Face aux menaces à ses frontières, l’État hébreu pourrait envisager l’annexion de zones stratégiques comme solution durable pour garantir sa sécurité et créer les conditions d’une paix viable

Force est de constater que les pays limitrophes d’Israël se montrent incapables de maintenir l’ordre chez eux et d’endiguer la montée des islamistes, ce qui oblige Israël à se prémunir de cette menace par ses propres moyens et gérer plusieurs théâtres d’opération à ses frontières. Tout en priant que l’issue des combats soit en faveur de Tsahal, il reste à envisager le jour d’après pour un maintien des acquis sécuritaires sur la durée. Zones tampon, périmètres démilitarisés, barrières de protection, cessez-le-feu, trêves, garanties internationales, présence d’observateurs, de casques bleus, sont des solutions partielles et surtout précaires car elles dépendent de facteurs dont le contrôle leur échappe : genres de pouvoir local en place, changements de régimes, d’alliances, périodes d’instabilité ou de crise, ingérences d’éléments incontrôlés, rivalités entre grandes puissances. En l’absence d’un traité de paix ou d’un accord bilatéral de coopération stratégique, aucune de ces solutions ne tient sur le long terme.
Occuper militairement les périmètres à haut risque, même une fois assainis, ne peut que mener à une reprise des frictions tôt ou tard et créer une atmosphère défavorable à toute négociation ou effort diplomatique. D’un autre côté, si la voie de la concertation se trouve fermée, il ne reste alors que l’option d’agir de manière unilatérale. Israël se trouve actuellement dans plusieurs de ces impasses géopolitiques qui portent atteinte à sa sécurité nationale.
Les franges sud et nord du pays ont dû être évacuées à la suite du 7 octobre 2023. L’équation est simple : pour que les citoyens de ces zones puissent revenir chez eux et y vivre sereinement, il faut inverser la situation du tout au tout. Ce sont les régions frontalières de Gaza, du sud Liban, du sud de la Syrie, qui doivent être évacuées et stérilisées, c’est-à-dire débarrassées de toute présence dangereuse. En l’absence d’accords avec les dirigeants en place à Beyrouth, Damas et Gaza qui puissent garantir un calme relatif, Israël n’a d’autre choix que de prendre les mesures qui s’imposent. Dans les trois cas précités, les gouvernants ne sont pas aptes à contrôler les factions terroristes qui sévissent chez eux quand ils ne sont pas eux-mêmes des terroristes. Tous sont des régimes instables, corrompus, auxquels il est impossible de se fier. Il y a donc nécessité impérative pour Israël de maintenir une sécurité à long terme dans ces zones d’où provient un danger avéré. L’un des moyens à sa disposition est l’annexion.
Disons tout de suite qu’une annexion ou un rattachement territorial n’est pas forcément définitif. Ajoutons qu’il y a une différence entre une occupation par la force et une incorporation décidée par vote de la population locale. Dans le Golan syrien, la continuité sécuritaire est une évidence. Autrement dit, l’incorporer tient de la même logique qui, en son temps, a dicté l’annexion de la partie aujourd’hui israélienne. Reste à savoir si cela serait effectivement le souhait des populations qui y vivent, lesquelles sont en majorité druzes. Il en va de même pour les chrétiens et maronites du sud Liban qui pâtissent depuis des décennies de l’intrusion chiite du Hezbollah sur leur territoire ancestral. À noter, l’erreur capitale qu’a commise Israël en évacuant le sud Liban puis Gaza sans que les conditions requises pour y assurer le calme et la stabilité soient mises en place et alors que la situation jouait clairement en faveur des terroristes. Dès la première minute du retrait israélien, ces zones sont tombées aux mains des pires meurtriers qui soient. Il n’y aurait pas eu de 7 octobre si Israël avait maintenu le contrôle de ces zones.
Pour Gaza, cependant, il ne s’agit surtout pas d’une réoccupation de tout le territoire concerné, mais de l’annexion d’une bande frontalière de quelques kilomètres de largeur qui serait entièrement sécurisée et sous contrôle israélien. C’est là aussi une leçon claire et immédiate à tirer du 7 octobre. Pour la Judée-Samarie, il n’est possible d’accorder à l’entité palestinienne de cette région le statut d’État que si celui-ci est fédéré à Israël. Ce qui permet une approche sécuritaire globale et unifiée tant pour les Palestiniens que les Israéliens qui y demeurent. La création d’un État palestinien séparé et doté de sa propre force armée ne peut qu’être source de conflit et d’insécurité, avec un danger de libanisation, c’est-à-dire de récupération par une puissance ennemie d’Israël telle que l’Iran. Si bien qu’annexer la Judée et la Samarie, souvent décrié comme étant nuisible à la paix, est en fait l’option optimale, faisable et durable, au regard de propositions irréalistes. Là aussi, libre à ceux qui ne veulent pas vivre les uns avec les autres d’aller s’installer ailleurs. Il n’y a aucune raison pour que ce soit ceux qui sont disposés à une coexistence pacifique qui soient pénalisés, plutôt que les séparatistes et les ultra-nationalistes.
Le manque de profondeur stratégique est le talon d’Achille de la défense israélienne. Le pays est si petit qu’il est forcé de repousser immédiatement toute attaque en dehors de son territoire. Chaque kilomètre est vital. Ce qui n’est pas le cas pour ses voisins. L’annexion de zones aujourd’hui aux mains de terroristes ne peut qu’amener le calme indispensable à des négociations et créer sur le terrain, avant même que dans les couloirs de la diplomatie, les conditions d’une paix durable. Annexer c’est unir.
Partager :
La source de cet article se trouve sur ce site