Le Hamas est plus isolé que jamais et personne ne viendra à son secours

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Si les combats reprennent, ce sera avec Trump à la Maison Blanche, qui n’imposera pas de limites à Israël comme l’a fait Biden.

Les négociateurs des otages (à gauche) l’envoyé au Moyen-Orient Steve Witkoff et (à droite) le ministre israélien des Affaires stratégiques Ron Dermer.
(crédit photo : Alex Wong, Reuters/witkoff Evelyn Hockstein/Pool, Mlenny)
La première phase du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas a pris fin samedi, clôturant un chapitre lors de laquelle nous avons assisté à la libération de 25 otages israéliens, de cinq otages thaïlandais et au retour de huit corps.

En échange, Israël a libéré des centaines de prisonniers palestiniens, y compris des terroristes impliqués dans certaines des pires attaques de mémoire d’homme.

Y aura t-il une prochaine étape et laquelle ?

L’armée s’est également retirée de la majeure partie de Gaza, à l’exception du corridor Philadelphie , du périmètre de l’enclave (1, 5 km) et de certaines zones du nord de Gaza.

Les six dernières semaines ont également vu un afflux massif d’aide humanitaire dans la bande de Gaza – quelque 25 000 camions – et le retrait israélien du corridor de Netzarim, permettant à des centaines de milliers de Gazaouis de retourner vers le nord.

Pendant des semaines, la question brûlante était : quelle est la prochaine étape ?

« Il en reste 59 » : une image illustrative montre l'envoyé spécial américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, et le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu (crédit : LIOR SEGEV, REUTERS/EVELYN HOCKSTEIN, REUTERS/Nathan Howard)Agrandir l'image
« Il en reste 59 » : une image illustrative montre l’envoyé spécial américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, et le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu (crédit : LIOR SEGEV, REUTERS/EVELYN HOCKSTEIN, REUTERS/Nathan Howard)

Selon le plan initial, les deux parties devaient désormais être en pleine négociation sur une deuxième phase qui aboutirait à la libération de tous les otages restants, au retrait de toutes les troupes de Tsahal et à la fin de la guerre.

Israël devait se retirer du corridor de Philadelphie d’ici samedi prochain. Ensuite, les négociations sur la troisième phase : la reconstruction de Gaza devaient commencer.

Mais du jour au lendemain, toute l’équation a changé avec l’introduction d’un nouveau terme dans le lexique : le cadre Witkoff, selon le nom du négociateur américain au Moyen-Orient Steve Witkoff.

Il est plus facile à suivre que le cessez-le-feu précédent :

Le plan prévoit un cessez-le-feu temporaire pendant le ramadan et Pessah (le ramadan a commencé vendredi soir et la Pâque dure jusqu’au 20 avril). Le premier jour, la moitié des otages vivants et décédés doivent être libérés. A la fin du plan, si un accord est trouvé, les otages restants seront libérés en même temps.

L’élimination du Hamas avec libération de tous les otages  : un dilemme insoluble

Selon le cabinet du Premier ministre, Witkoff a proposé ce cadre après avoir conclu qu’une résolution immédiate entre les deux parties était impossible et qu’il fallait plus de temps pour négocier un accord durable.

Pourquoi ce délai supplémentaire ? Parce que le dilemme fondamental d’Israël – comment éliminer le Hamas tout en obtenant la libération des otages – reste plus que jamais insoluble.

La position d’Israël est claire : le Hamas doit être démantelé, tant militairement que politiquement, et ses dirigeants doivent être exilés avant que toute discussion sur la fin de la guerre puisse avoir lieu.

 Le Hamas, de son côté, exige la fin immédiate de la guerre tout en insistant sur le maintien de ses capacités armées, même s’il accepte de renoncer à un certain degré de contrôle civil.

