Le Hezbollah se rebelle contre le gouvernement libanais
Bras de fer au Liban
Le gouvernement libanais a déclenché une onde de choc en annonçant sa volonté de confier à l’armée nationale le monopole des armes sur l’ensemble du territoire. Cette décision historique, portée par le Premier ministre Nawaf Salam, vise à renforcer les institutions étatiques et à redonner à l’armée le contrôle exclusif de la force militaire. Mais elle se heurte à une opposition farouche du Hezbollah, organisation politico-militaire chiite qui ne compte pas se plier à cette directive.
En réaction immédiate, le Hezbollah a tenu un discours sans équivoque : « Nous traiterons la décision comme si elle n’existait pas. » Pour ses dirigeants, confier le monopole des armes à l’armée nationale revient à désarmer la « résistance » face à Israël. Naïm Qassem, secrétaire général adjoint du mouvement, a dénoncé une « grave faute politique » de la part du gouvernement, l’accusant d’avoir agi sous l’influence directe des États-Unis et au service des intérêts israéliens.
Une décision stratégique du gouvernement
La mesure annoncée par Nawaf Salam s’inscrit dans le cadre d’un processus plus large : répondre aux exigences internationales et rétablir la souveraineté étatique au Liban. Le Premier ministre a confirmé que le cabinet poursuivrait les discussions autour d’un document américain visant à encadrer le désarmement du Hezbollah et à favoriser une éventuelle stabilisation des relations avec Israël.
Selon les termes du plan, un calendrier a été fixé : la stratégie de transfert des armes à l’armée devrait être finalisée d’ici fin août, pour une mise en œuvre complète avant la fin de l’année. Youssef Raji, ministre libanais des Affaires étrangères, s’est félicité de cette « décision décisive », affirmant qu’elle répond aux attentes profondes de la population et qu’un retour en arrière n’était plus envisageable.
Le Hezbollah sur la défensive
Pour le Hezbollah, cette annonce représente une ligne rouge. Lors d’une conférence de presse, ses représentants ont dénoncé un plan destiné à « exposer le Liban à l’ennemi sans aucune capacité de dissuasion ». L’organisation accuse l’ambassade américaine d’être à l’origine de la démarche, dans l’objectif d’affaiblir la capacité de résistance du Liban et de démanteler la puissance militaire du Hezbollah, perçue par ses partisans comme un pilier de défense nationale.
Les accusations ne s’arrêtent pas là. Selon le Hezbollah, cette politique trahit l’engagement initial du président libanais de promouvoir une stratégie de sécurité nationale fondée sur le dialogue et la concertation. Le mouvement affirme vouloir discuter de cette stratégie avec les institutions, mais refuse de le faire « sous le feu des critiques ».
Des tensions jusque dans les rangs alliés
La réaction ne s’est pas limitée au Hezbollah. Le mouvement chiite Amal, traditionnel allié politique du Hezbollah, a lui aussi exprimé son désaccord avec la décision gouvernementale. Dans un communiqué, Amal a déploré une entorse au discours d’investiture du président et a appelé à un « redressement immédiat de la position gouvernementale » lors de la prochaine session.
Ces prises de position révèlent la fracture croissante entre les autorités libanaises qui cherchent à rétablir le contrôle étatique, et les groupes armés qui refusent de céder leur pouvoir militaire. La perspective d’un désarmement du Hezbollah – sujet tabou depuis la fin de la guerre civile – fait émerger un débat national aussi explosif que complexe.
Un climat de tension accentué par un assassinat
Dans ce contexte déjà tendu, un événement sans précédent est venu assombrir davantage l’atmosphère. Pour la première fois, l’armée libanaise a été impliquée dans un assassinat ciblé. L’opération, qui s’est déroulée dans le quartier de Sharawena, à Baalbek, a visé un trafiquant de drogue de haut rang, selon les premières informations relayées par la presse régionale.
Même si l’acte ne semble pas directement lié au bras de fer avec le Hezbollah, il témoigne d’une volonté croissante de l’armée de reprendre le contrôle sur des territoires traditionnellement sous influence de milices ou de groupes criminels. Il pourrait aussi signaler un changement de posture, plus affirmé, des autorités militaires face aux réseaux illégaux.
Vers une épreuve de force ?
Alors que le Liban tente de restaurer une autorité centrale, le Hezbollah affirme sa volonté de ne rien céder. Derrière les discours, c’est une confrontation de modèles qui s’annonce : d’un côté, un État qui tente de se reconstruire et de regagner la confiance internationale ; de l’autre, une organisation bien ancrée, dotée d’un réseau militaire et social puissant, qui considère la possession des armes comme une garantie contre toute agression.
Le calendrier fixé par le gouvernement laisse peu de place à la tergiversation. D’ici la fin de l’année, le Liban devra choisir entre maintenir l’illusion d’un compromis ou s’engager dans une restructuration profonde de son architecture sécuritaire. La voie du dialogue reste prônée, mais les déclarations du Hezbollah laissent présager un affrontement plus direct si la pression s’intensifie.
Dans un pays déjà meurtri par les crises économiques, politiques et sociales, ce nouvel affrontement risque d’aggraver les fractures internes. Le Liban joue une partie serrée entre souveraineté nationale, pression internationale, et équilibre communautaire instable.
Jforum.fr
Similaire
La rédaction de JForum, retirera d’office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.
La source de cet article se trouve sur ce site