Le monde n’en revient pas « Israël a écrasé le Hezbollah »

Le monde se prend la tête même une semaine après : « Israël a vaincu le Hezbollah »

Un mélange de supériorité militaire et de surveillance du renseignement a paralysé la milice iranienne et ouvert la voie à un cessez-le-feu – mais a laissé derrière lui des destructions. Des experts ont analysé pour le Times britannique – voici comment Israël a réussi à vaincre le plus grand armée terroriste du monde.

Les éliminations via radios, les frappes aériennes avec des bombes « pénétrantes pour bunkers » de 1 000 kg, et les incursions terrestres dangereuses destinées à détruire les infrastructures – ont laissé l’ennemi d’Israël, le Hezbollah, blessé et affaibli – mais pas complètement anéanti, selon le Times britannique. Le 24 novembre, deux mois après que des échanges de tirs limités ont dégénéré en une guerre à grande échelle, et quelques jours avant le cessez-le-feu convenu, le Hezbollah a détruit six chars Merkava israéliens – considérés comme les meilleurs au monde – lors d’une bataille dans la région d’Al-Bayada, au sud du Liban.

« Les Israéliens ont appris la dernière fois qu’ils se sont battus contre le Hezbollah au Liban que ce n’est pas juste un groupe de terroristes improvisés », a déclaré Ben Hodges, ancien commandant de l’armée américaine en Europe. « C’est une force militaire formée et bien équipée, presque comme un État. Je ne pense pas que ce soit surprenant que les unités de Tsahal aient rencontré une forte résistance. » Lina Khatib, chercheuse au think tank britannique Chatham House, a déclaré : « Ce n’est pas un jeu vidéo, une défaite ne signifie pas une destruction totale. »

Cependant, en ce qui concerne les objectifs de guerre du Premier ministre Benjamin Netanyahu – repousser le Hezbollah au-delà du fleuve Litani et ramener les gens dans le nord d’Israël – il semble que la stratégie militaire multidimensionnelle au Liban ait fonctionné. Le Hezbollah est désormais une lueur de sa force militaire précédente, a déclaré Khatib.

Israël a appliqué une stratégie militaire combinant une technologie de pointe et un renseignement pour éliminer la plupart des hauts dirigeants du Hezbollah, enlever ses capacités de missiles à courte et longue portée, paralyser son réseau de communication, et détruire son infrastructure militaire le long de la frontière Liban-Israël. « Le Hezbollah ne constitue plus une menace sécuritaire sérieuse pour le nord d’Israël », a ajouté Khatib.

L’attaque des radios

Le premier coup significatif est arrivé à la mi-septembre, lorsque des radios et des émetteurs ont explosé sous l’action des militants du Hezbollah, tuant des dizaines de personnes et en blessant des milliers. L’attaque audacieuse et minutieusement planifiée, qualifiée par Amnesty International de « cauchemar dystopique malveillant », a réussi à éliminer une partie de la haute direction du Hezbollah, aveugler d’autres, et semer la méfiance parmi les combattants de rang intermédiaire et supérieur. Le colonel Ben Barry, chercheur principal à l’Institut International pour les Études Stratégiques, a déclaré que ces attaques avaient été « extrêmement réussies pour déstabiliser la direction du Hezbollah et perturber son commandement et son contrôle ».

Les interférences avec les appareils ont fait en sorte que de grandes parties de l’organisation ne pouvaient plus communiquer efficacement leurs stratégies et plans militaires. « Ce n’était pas seulement une perturbation de la capacité du Hezbollah à planifier et à coordonner ses actions, mais cela a sûrement également créé un immense sentiment de méfiance », a déclaré Hodges. Même Hassan Nasrallah, alors dirigeant du groupe, a reconnu que l’attaque de deux jours était « un coup dur ». Israël avait franchi un « ligne rouge », a-t-il dit. Quelques jours plus tard, il fut tué dans une frappe aérienne israélienne massive à Beyrouth, qui a aplati l’immeuble où il se cachait. Les deux événements ont mis en évidence l’étendue de l’infiltration du renseignement israélien au sein du groupe.

