Le Hezbollah à le choix, capituler ou se suicider

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Avec les explosions de talkies-walkies, le Liban et le Hezbollah ont connu leur journée la plus meurtrière depuis octobre

Les vagues d’explosions d’appareils de télécoms du parti chiite ont fait en tout 32 morts et plus de 3.200 blessés.

Vingt morts en quelques heures. Le bilan de l’opération israélienne ayant consisté à faire exploser simultanément des talkies-walkies utilisés par des membres du Hezbollah est le plus lourd enregistré en une journée, autant pour le parti qu’au Liban, depuis le début des combats le 8 octobre 2023.

Ces morts, tous annoncés comme membres du Hezbollah, portent à 32 le nombre de victimes des deux vagues d’explosions d’appareils de télécommunications du parti, avec des bipeurs mardi et des talkies-walkies mercredi en fin de journée. Les explosions de talkies-walkies ont été plus meurtrières que celles des bipeurs, avec un bilan près de deux fois plus élevé alors que ces appareils étaient moins disséminés parmi les membres du Hezbollah. Le New York Times estime qu’une des explications serait que les talkies-walkies étaient « trois fois plus lourds » que les bipeurs, et auraient pu contenir davantage d’explosifs. Ces détonations ont également déclenché des incendies plus importants.

Les détonations des deux derniers jours ont également fait, au total, plus de 3.200 blessés : entre 2.750 et 2.800 mardi et plus de 450 mercredi, selon les derniers bilans disponibles du ministère de la Santé. 

Parmi les victimes de mercredi, le plus jeune avait à peine 16 ans. Ils étaient originaires principalement du Liban-Sud et de la Békaa. Le parti les a identifiés comme suit : 

– Ali Mohammad Sleimane, né en 1994, et originaire de Aïnata, au Liban-Sud.

– Ahmad Ali Hassan, né en 1998, originaire de Aïtaroun (Sud) et habitant de la banlieue sud.

– Salim Abbass Chehadé, né en 1974, originaire de Maaroub (Sud).

– Hassan Adel Jaber, né en 1970, de Bani Hayyan, au Liban-Sud.

– Abbas Hassan Seifeddine, né en 1987, de Halabta dans la Békaa.

– Ali Hassan Hammoud, né en 1991 et originaire de Touline, au Liban-Sud.

– Mohammad Ali Alamé, né en 1983 et issu de Aadloun au Liban-Sud.

– Ali Ahmad Haïdar, né en 1986, et originaire de Kfardan dans la Békaa.

– Mohammad Hassan Kourani, né en 1982, originaire de Yater au Liban-Sud.

– Ali Fawaz Hajj Hassan, né en 1991, originaire de la localité de Chaat dans la Békaa.

– Jawad Yasser Abou Khalil, né en 2005 et originaire de Kawthariyet el-Rez (Saïda).

– Ahmad Ali Lamah, né en 1982, originaire de Aadchit au Liban-Sud.

– Ali Hosni Zaatar, né en 1999, originaire de Hadath Baalbeck dans la Békaa.

– Hafez Hussein Ali Melhem, né en 1976, originaire de Qabrikha au Liban-Sud.

– Mohammad Hussein el-Arab, né en 1979 et originaire de Falawi dans la Békaa.

– Fadel Abbass Bazzi, né en 1991 et originaire de Bint Jbeil.

– Abdel Menhem Jamal Abdel Menhem, né en 2008, originaire de Aïtaroun et habitant de Kawthariyet el-Rez au Liban-Sud.

– Ibrahim Abdel Karim Zein El Dine, né en 1995, issu de la localité de Safad el-Battikh (Bint Jbeil).

– Ali Mohammad Tarhini, né en 2001, de la localité de Ebba (Sud).

– Ali Mohammad Chalabi, né en 1993 et originaire de Kfar Melki (près de Saïda).

Entre le Hezbollah et Israël, la guerre est bel et bien entrée dans une nouvelle phase

Le dilemme de l’axe pro-iranien : une riposte risquée ou l’effondrement de la capacité de dissuasion face à l’ennemi. 

Ce qui s’est passé mardi et mercredi relève presque de la science-fiction. Les règles d’engagement entre Israël et le Hezbollah ont été complètement chamboulées après la série d’explosions simultanées de bipeurs et de talkies-walkies utilisés par les membres du parti chiite, faisant des milliers de blessés et au moins une trentaine de morts, dont des civils et des enfants. Des opérations planifiées depuis des mois, qui ont de quoi mettre en péril la dissuasion établie par le Hezbollah depuis la guerre de juillet 2006. Le parti doit, aux côtés des Iraniens, prendre une décision : soit lancer une attaque majeure pour répondre à Israël et restaurer l’équilibre de la terreur, soit s’exposer à encore plus de frappes similaires à l’avenir. C’est autour de ce dilemme que tournent les discussions au sein du Hezbollah, en plus des enquêtes en cours pour découvrir l’origine de la faille de sécurité, notamment depuis l’acquisition de ces appareils ayant traversé de nombreux pays.