Israël est confronté au même dilemme qu’il y a près de 16 mois, lorsque la guerre a éclaté : comment démanteler militairement et politiquement le Hamas tout en libérant les otages ? Le Cadre Witkoff est la dernière tentative en date pour résoudre ce problème.

Les négociateurs ont annoncé le nouveau cadre peu après minuit dimanche, à l’issue d’une consultation de haut niveau sur la sécurité menée par le Premier ministre Benjamin Netanyahu. L’accompagne deux autres développements majeurs.

L’embargo partiel Biden rejeté aux oubliettes

Tout d’abord, le secrétaire d’État américain Marco Rubio a signé une déclaration d’urgence pour accélérer l’envoi de plus de 4 milliards de dollars d’aide militaire à Israël.

Un communiqué du Département d’État américain l’a clairement indiqué : cette décision annule l’embargo partiel sur les armes décrété par l’administration Biden. Depuis son entrée en fonction, l’administration Trump a déjà approuvé près de 14 milliards de dollars de ventes d’armes majeures à Israël.

Cette dernière décision s’inscrit dans le cadre d’un changement plus large de la politique américaine, qui ne vise plus à exercer une pression sur Israël mais plutôt à lui permettre de combattre le Hamas selon ses propres conditions.

Le moment choisi pour l’annonce de l’aide militaire n’est pas une coïncidence. En la dévoilant en même temps que le nouveau cadre, l’Administration Trump et Israël ont envoyé un message clair au Hamas : soit il prolonge le cessez-le-feu et en accepte les termes, soit Israël reprendra les combats – avec le soutien total des États-Unis et sans aucune restriction sur sa campagne militaire.

Rejet prévisible du Hamas

Comme on pouvait s’y attendre, le Hamas a rejeté catégoriquement le cadre Witkoff.

La réponse d’Israël a été immédiate. Le cabinet du Premier ministre a annoncé qu’à compter d’hier matin, il bloquait toutes les marchandises et tous les approvisionnements entrant à Gaza.

Israël semble aussi avoir coordonné cette phase avec Washington : le ministre des Affaires stratégiques Ron Dermer était aux États-Unis la semaine dernière, et Netanyahu a déclaré dimanche qu’Israël « se coordonne pleinement avec le président Trump et son peuple ».

Tu nourriras ton ennemi à sa satiété, le 11è Commandement de Biden

Sous l’ancien président Joe Biden, l’acheminement de l’aide humanitaire vers Gaza était une source constante de frictions entre Israël et les États-Unis. L’administration Biden a fait pression à plusieurs reprises pour qu’Israël fournisse à Gaza de la nourriture, de l’électricité et du carburant, alors même qu’elle menait une guerre contre les dirigeants de Gaza.

Rétrospectivement, cette approche a probablement prolongé la guerre. La première libération d’otages, en novembre 2023, n’a eu lieu qu’après que le Hamas a dû faire face à une diminution de ses approvisionnements, ce qui a soulevé la question : que se serait-il passé s’il n’y avait pas eu de pression extérieure sur Israël pour qu’il maintienne les livraisons d’aide ?

L’administration Trump n’a pas formulé de telles exigences. Elle a récemment levé les sanctions contre Tzav 9, un groupe qui protestait contre l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza. Il semble désormais que la politique prônée par le groupe – couper les livraisons jusqu’à ce que le Hamas libère les otages – ait du succès au plus haut niveau.

5 mois de nourriture devant le Hamas, mais Quid de l’électricité et de l’eau ?

A ce stade, empêcher les camions d’aide d’entrer dans Gaza ne signifie pas interrompre l’approvisionnement en eau et en électricité, même si Netanyahou semble laisser cette possibilité ouverte. Avant la réunion du cabinet de dimanche, il a prévenu que si le Hamas persiste à rejeter le Cadre Witkoff, il y aura des « conséquences supplémentaires ».

