Le Liban trace sa ligne mais sans Israël

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Le Liban trace sa ligne, mais sans Israël

Le président libanais fixe un cap clair : plus de milices, pas de normalisation

Le nouveau président libanais, Joseph Aoun, a livré un message sans ambiguïté à l’occasion d’une rencontre avec une délégation du Conseil des relations arabes et internationales. À travers un discours marqué par une volonté de recentrer le pouvoir étatique, Aoun a annoncé la fin de la tolérance à l’égard des milices armées et a exclu toute forme de rapprochement diplomatique avec Israël dans un avenir proche.

Une rupture avec l’ambiguïté sécuritaire
Pour la première fois de manière aussi explicite, un président libanais a évoqué la question sensible de la possession d’armes hors du contrôle de l’État, en référence à des groupes tels que le Hezbollah, bien que ce dernier n’ait pas été nommé directement. Joseph Aoun a affirmé que la souveraineté nationale exigeait le monopole des armes par les seules forces officielles : « Il n’y aura plus de milices armées au Liban. La décision de rendre les armes exclusivement à l’armée et aux services de sécurité est irréversible », a-t-il déclaré.

Ce positionnement vise à restaurer l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire libanais, alors que depuis des décennies, des formations armées opérant en dehors de toute légitimité gouvernementale coexistent avec les forces régulières. Cette déclaration intervient également dans un contexte de pression croissante de la part de plusieurs acteurs régionaux et internationaux en faveur d’une clarification du rôle des groupes armés non étatiques au Liban.

Israël : statu quo assumé
Le président Aoun a également tenu à clarifier la position de son gouvernement concernant les relations avec Israël. En réponse à certaines spéculations, il a affirmé que la normalisation n’était pas envisagée. « La paix signifie l’absence de guerre, et c’est ce que nous recherchons aujourd’hui. Mais la normalisation ne figure pas dans la politique étrangère du Liban », a-t-il martelé.

En d’autres termes, si le Liban souhaite éviter une confrontation militaire avec l’État hébreu, il n’est pas question pour autant d’emboîter le pas à certains pays arabes ayant récemment établi des liens diplomatiques avec Tel-Aviv. Aoun a insisté sur le fait que toute décision en matière de paix ou de conflit relèverait désormais uniquement du gouvernement légalement constitué, excluant toute initiative parallèle.

Un écho au sein du gouvernement
Les propos du président sont en cohérence avec ceux tenus peu auparavant par le Premier ministre libanais. Ce dernier a également déclaré que seul l’exécutif avait la légitimité de porter les décisions de guerre ou de paix, et que la possession d’armes ne devait plus être dispersée entre différentes factions. Ensemble, ces déclarations traduisent une volonté affirmée de mettre fin à la fragmentation sécuritaire qui caractérise le paysage libanais depuis la guerre civile (1975-1990) et d’ancrer l’autorité dans un cadre institutionnel.

Un tournant politique à confirmer
En évoquant directement la fin des milices et en se positionnant sur le dossier israélien, Joseph Aoun pose les jalons d’un changement de cap stratégique au Liban. Toutefois, cette orientation ambitieuse ne sera pas sans difficultés. La mise en œuvre d’un désarmement réel et le renforcement de l’autorité de l’État sur tout le territoire nécessiteront un consensus politique interne difficile à atteindre, ainsi qu’un soutien diplomatique extérieur sans ingérence.

La position ferme exprimée à l’égard d’Israël rassure les partis et les populations opposées à toute forme de normalisation, tout en laissant entrevoir un possible apaisement sur le plan militaire, si le statu quo est respecté de part et d’autre. Le Liban semble ainsi vouloir retrouver une posture d’équilibre : ferme sur sa souveraineté, mais sans provocation.

Une vision de l’État réaffirmée
En définitive, le président libanais redéfinit les priorités nationales autour d’un triptyque : souveraineté, monopole étatique de la force et neutralité active dans les conflits régionaux. Son discours trace une frontière nette entre les structures de l’État et les organisations parallèles, et tente de replacer le Liban sur une trajectoire institutionnelle, après des années d’instabilité politique et de crises multiples.

Reste à voir si les actes suivront les paroles dans un pays où la résilience des réseaux informels et la fragilité des institutions rendent toute réforme profonde délicate à concrétiser.

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