Le Gouvernement français cède à l’antisémitisme de la gauche

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La France adhère chaque jour un peu plus aux thèses antisémites, par lâcheté ou par conviction. Peu importe la cause, le résultat est le même. On peut désormais dire que la France est antisémite. Lorsqu’un gouvernement cède, c’est le pays tout entier qui perd son âme. Le siècle des Lumières, qui a engendré la Révolution française, est mort, et chaque jour l’obscurité se diffuse un peu plus, alimentée par la trahison.

Nous, les Juifs, savons mieux que quiconque quel est le prix à payer pour cet obscurantisme. Notre optimisme irrédentible nous fait toujours croire que la lumière reviendra petit à petit. C’est là tout le sens de Hanouka, la fête des Lumières, qui dure huit jours, et où chaque jour la lumière grandit un peu plus, jusqu’au huitième jour, celui de la libération, où la ménorah brille entièrement. La pensée juive est plus perspicace et plus fulgurante que la pensée occidentale, parce qu’elle se nourrit de la pensée de Dieu. La pensée occidentale ne se nourrit que de la pensée de l’homme, l’être imparfait par excellence. L’histoire ainsi que le présent en sont la preuve. Pour alimenter sa haine de l’autre, il en appelle à ses fantasmes. L’antisémite fantasme le juif et nie la réalité, celle qui pourrait le réveiller du cauchemar dans lequel il se complaît.

Une enquête demandée par le ministère de l’Enseignement supérieur au Cevipof a été annulée par le centre de recherches à la suite d’une campagne organisée par des enseignants et des syndicats de gauche, relayée par La France insoumise.

L’antisémitisme gangrène-t-il la sphère universitaire ? Des agressions et menaces contre des étudiants juifs, récurrentes depuis le pogrom du Hamas le 7 octobre, à la toute récente affaire des messages sur les « génocidaires à boycotter » de l’enseignant-chercheur Julien Théry, qui vient d’être suspendu par la direction de l’université Lyon-2, pas un jour ou presque ne se passe sans que la question agite le débat public.

Philippe Baptiste, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, a voulu y apporter une réponse documentée. « Afin de qualifier, quantifier et analyser ce phénomène avec la rigueur nécessaire », a-t-il annoncé fin avril, « plusieurs projets de recherche ont été lancés, dont celui piloté par une équipe du Cevipof (Centre de recherches politiques de Sciences Po, associé au CNRS), qui comprend une enquête auprès des personnels de l’enseignement supérieur et de la recherche ». Les questions ont été élaborées par des chercheurs du Cevipof, l’Ifop se chargeant du « terrain », c’est-à-dire de la gestion du lien vers les 44 pages de ce sondage en ligne et du recueil des réponses.

Le vent de révolte provoqué par l’enquête

Le 18 novembre, le ministère a demandé aux présidents d’université de diffuser cette enquête auprès de « l’ensemble de leurs personnels », en précisant bien qu’ils auraient le choix d’y répondre ou pas et que leur anonymat serait préservé. Un deuxième sondage sur le même thème, dont l’Ipsos assurait le terrain, devait être adressé aux étudiants, toujours sur la base du volontariat et avec les mêmes garanties d’anonymat.

Mais à peine le premier questionnaire a-t-il été mis en ligne qu’un vent de révolte s’est levé. Comme le révélait Le Monde le 25 novembre, l’association France Universités, qui regroupe un peu plus d’une centaine de présidents de facs et d’établissements d’enseignement supérieur publics, a opposé une fin de non-recevoir à Philippe Baptiste par courrier. De leur côté, les principaux syndicats universitaires, à commencer par le Snesup-FSU, premier chez les enseignants-chercheurs, mais aussi SUD-Education, se sont associés à des associations d’extrême gauche comme la Ligue des droits de l’homme (LDH) ou, encore, la Coordination antifasciste pour l’affirmation des libertés académiques et pédagogiques et l’Union rationaliste, pour dénoncer pêle-mêle une atteinte au règlement général sur la protection des données et à la neutralité de l’État.

Ces mouvements ont même lancé une pétition le 24 novembre pour demander le retrait de l’enquête. Selon eux, rien n’allait ! Il aurait suffi de croiser certaines questions, notamment sur les préférences partisanes, pour identifier les répondants. « La transmission du questionnaire par la voie hiérarchique place les personnels dans une situation ambiguë au regard de leur lien de subordination », affirmaient aussi les signataires, comme si les présidents d’université, une fois le sondage mis en ligne, pouvaient savoir qui y répondait et quoi.

Ces enseignants se plaignaient également que le questionnaire « utilise des concepts» comme « antisémitisme », « islamophobie », « sionisme » sans jamais les définir, ni demander comment les personnes les comprennent ». « Il opère des amalgames problématiques entre actes ou propos antisémites, questions sur la perception des personnes d’origine juive, opinions sur le conflit israélo-palestinien, positionnements politiques et soutien à la cause palestinienne », écrivaient-ils enfin, en affirmant que de telles « confusions » compromettaient « toute interprétation scientifique d’une enquête ».

«Le ministre est un inquisiteur maccarthyste»

Très vite, des enseignants marqués à gauche comme Émilien Houard-Vial ont lancé la mobilisation sur les réseaux. « Au-delà des garanties d’anonymat, le fait de produire des statistiques sur les orientations politiques des agents de la fonction publique ne peut QUE mener à les jeter à la vindicte de médias ultra-orientés, alors que la seule question est de savoir s’ils font bien leur travail », a proclamé ce politiste bien connu des lecteurs de Mediapart. La France insoumise s’en est mêlée par la voix du député Hadrien Clouet, qui a posté ce message tout en nuances : « le ministère de l’Enseignement supérieur lance un grand fichage des agents. Leur but ? Identifier les services “marqués à gauche” et couper les budgets. Le ministre est un inquisiteur maccarthyste ». Pour couronner le tout, la FSU, la LDH et six enseignants-chercheurs ont déposé un recours en urgence devant le Conseil d’Etat lui demandant d’interrompre l’opération.

