Présenté comme la future forteresse antimissile des États-Unis, le programme «Golden Dome» peine à sortir du brouillard. Derrière le secret-défense, des estimations budgétaires délirantes et de sérieux doutes sur sa faisabilité.
Si l’enveloppe de 175 milliards semblait déjà astronomique, elle pourrait en réalité être revue à la hausse. Selon des analystes du secteur et des groupes de réflexion spécialisés interrogés par Bloomberg, le montant total pourrait se trouver entre 252 milliards et… 3.600 milliards de dollars (3.060 milliards d’euros) –étalés sur vingt ans, selon le niveau d’ambition retenu et le nombre effectif de satellites nécessaires.
Le Bureau du Budget du Congrès américain avance de son côté un coût probable entre 542 et 831 milliards de dollars (460 et 706 milliards d’euros). La volatilité de ces estimations révèle une chose: chaque nouvelle exigence technique, chaque nouveau contre-temps, mise à jour ou modification du système, peut faire exploser la facture définitive, explique Futurism.
Peu efficace et très cher
Ce n’est pas la première fois que les États-Unis veulent se doter d’un dôme protecteur. Depuis les années 1980, le fantasme de la défense spatiale a englouti près de 400 milliards de dollars (340 milliards d’euros), sans jamais aboutir à un système fiable. Les précédents essais, relève la rédaction de Slate US, n’ont permis d’intercepter qu’une seule ogive fictive lors de tests particulièrement biaisés.
En dépit des promesses, l’interception de missiles balistiques, surtout dans la phase initiale de leur trajectoire (ou boost phase), s’avère techniquement presque irréalisable. La complexité augmente encore dès lors que les trajectoires, les contremesures et les nouvelles générations d’engins hypersoniques entrent en jeu.
Ce projet titanesque ressemble à nombre d’autres chantiers d’envergure lancés sous l’ère Trump: des rêves d’infrastructure hors de prix qui visent avant tout à faire le bonheur du secteur privé. Les grands groupes de la défense (Lockheed Martin, Raytheon…) se préparent d’ailleurs déjà à répondre à d’éventuels appels d’offres monumentaux. Pourtant, un nombre croissant d’experts doutent de la viabilité stratégique et opérationnelle d’un tel dôme et dénoncent un système qui deviendrait vite une cible, vulnérable à une simple attaque contre un de ses satellites.
Le «Golden Dome» risque bien de rester dans l’histoire comme une utopie technologique énergivore, coûteuse et vouée à rester inachevée, dont la principale caractéristique sera d’avoir dilapidé des fortunes pour remplir les poches de grands groupes privés sans jamais garantir la sécurité promise.
SLATE.FR
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