des intentions de vote contre 15% pour l’alliance PS, PCF et Place publique ; le bloc central recueillerait 15% des intentions de vote : un rapport de force électoral plutôt similaire aux élections européennes de 2024.

Le bloc central, en obtenant 15% des intentions de vote, enregistrerait une baisse de 3 points par rapport à juin 2024. Ce recul s’expliquerait notamment par un report des électeurs du bloc central pour LR, crédités, eux, de 13% des intentions de vote – une augmentation de 4 points en comparaison à juin 2024 -.

Le JDD et l’IFOP

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