Le gaz naturel d’Israël devrait s’épuiser
Vers une crise énergétique en Israël ? Le Trésor alerte sur une pénurie imminente de gaz naturel
L’alerte est claire, directe, et vient de l’un des plus hauts responsables du ministère israélien des Finances. Dans une lettre adressée au directeur général du ministère de l’Énergie, le superviseur du budget, Yogev Gerdos, tire la sonnette d’alarme : les réserves de gaz naturel en Israël risquent de s’épuiser dans les décennies à venir, menaçant la stabilité énergétique du pays et le pouvoir d’achat de ses citoyens.
Après une décennie marquée par des découvertes majeures et une expansion des exportations, le pays est aujourd’hui confronté à une réalité préoccupante. Selon le Trésor, aucune alternative sérieuse au gaz local n’a été mise en place pour répondre aux besoins croissants en énergie. Le développement des énergies renouvelables reste trop lent, et les infrastructures de stockage ou d’importation n’ont pas suivi.
70 % de l’électricité dépend du gaz
Le tableau dressé est inquiétant : environ 70 % de l’électricité en Israël est actuellement produite à partir de gaz naturel. Toute tension sur l’offre – que ce soit en raison de l’épuisement des réserves ou d’une hausse des prix – se répercuterait immédiatement sur les tarifs payés par les consommateurs. Cette dépendance rend le pays particulièrement vulnérable, d’autant que la part de marché d’un seul acteur, la société américaine Chevron, devient problématique.
Chevron, qui a racheté Noble Energy et détient désormais une position dominante dans les principaux gisements israéliens, suscite l’inquiétude du Trésor. Dans sa lettre, Gerdos évoque une « concentration excessive » autour de l’entreprise, susceptible de provoquer une augmentation rapide et incontrôlée des prix du gaz, et donc de l’électricité. L’Autorité de la concurrence partage cette analyse, tout comme le Conseil de sécurité nationale et le ministère de la Protection de l’environnement.
Pressions américaines et tensions internes
La position dominante de Chevron n’est pas seulement une préoccupation économique. Elle est aussi le fruit de considérations diplomatiques. Il a été révélé que, sous l’administration Trump, Washington aurait fait pression sur Jérusalem pour empêcher toute mesure pouvant porter atteinte aux intérêts de Chevron dans la région, au nom des intérêts stratégiques des États-Unis.
Cette situation cristallise les tensions entre ministères israéliens. Le ministère des Affaires étrangères, dirigé par Eran Bar Tal, estime que le gaz naturel est une ressource stratégique à préserver. Il préconise de limiter les exportations et exige que toute décision de vente de gaz à l’étranger passe par une consultation préalable avec le ministre des Affaires étrangères. Selon lui, « cette ressource naturelle est aussi une carte politique qu’Israël doit savoir jouer avec prudence ».
Accusations de manipulation au sein du gouvernement
La lettre de Gerdos fait également écho à une crise de confiance entre le ministère des Finances et le ministère de l’Énergie, dirigé par Eli Cohen. Le superviseur du budget accuse ce dernier d’avoir présenté un soutien fictif à son nouveau plan gazier. Selon Gerdos, les positions du ministère de l’Énergie ont été affichées comme majoritaires dans un comité interministériel, alors qu’elles ne l’étaient pas réellement. Des membres du comité auraient été trompés par une surreprésentation des délégués du ministère de l’Énergie, créant une « majorité artificielle » en faveur du plan.
Cette manœuvre aurait permis à Eli Cohen de faire avancer son projet de réforme du secteur gazier, malgré l’opposition de plusieurs ministères clés. Ce dernier aurait même prévu une conférence de presse pour annoncer publiquement son plan, que le ministère des Affaires étrangères a demandé de suspendre, faute de consensus gouvernemental.
Une gestion à réviser d’urgence
Face à ces dissensions et à la perspective d’une crise énergétique, la nécessité d’un débat public et transparent devient urgente. L’enjeu dépasse la simple gestion des ressources : il concerne l’indépendance énergétique d’Israël, la stabilité économique du pays, et sa capacité à planifier sur le long terme.
La pression monte, invitant le gouvernement à réviser sa stratégie, limiter les exportations, diversifier les sources d’énergie et imposer un véritable contrôle sur la répartition des ressources. Sans action rapide, l’abondance énergétique qui a suivi les découvertes de gaz pourrait rapidement céder la place à une période de pénurie et d’instabilité.
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