Selon certaines informations, le Hamas disposerait de suffisamment de nourriture et de fournitures pour subvenir aux besoins de la population de Gaza pendant encore quatre ou cinq mois, mais la coupure de l’eau et de l’électricité pourrait avoir un impact plus immédiat.

Comme si tout cela n’était pas un message assez fort, le gouvernement a prolongé dimanche la loi permettant l’appel de 400 000 réservistes jusqu’à la fin du mois de mai. En outre, l’armée israélienne a frappé des cibles terroristes présumées dans le nord de Gaza, et les Palestiniens ont rapporté l’élimination de quatre terroristes.

Le début d’une vraie guerre, enfin, sans approvisionnement des terroristes ?

Le message qui s’est accumulé est le suivant : un nouveau cadre est sur la table. Si le Hamas refuse, Israël reprendra la guerre avec son arsenal d’armes bien fourni et sans les contraintes de devoir approvisionner son ennemi en vivres et en matériel.

Des protestations internationales contre l’arrêt de l’aide suivront, notamment dans le monde arabe, où elles ont déjà commencé, en Europe et à l’ONU. Mais avec Washington fermement aux côtés d’Israël, ces arguments seront plus faciles à réfuter, et le risque qu’Israël soit la cible de sanctions internationales significatives sera beaucoup moins grand.

Tsahal peut-il en finir avec le contrôle du groupe terroriste sur Gaza ?

Tout cela laisse penser qu’Israël semble disposé à reprendre la guerre. Mais pourquoi les combats devraient-ils cette fois-ci réussir à atteindre pleinement les objectifs de la guerre, là où 15 mois de combats, bien qu’ils aient considérablement dégradé les capacités du Hamas, n’ont pas suffi ?

Tout d’abord, il se peut que ce ne soit pas le cas. Rien ne le garantit. Mais le champ de bataille a changé sur plusieurs points.

Le Hamas est plus isolé que jamais. Personne ne vient à son secours militairement, ni le Hezbollah ni l’Iran. Les Houthis peuvent reprendre leurs tirs de missiles, mais cela ne changera rien à la donne.

Sur le plan diplomatique aussi, ils perdent du terrain. Le Qatar et la Turquie, ses principaux soutiens sur la scène internationale, doivent veiller à ne pas contrarier Trump, et l’administration Trump pourrait également être en mesure de convaincre la Russie de jouer un rôle plus constructif dans ce domaine en échange du revirement spectaculaire des États-Unis concernant l’Ukraine.

Deuxièmement, si les combats reprennent, ils se dérouleront avec Trump à la Maison Blanche, qui ne contraindra pas Israël à nourrir le Hamas, comme l’a fait Biden.

Réaction du Hamas

Alors, comment le Hamas va-t-il réagir ?

La réponse immédiate de l’armée israélienne a été de rejeter ce cadre. La prochaine étape de sa stratégie sera probablement une guerre psychologique – davantage de vidéos mises en scène visant à inciter l’opinion publique israélienne à faire pression sur le gouvernement pour qu’il mette fin à la guerre et rapatrie tous les otages.

Selon certaines informations, le Hamas aurait recruté de nouveaux combattants et reconstitué ses forces. Mais de telles affirmations doivent être prises avec prudence. C’est une chose de mettre des masques et des bandeaux verts sur des volontaires et de les faire défiler en brandissant des kalachnikovs dans des pick-up blancs lors d’événements organisés où des otages, ou leurs corps, sont libérés. C’en est une autre de reconstituer une force de combat organisée capable de repousser une opération massive de l’armée israélienne, aérienne, terrestre et maritime à Gaza.

Tsahal est archi-prête

Certes, le Hamas dispose encore de terroristes capables de mener une guérilla. Mais ont-ils les moyens de repousser une offensive de Tsahal ? Pas vraiment.

Et alors que l’on a beaucoup parlé de la façon dont le Hamas a profité de cette pause pour se regrouper, Israël a fait de même – probablement avec au moins autant, sinon plus, de succès que le Hamas.

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