Manœuvres terrestres

Des drones explosifs et des missiles lourds avec des ogives de 1 000 kg ont dévasté des villages libanais après les attaques des radios. Cependant, selon les experts, une guerre terrestre était inévitable si Israël voulait faire face aux lance-roquettes mobiles et petits du Hezbollah, car une grande partie des infrastructures du groupe est souterraine. Fin septembre, Netanyahu a autorisé l’opération « Flèches du Nord », une invasion du Liban visant à repousser le Hezbollah et stopper le tir de roquettes, drones et missiles qui avaient contraint des dizaines de milliers de personnes dans le nord d’Israël à fuir leurs foyers.

Cela a commencé avec de petites unités de commandos et parachutistes armés, équipés de lunettes de vision nocturne, traversant la frontière libanaise. Dans les semaines suivantes, des dizaines de soldats israéliens ont été tués en combattant le groupe soutenu par l’Iran dans ses bastions du sud. Lors de l’une des journées les plus meurtrières, six soldats de la brigade Golani ont été tués au combat.

Attaques aériennes

Certains ont dit que ce qui s’est passé ensuite a consisté en une « destruction systématique » alors qu’Israël cherchait à éradiquer le Hezbollah. Des images ont montré plus d’une douzaine d’explosions simultanées dévastant Maïs Al-Jabal, un village frontalier au sud du Liban, et détruisant des centaines de maisons. Le coût des dommages aux logements a été estimé à 2,8 milliards de dollars, plus de 99 000 unités résidentielles ayant été partiellement ou totalement détruites, selon un rapport de la Banque mondiale.

Cessez-le-feu

Finalement, les deux parties ont cru avoir plus à gagner en mettant fin à la guerre qu’en continuant à se battre sur le terrain, et ont accepté cette semaine une trêve de 60 jours dans l’espoir de parvenir à un cessez-le-feu permanent. Barry a déclaré : « Netanyahu a dit qu’il voulait ramener les habitants du nord chez eux. Si l’accord de cessez-le-feu tient, ils pourront revenir, ce qui serait bénéfique pour l’économie israélienne. Si tout se passe bien, cet objectif stratégique sera atteint. » En même temps, les capacités du Hezbollah ont été considérablement réduites, ce qui, selon Barry, a encore affaibli la capacité militaire de l’Iran, car il n’a pas pu empêcher cela.

Des déplacés au Liban retournent chez eux après le cessez-le-feu (photo : Reuters).

« Si l’objectif d’Israël était de porter un coup significatif aux capacités et à la structure de leadership du Hezbollah, alors son action au Liban a sans aucun doute été réussie », a déclaré Kassem Ahrabi, directeur de la recherche sur les Gardiens de la révolution iranienne pour l’organisation « United Against a Nuclear Iran ». Ahrabi a ajouté que bien que le Hezbollah existe toujours, il n’a jamais été aussi faible. « En d’autres termes, si jamais le peuple libanais peut se soulever contre le Hezbollah, c’est maintenant », a-t-il dit.

Cette défaite n’est qu’un début de désagrégation de l’intérieur du Hezbollah. Sans cadre charismatique, sans leadership réel, sans appui des parrains ( Russie Iran ) en état de déliquescence, c’est la survie même du Hezbollah qui est en jeu. Les libanais vont-ils saisir l’occasion pour se débarrasser de cet ennemi de l’intérieur qui n’a fait que leur porter malheur ? C’est en fait là, la question. L’accoutumance à la servitude au nom de la haine d’Israël sera-t-elle plus forte qu’un désir de dignité et d’indépendance ? La réponse est entre les mains des libanais, et de leur système politique corrompu jusqu’à la moelle de l’os.

JForum.fr et le Maariv

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