Le géant israélien de l’alimentation Strauss Group s’apprête à lancer des boissons et du fromage frais « sans vache » à base de protéines de lactosérum d’Imagindairy, fabriquées par des bactéries plutôt que par des vaches.
Ces produits, qui seront vendus sous les marques Yotvata et Symphony du Groupe Strauss, contiennent la bêta-lactoglobuline d’Imagindairy, une protéine de lactosérum produite en cuve de fermentation par une souche génétiquement modifiée du champignon Aspergillus Oryzae (kōji).
Ces produits sans lactose, tous deux certifiés casher, seront disponibles chez les détaillants israéliens dans les prochaines semaines. D’autres produits sans vache suivront, a déclaré Barak Weinstein, directeur de Strauss Neo : « Ces nouveaux produits offrent des solutions innovantes à un large éventail de consommateurs dont les besoins n’ont été que partiellement satisfaits jusqu’à présent. » Fondée en 2020 par les Drs Arie Abo, Tamir Tuller et Eyal Afergan, Imagindairy dispose d’un portefeuille clients allant des petites entreprises désireuses de s’approprier le message des « produits laitiers sans animaux » aux multinationales cherchant à atteindre leurs objectifs ESG en remplaçant une partie du lactosérum bovin par du lactosérum fabriqué par des microbes, dont l’empreinte carbone est plus faible, selon l’entreprise.
L’entreprise, qui a acquis début 2024 un site d’une capacité de fermentation de 100 000 litres et les capacités de traitement en aval associées sur un site tenu secret, fait partie des rares startups à avoir obtenu une lettre de non-questionnement de la FDA pour la bêta-lactoglobuline sans animaux.
D’autres sociétés ont reçu ce feu-vert :Perfect Day en mars 2020, Remilk en en février 2023, Imagindairy en décembre 2023 et Vivici (en février 2025).
Exploiter ses propres lignes de production présente de nombreux avantages, nous a confié Eyal Afergan, cofondateur d’Imagindairy, lors d’une récente interview. « Pour une R&D très efficace et pour accélérer la production et le développement, disposer de ses propres capacités de production est un atout majeur, car les processus ne fonctionnent pas toujours de la même manière à l’échelle du laboratoire, du pilote et de l’industrie. Disposer de nos propres lignes à grande échelle nous permet d’itérer rapidement. »
À ceux qui s’interrogeaient sur les aspects économiques unitaires de la production de protéines laitières par fermentation, il a répondu que l’utilisation par Imagindairy de l’apprentissage automatique pour optimiser sa souche de production avait contribué à la concrétisation des résultats.
« Nous avons intégré des technologies d’apprentissage automatique basées sur l’IA et une biologie moléculaire très avancée pour obtenir une souche de plus en plus performante, produisant toujours plus de protéines. Nos excellents aspects économiques unitaires nous rendent déjà très compétitifs.»
Selon les défenseurs des produits laitiers sans animaux, la fabrication de produits laitiers sans vaches offre le meilleur des deux mondes : des produits plus durables et éthiques offrant les nutriments et les fonctionnalités des « vrais » produits laitiers.
Quant aux opportunités commerciales, elles n’en sont qu’à leurs balbutiements, les principaux acteurs réfléchissant encore à la meilleure façon de communiquer le concept aux consommateurs, de s’y retrouver dans le processus réglementaire de certains marchés et de positionner cette opportunité pour les entreprises agroalimentaires.
Verley (anciennement Bon Vivant), une start-up française spécialisée dans la fermentation de précision, développe par exemple une gamme de protéines de lactosérum « fonctionnalisées » sans animaux qui sera commercialisée en 2026, ouvrant la voie à de nouvelles applications et créant de la valeur pour les formulateurs de produits alimentaires et de boissons.
La start-up néerlandaise Vivici, quant à elle, affirme que sa bêta-lactoglobuline suscite l’intérêt des acteurs du secteur des boissons et snacks protéinés haut de gamme, de la nutrition sportive et de la nutrition active.
Sur le plan de la fabrication, la plupart des entreprises du secteur collaborent avec des co-fabricants, car les fonds de capital-risque se montrent réticents à financer des projets d’investissement à grande échelle et les banques sont réticentes à financer des technologies qui n’ont pas encore fait leurs preuves sur le marché.
Source : Food Ingredients & Israël Valley
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