Car il s’agit là de la plus grande opération de sécurité dans l’histoire du pays et même au-delà. Jamais il n’y a eu d’explosions simultanées sur une aussi vaste étendue géographique entre le Liban et la Syrie. Ces attaques, probablement le résultat d’une infiltration, tant sur le plan technique qu’humain, ont frappé verticalement et horizontalement la structure du Hezbollah. Mais l’essentiel réside dans le timing, puisqu’elles interviennent après une vague de menaces croissantes de la part de responsables israéliens quant à la préparation d’une guerre contre le Liban ou du moins l’expansion des opérations militaires. « Nous entrons dans une nouvelle phase de la guerre » , a ainsi déclaré mercredi le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, alors que les forces armées se déplacent vers la frontière libanaise, affirmant de nouveau que le « centre de gravité du conflit » se déplace de Gaza vers le Liban-Sud. Des médias israéliens ont également fait état d’une série de mesures approuvées par le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, pour modifier le modus operandi de son armée à la frontière avec le Liban. Ce qui ne laisse presque pas de place au doute : cette série de piratage et d’explosions meurtrières s’inscrit dans le cadre d’une escalade israélienne.

L’opération a d’abord pour objectif de répandre la peur parmi les Libanais, surtout dans les milieux du Hezbollah. D’autant que la relation entre le parti et son environnement repose sur des éléments de confiance solide et un sentiment de sécurité qu’il leur offrait. Par cette opération, Israël a voulu ébranler cette confiance et enfoncer le clou encore plus que lors de l’assassinat en pleine banlieue sud de Beyrouth du chef militaire Fouad Chokor en août. Cela pose de grands défis au Hezbollah, surtout qu’Israël veut montrer qu’il remporte des batailles sans élargir la guerre. La forme et le fond des opérations de mardi et mercredi visent également à couper les moyens de communication entre les cadres, les membres et la direction du parti, ce qui risque de le déstabiliser en pleine guerre.

Piège d’Israël

Une autre lecture suggère que les Israéliens craignaient que le Hezbollah ne découvre que les appareils aient été piégés en amont, ce qui les a poussés à passer vite à l’action, tant mardi que mercredi. Selon cette version, ils envisageaient initialement de faire exploser ces appareils avant de lancer une opération militaire élargie, voire terrestre, contre le Hezbollah. L’objectif aurait alors été de paralyser les capacités opérationnelles du parti, de couper les moyens de communication et de porter un coup sévère susceptible de provoquer un effondrement moral chez les membres, les cadres et la base de soutien pendant cette confrontation. Dans ce cadre, certains estiment qu’Israël ne lancera pas d’attaque à grande échelle, car s’il l’avait voulu, il l’aurait fait simultanément à l’opération de mardi. Ce qu’Israël veut, c’est mettre le Hezbollah dans une position extrêmement délicate ou lui tendre un piège. Soit le parti réagit violemment, et Israël en profite pour élargir et intensifier l’opération militaire en mettant les Américains (opposés à la guerre totale) devant le fait accompli, soit le parti se voit contraint de sacrifier la réponse adéquate qui lui permettrait de restaurer son système de dissuasion, ce qui l’exposerait alors à d’autres opérations surprises de plus en plus coûteuses.

Mais au-delà de toutes ces théories, cette opération montre aussi que les Israéliens privilégient le champ de bataille sécuritaire, estimant que le Hezbollah n’a pas les armes nécessaires pour s’y battre. Ce mode opératoire leur garantit d’ailleurs zéro perte humaine, tandis qu’ils ciblent des milliers de membres du Hezbollah. Cela les place dans une situation où ils n’ont pas besoin de s’engager dans une guerre traditionnelle, dans laquelle le Hezbollah possède des moyens de riposte potentiellement nuisibles, voire destructeurs.

Des efforts internationaux

Il n’empêche qu’après ce qui s’est passé, le Hezbollah et les Iraniens se trouvent à la croisée des chemins : ils doivent soit prendre une décision qui rétablit la dissuasion instaurée depuis 2006, soit assister à l’effondrement de tous les équilibres militaire, politique et sécuritaire que Téhéran a établis avec ses alliés dans la région. D’autant plus que les Israéliens frappent profondément le moral du Hezbollah, des Iraniens et de leur environnement proche, dans le but d’empêcher cet axe de proclamer une victoire.

Que va donc faire le Hezbollah, qui a plus que jamais besoin d’une réponse violente ? Il cherchera probablement à intensifier ses opérations pour déplacer plus d’Israéliens du nord du pays, ce qui compliquera la situation de Tel-Aviv plutôt que de la faciliter.

Entre-temps, de nombreux contacts ont été établis aux niveaux international et régional pour tenter de contenir la situation. Des messages ont été transmis au Hezbollah pour l’inciter à faire des concessions, notamment à la lumière de la capacité israélienne à infliger des pertes et à démontrer sa supériorité technologique. « Le Hezbollah calculera soigneusement son nouveau pas », estime une source diplomatique occidentale. Il faut attendre la visite du ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, en Israël à la fin de cette semaine, car les résultats de ce déplacement indiqueront la direction à suivre pour la prochaine étape ainsi que le degré d’implication des États-Unis dans cette confrontation, surtout après l’annonce de leur engagement en faveur de la défense d’Israël. Pour le Hezbollah, l’option d’une escalade n’est pas facile, car cela pourrait avoir des retombées catastrophiques sur son environnement militaire et social, mais aussi sur tout le pays. Sauf qu’il s’agit là d’un conflit pour le contrôle de la région et son leadership. Or si l’équation se terminait ainsi, ce serait Israël qui aurait gagné cette bataille, ce que l’Iran et le Hezbollah ont pourtant juré d’empêcher, même si cela signifie prolonger le conflit et l’étendre à toute la région.

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