Dans la nuit du mardi 4 au mercredi 5 novembre, Zohran Mamdani a été élu maire de New York. Depuis, le « socialiste » est la cible de nombreuses attaques de la part de ses adversaires. Sur les réseaux sociaux, principalement X, plusieurs internautes l’accusent d’être « proche des Frères musulmans ». C’est le cas de « Simon Weinberg » qui, dans un post daté du 31 octobre, avançait que Zohran Mamdani serait « soutenu par des relais pro-Hamas, comme le CAIR » (Council on American-Islamic Relations).
Pendant qu’un autre internaute qualifie Zohran Mamdani de « cheval de Troie » pour « l’idéologie des Frères musulmans », la « lanceuse d’alerte » « Charlotte Rocher » utilise le terme de « marchepied ». Argument utilisé par cette dernière, qui se présente comme une « lanceuse d’alerte », Zohran Mamdani « légitime les terroristes du Hamas ». Qu’en est-il vraiment ?
FAKE OFF
Pour rappel, les Frères musulmans sont un mouvement politique sunnite islamiste, fondé en Egypte en 1928. Au fil des années, le mouvement s’est dispersé « dans le monde majoritairement musulman », nous expliquait Haoues Seniguer, maître de conférences à Sciences Po Lyon, il y a quelques mois. Plusieurs pays – la France n’en fait pas partie – considèrent les Frères musulmans comme une organisation terroriste.
Avec cette courte présentation, on remarque une première incohérence. Le nouveau maire de New York est un musulman chiite, tandis que le mouvement des Frères musulmans est sunnite. Soit deux branches de l’islam qui sont différentes.
Tout au long de sa campagne, Zohran Mamdani a défendu les droits des personnes LGBT. Au cours de celle-ci, il est même apparu, en pleine nuit, dans une boîte de nuit de la communauté LGBT. Bien loin donc des idées promues par les Frères musulmans, « qui prônent une lecture rigoriste du Coran et l’application de la charia », rappelle Libération.
Aucun lien direct
Selon les internautes, Zohran Mamdani aurait été soutenu par le Council on American-Islamic Relation (CAIR). Une affirmation qui repose sur une phrase, écrite au conditionnel, dans un article du magazine Franc-Tireur : « Le Council on American-Islamic Relations, proche des Frères musulmans, aurait versé plus de 100.000 dollars à la campagne de Zohran Mamdani ». Aucune source n’est toutefois indiquée.
Après quelques recherches, cette accusation a été portée en juillet dernier, par un autre candidat à la mairie de New York, Andrew Cuomo. Comme rapporté par le média Politico, le candidat indépendant a affirmé que Unity and Justice Fund, l’une des organisations qui a financé la campagne de Mamdani, était « liée au Council on American-Islamic Relations ».
Notre dossier sur les Etats-Unis
Selon les registres de la Commission de financement de la campagne électorale, Unity and Justice Fund a versé, en plusieurs fois, 120.000 dollars pour financer le nouveau maire de New York. Contactés par Politico, les responsables des deux organisations ont « nié avoir des liens » entre eux.
Impossible pour le CAIR de participer à la vie politique
Etant considéré comme une organisation caricative, le CAIR ne peut pas participer à la vie politique. Mais alors, sur quoi reposait le soupçon d’Andrew Cuomo ? Ou plutôt sur qui ? La réponse est Basim Elkarra, trésorier du Unity & Justice Fund, également directeur exécutif de CAIR Action. Une organisation affiliée au CAIR, qui à la différence de cette dernière, peut participer à la vie politique.
Seule question qu’il reste à trancher désormais : le CAIR est-il considéré comme « proche des Frères musulmans » ? C’est bien le cas, pour les Emirats Arabes Unis (UAE). Dans une liste rendue publique en 2014, le CAIR a ainsi été désigné comme organisation terroriste par ce pays du Moyen-Orient.
Les autorités américaine, de leur côté, n’ont jamais classé le CAIR comme une organisation terroriste. Cela pourrait toutefois changer. Une proposition de loi, visant à classer le CAIR comme organisation terroriste, a été déposée en août dernier, par un sénateur républicain.
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