Le nouveau Moyen-Orient et la méthode Trump

Le nouveau Moyen-Orient et la méthode Trump

par Amir Taheri

Trump a prononcé un discours fluide au parlement israélien, remarquable par sa franchise en montrant la véritable image de la situation aux Israéliens, tout en affirmant son engagement indéfectible en faveur de leur sécurité.

Existe-t-il une méthode Trump pour gérer les questions de politique étrangère ? Je le pense. Presque tous les présidents américains depuis Harry Truman ont fini par revendiquer leur propre « doctrine ». Aucune de ces doctrines n’a eu d’impact majeur sur le cours de l’histoire. Il est peu probable que Trump figure dans cette galerie de portraits.

Cependant, je pense qu’il peut revendiquer une méthode qui pourrait aider d’autres personnes, aux États-Unis et ailleurs. Il a dû l’apprendre au cours de sa longue carrière d’homme d’affaires et de personnalité de la télévision.

Le premier élément de cette méthode est de toujours placer la réalité avant l’idéal.

De nombreux présidents américains, de Richard Nixon à Joe Biden, se sont présentés comme des artisans de paix au Moyen-Orient, toujours animés de bonnes intentions. Mais ils ont toujours qualifié la paix qu’ils prônaient de « juste », « durable » ou « équitable ».

Bill Clinton parlait de « la paix des braves ». Malheureusement, selon Homère, les braves ne font pas la paix ; ils se battent jusqu’à la mort, comme Hector. Obama songeait à une « paix honorable », oubliant que jeter l’éponge dans une lutte perdue d’avance est la plus haute forme d’honneur.

Trump n’utilise pas de tels qualificatifs, permettant ainsi à chacun de comprendre que la paix signifie la paix. Et que signifie la paix, si l’on écarte toute prétention poétique ?

Cela signifie qu’une guerre s’est terminée avec un vainqueur et un perdant indiscutables, mettant fin au statu quo qui avait alimenté la guerre. Dans le nouveau statu quo à créer, le vainqueur doit avoir le dernier mot.

Le deuxième élément de la méthode consiste à éviter de flatter l’ennemi plutôt que de l’apaiser, ce qui le persuaderait que vous agissez par faiblesse.

Le célèbre discours d’Obama au Caire est un exemple de flatterie contre-productive. Il a tenté de flatter les Frères musulmans en attaquant indirectement le président Hosni Moubarak. On connaît la suite.

Trump, de son côté, a profité de l’occasion pour faire valoir sa puissance américaine et envoyer un message clair: nous sommes assez puissants pour vous compliquer la vie, mais nous sommes également prêts à vous inviter à la table des négociations, même si nous vous offrons une place d’appoint. Tel était le message envoyé aux dirigeants de Téhéran, qui ont laissé passer l’occasion.

Le troisième élément de la méthode consiste à frapper fort en énonçant ses exigences maximales. Dans cet esprit, Trump a fait de l’établissement de relations normales avec Israël la condition sine qua non de son adhésion à son projet de Nouveau Moyen-Orient.

Trump n’esquive pas les véritables enjeux. Il exige que Téhéran établisse des relations avec Israël, mette fin à son projet de missiles longue portée et abandonne la dimension militaire de son programme nucléaire. En échange, il promet d’assouplir les sanctions contre l’Iran en vue de leur levée si Téhéran respecte sa part de l’accord. Plus important encore, il promet implicitement d’empêcher une nouvelle attaque israélienne contre l’Iran si Téhéran accepte l’accord proposé

Amir Taheri a été rédacteur en chef exécutif du quotidien Kayhan en Iran de 1972 à 1979. Il a travaillé ou écrit pour d’innombrables publications, publié onze livres et est chroniqueur pour Asharq Al-Awsat depuis 1987.

Source: gatestoneinstitute.org

Photo : Le président américain Donald Trump s’adresse à la Knesset, le Parlement israélien, le 13 octobre 2025 à Jérusalem. (Photo d’Evelyn Hockstein/Pool/Getty Images)

JJforum.fr

Similaire