Anne Muxel, directrice déléguée du Cevipof, nous a confirmé que « l’enquête a été arrêtée ». Elle réfute l’ensemble des accusations portées contre son travail. « Le questionnaire ne confond pas les dimensions de l’antisémitisme, explique-t-elle, mais il prend en compte le fait que ce dernier a plusieurs visages : hostilité aux personnes d’origine juive, hostilité au sionisme, hostilité à Israël etc… ».

La meilleure manière de découvrir que le monde universitaire est exempt d’antisémitisme aurait été de laisser passer cette enquête

Anne Muxel, directrice déléguée du Cevipof
Elle rappelle qu’« il en est de même lorsque l’on tente de saisir n’importe quel racisme : il se décline en plusieurs dimensions, plus ou moins directes, qui ensuite peuvent être croisées ensemble pour voir si elles renvoient à une même attitude ou non. Quant aux termes (antisémitisme, islamophobie, etc.), il y a un certain élitisme à considérer que les répondants ne savent pas ce dont il s’agit. Bien sûr chacun peut avoir des significations différentes et plurielles mais c’est comme cela dans « le monde réel ». Un sondage n’est pas un examen… » « La meilleure manière de découvrir que le monde universitaire est exempt d’antisémitisme aurait été de laisser passer cette enquête », conclut la chercheuse.

«Des phénomènes d’autocensure»

« Les questions qui ont provoqué l’émoi des enseignants sont peu ou prou les mêmes que celles posées dans toutes les enquêtes sur le sujet », rappelle pour sa part Frédéric Dabi, directeur général de l’Ifop, en renvoyant par exemple à la « radiographie de l’antisémitisme » réalisée par son institut en 2024 en collaboration avec L’American Jewish Committee (AJC) et la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol). On trouve des intitulés et des choix de réponses identiques à ceux de l’enquête du Cevipof, par exemple sur « La cause perçue de l’antisémitisme : Le rejet, la haine d’Israël ? Les idées islamistes ? Les idées d’extrême gauche ? Les idées d’extrême droite ? Le complotisme, les théories du complot ? » Et aucun répondant n’a demandé ce que signifiait « antisémitisme ».

Il faut ne rien connaître aux sondages ou faire preuve d’un singulier obscurantisme pour remettre en cause le droit d’interroger une population sur ces sujets

Frédéric Dabi, directeur général de l’Ifop

« Pour mesurer l’intensité des préjugés antisémites, il faut bien citer ces préjugés, ajoute Frédéric Dabi. Quant à la question sur la proximité politique, c’est une constante : elle était déjà posée dans une des toutes premières enquêtes de l’Ifop, en 1938, sur les accords de Munich ! Il en va de même pour les appartenances religieuses. Il faut ne rien connaître aux sondages ou faire preuve d’un singulier obscurantisme pour remettre en cause le droit d’interroger une population sur ces sujets. »

Le directeur de l’Ipsos Brice Teinturier partage l’indignation de son collègue. « Il est curieux que lorsque nous posons ces questions sur l’âge, la profession et la préférence partisane de l’ensemble des Français, ça ne dérange pas les universitaires, mais que cela devienne un problème quand nous interrogeons des enseignants », souligne-t-il. Pour lui, l’initiative du ministère de l’Enseignement supérieur a été la cible d’une « véritable campagne, qui vise à interdire ce type d’enquêtes ». Le sondeur craint « des phénomènes d’autocensure du côté des instituts, qui se diront qu’il n’y a que des coups à prendre ». « C’est très grave pour notre démocratie », prévient-il.

«La liberté de recherche ne se négocie pas»

Philippe Baptiste n’a pas cédé aux injonctions d’arrêter l’enquête. « On nous demande de mettre fin au travail de chercheurs indépendants alors qu’il y a quelques semaines, on nous avait accusé de censure pour avoir simplement alerté le Collège de France sur le problème de pluralisme que pouvait poser son colloque « Palestine et Europe », c’est pour le moins paradoxal », soupire-t-on dans l’entourage du ministre.

« Quant à parler de « fichage » des enseignants, c’est du délire. » Le colloque en question devait traiter, entre autres du « sionisme comme projet européen d’expansion coloniale » et réunissait la fine fleur des universitaires anti-israéliens. Face à la polémique, le Collège de France l’a annulé. Dans le cas de l’étude sur l’antisémitisme à l’université, c’est le Cevipof qui a décidé d’arrêter l’enquête, « les conditions de sérénité et donc de participation suffisante n’étant plus réunies malgré l’importance du sujet ».

Luc Vassy, le directeur de Sciences Po, avait pourtant publiquement soutenu l’institut, « dont la rigueur est connue de tous ». « La liberté de recherche ne se négocie pas », avait-il affirmé. Elle ne se négocie pas, mais elle s’empêche, comme l’avait déjà constaté à ses dépens Frédérique Vidal en 2021 quand, ministre de l’Enseignement supérieur, elle avait voulu confier au CNRS une enquête sur l’islamogauchisme à l’université. La Conférence des présidents d’universités de France, l’ancien nom de France Universités, s’était déjà insurgée, accusant la ministre de s’enfermer dans des « représentations caricaturales ». La liste des sujets interdits vient donc de s’allonger.

JForum.Fr et le Figaro

La rédaction de JForum, retirera d’office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

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