Le cessez-le-feu à Gaza est-il terminé ?
La question ressurgit à chaque déflagration : le cessez-le-feu à Gaza est-il caduc ? Les dernières heures ont vu des affrontements nourris entre des cellules armées du Hamas et des unités de Tsahal opérant à l’est de la « ligne jaune », ce tracé de retrait provisoire défini dans le cadre de l’accord de trêve. À Rafah, des combats ont opposé des terroristes et des forces israéliennes, tandis que l’aviation a ciblé des infrastructures militaires identifiées dans la zone. Sur le terrain, la ligne de fracture est nette ; politiquement, la trêve reste officiellement en vigueur, mais sous perfusion.
Le choc a été d’abord humain. Deux militaires israéliens de la brigade Nahal, le commandant de compagnie Maj. Yaniv Kula, 26 ans, et le Sgt Itay Yavetz, 21 ans (programme Erez, bataillon 932), ont été tués lors d’une attaque combinée à Rafah. Selon les premiers éléments, l’assaut a mêlé tirs antichars et embuscade à proximité d’un secteur où des unités d’ingénierie israéliennes opéraient. Trois autres soldats ont été blessés. L’armée a riposté par des frappes ciblées, en appui aux forces au sol, afin d’éloigner la menace et d’empêcher de nouvelles tentatives de harcèlement à proximité de la « ligne jaune ».
Ce tracé, progressivement matérialisé sur le terrain, marque le périmètre à l’intérieur duquel Tsahal conserve la liberté d’action militaire pendant la trêve, tandis que des forces ennemies doivent rester au-delà. Il a vocation à réduire le frottement avec les populations et à créer un espace tampon d’observation. Dans les faits, la « ligne jaune » est devenue un test grandeur nature : d’un côté, Israël la considère comme un seuil de sécurité ; de l’autre, le Hamas cherche à éprouver la capacité israélienne à y faire respecter des règles d’engagement, notamment face à des équipes armées ou à des tentatives d’approche sous couvert civil.
Au plan opérationnel, l’Armée de l’air a frappé des cibles à Rafah en rétorsion, tout en réévaluant le « banque d’objectifs » liée aux réseaux de tunnels et aux centres de commandement. Cette dynamique, classique dans la doctrine israélienne, vise à restaurer la dissuasion rapidement après un incident meurtrier. Parallèlement, l’état-major a intensifié la surveillance des corridors souterrains à l’est du tracé, là où l’armée a commencé à neutraliser des segments jugés stratégiques. La séquence confirme que la trêve n’exclut ni la défense proactive des forces, ni des frappes ciblées contre des capacités clandestines lorsque des violations sont constatées.
Politiquement, Jérusalem ménage un équilibre difficile : ne pas laisser impunie une attaque contre ses troupes, sans pour autant déclarer la fin de la trêve. Après le cycle de frappes, les autorités israéliennes ont indiqué reprendre l’application du cessez-le-feu, dans un cadre réaffirmé par les partenaires américains. En clair : la trêve tient juridiquement, mais sa crédibilité dépend désormais d’une série de garde-fous très concrets — liberté d’action ISR près de la « ligne jaune », neutralisation des cellules armées s’en approchant, et poursuite de la destruction de tunnels à portée immédiate des unités terrestres.
Le Hamas, de son côté, nie parfois l’implication directe de ses brigades dans les attaques, évoquant des « zones hors contact » ou des initiatives locales. Cette communication vise à éviter d’endosser la rupture de la trêve, tout en conservant une marge de manœuvre tactique. Mais l’architecture de l’accord repose sur des obligations nettes : pas d’attaques contre les forces israéliennes en retrait contrôlé ; pas de reconstitution active des capacités dans le périmètre sous observation. Toute action hostile près de la « ligne jaune » fragilise le dispositif et nourrit la tentation, côté israélien, d’élargir temporairement la zone de contrôle pour assécher le risque immédiat.
Reste l’enjeu humanitaire et logistique. Chaque escalade entraîne mécaniquement des suspensions de convois d’aide, avant une reprise progressive une fois la sécurité rétablie sur les axes. Cette oscillation est délétère pour les civils, mais elle découle d’un impératif opérationnel : tant que des équipes armées cherchent à exploiter l’ambiguïté des zones de contact, la protection des forces et des convois impose des arrêts ponctuels, puis une relance sous escorte.
À ce stade, la réponse la plus réaliste parait double. D’une part, maintenir le cessez-le-feu comme cadre juridique, précisément pour isoler et sanctionner les violations sans tout faire basculer. D’autre part, durcir les mécanismes de « déconfliction » autour de la « ligne jaune » : délimitations visibles, notifications plus fines de mouvements, tirs de neutralisation gradués contre toute approche armée, et destruction accélérée des tunnels qui donnent aux attaques cette profondeur tactique.
La sécurité des soldats et des civils israéliens commande la suite : une trêve crédible n’existe que si ses lignes rouges sont tenues. En combinant liberté d’action près de la « ligne jaune », neutralisation ciblée des capacités du Hamas et reprise encadrée de l’aide, Israël peut contenir l’escalade sans renoncer à sa défense. C’est à ces conditions que la trêve, certes fragile, restera un outil utile — et non un piège.
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