Le coup qui n’a pas eu lieu

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Le coup qui n’a pas eu lieu : quand Saddam Hussein a proposé de tuer Khomeini et que le Shah a refusé

Dans les années 1970, un choix discret mais déterminant s’est joué dans les coulisses du pouvoir au Moyen-Orient, une décision aux conséquences majeures pour toute la région. Saddam Hussein, alors vice-président de l’Irak, aurait proposé au Shah d’Iran d’éliminer l’ayatollah Ruhollah Khomeiny, exilé et chef spirituel de l’opposition iranienne. Cette opportunité, passée sous silence dans les archives officielles, aurait pu changer radicalement le destin de l’Iran et éviter des décennies de conflits.

Khomeiny, banni d’Iran depuis 1964 pour son opposition virulente à la « Révolution blanche » menée par le Shah, avait trouvé refuge à Nadjaf, ville sainte chiite en Irak. De là, il diffusait clandestinement ses sermons en Iran, mobilisant une opposition grandissante contre le régime Pahlavi. La montée en puissance de ce leader religieux inquiétait profondément Saddam Hussein et le régime laïc et autoritaire baasiste irakien, qui redoutait l’influence pan-chiite de Khomeiny sur sa propre majorité chiite.

Face à cette menace, Saddam aurait discrètement transmis au Shah, peut-être lors d’une rencontre secrète à l’ONU, une offre claire : soit l’Irak expulse Khomeiny, soit elle organise son élimination. Le Shah, cependant, refusa catégoriquement cet acte, affirmant que « leur métier n’est pas de tuer des religieux ». Cette réponse, dictée par des principes ou peut-être par prudence politique, s’est révélée lourde de conséquences.

L’historien Amir Taheri rapporte que l’envoyé spécial de Saddam, Barzan al-Tikriti, demi-frère du dictateur et chef des services de renseignements irakiens, s’est rendu à Téhéran en septembre 1978 avec un message de soutien, évoquant aussi la possibilité d’une « liquidation physique » de Khomeiny. Malgré la pression, le Shah demanda uniquement que l’Irak force l’ayatollah à quitter le pays, ce que Saddam fit en octobre 1978, espérant ainsi étouffer cette menace.

Mais cette expulsion n’a fait qu’amplifier la portée de Khomeiny. Installé à Neauphle-le-Château, près de Paris, il bénéficia d’un accès illimité aux médias internationaux. Ses messages révolutionnaires furent largement diffusés en Iran, galvanisant une opposition unifiée qui conduisit au départ du Shah quatre mois plus tard.

Le paradoxe est saisissant : Khomeiny, un homme sans armée ni parti politique, représentait pourtant un défi majeur pour l’autorité monarchique. Sa doctrine mêlant rigueur religieuse chiite et lutte anti-impérialiste touchait toutes les couches de la société iranienne. Il dépeignait le Shah comme un traître religieux et une marionnette étrangère, un message qui résonnait profondément dans un pays divisé.

Pour Saddam Hussein, qui envahit l’Iran en 1980 en sous-estimant la nouvelle République islamique, cette décision de ne pas éliminer Khomeiny fut un échec stratégique. La guerre Iran-Irak dura huit ans, causant la mort de plus d’un million de personnes et dévastant la région. Saddam dut réprimer durement la population chiite irakienne, exécutant de nombreux religieux dans une tentative désespérée d’endiguer l’influence idéologique que Khomeiny avait nourrie.

Quant au Shah, il mourut en exil en 1980, sans jamais revoir l’Iran qu’il avait dirigé pendant près de quarante ans.

Si Saddam Hussein avait accepté de tuer Khomeiny, l’histoire de l’Iran et du Moyen-Orient aurait-elle été différente ? Aurait-on évité la République islamique et ses décennies de troubles ? Peut-être. Mais ce choix, pris dans l’ombre, reste l’un de ces moments où un simple acte ou son refus a redéfini le cours d’une région entière.

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