L’aide à Gaza passe sous contrôle américain

Les États-Unis Assument le Contrôle de l’Aide à Gaza

Dans un tournant significatif pour la gestion de la crise humanitaire à Gaza, les États-Unis ont pris la main sur la supervision des convois d’aide entrant dans l’enclave palestinienne. Ce changement, survenu récemment, marque un ajustement majeur dans les mécanismes mis en place suite au plan de paix impulsé par le président Donald Trump. Alors qu’Israël conserve une place consultative, les décisions finales relèvent désormais d’une structure élargie pilotée par Washington, visant à fluidifier l’acheminement des secours essentiels pour des centaines de milliers de civils.

Ce transfert de responsabilités s’inscrit dans le cadre d’un cessez-le-feu fragile, entamé il y a un mois entre Israël et le Hamas, qui a permis une pause dans les hostilités après deux années de conflit. Le plan de Trump, dévoilé fin septembre lors d’une conférence à la Maison Blanche en présence du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, repose sur une vingtaine de points concrets. Parmi eux, l’engagement à « ouvrir grand les vannes de l’aide » pour contrer la spirale de la famine et des privations. Mais sur le terrain, la mise en œuvre patine : depuis l’entrée en vigueur de la trêve le 10 octobre, seuls quelques milliers de camions ont franchi les postes-frontières, un flux bien en deçà des besoins estimés à plus de 500 par jour selon les agences onusiennes.

Au cœur de cette nouvelle organisation trône le Centre de coordination civilo-militaire (CMCC), implanté à Kiryat Gat, en territoire israélien. Dirigé par des officiers américains du Commandement central (CENTCOM), ce hub logistique évalue les cargaisons, valide les itinéraires et coordonne les distributions internes. Israël, qui gérait auparavant ces opérations via ses propres unités militaires, se voit relégué à un rôle d’appui : ses représentants participent aux briefings et aux échanges sur la composition des aides – nourriture, médicaments, matériel de construction –, mais les arbitrages reviennent à un comité multinational incluant des experts américains et des observateurs internationaux. Un haut responsable de la sécurité israélienne a confirmé cette collaboration accrue, soulignant que les forces de Washington surveillent non seulement les flux d’aide, mais aussi le respect global du cessez-le-feu, via des drones et des systèmes de suivi en temps réel.

Cette opacité logistique a aussi alimenté des tensions. La semaine dernière, le CENTCOM a diffusé une vidéo sur les réseaux sociaux montrant des individus, décrits comme affiliés au Hamas, interceptant un camion près de Khan Younès, dans le nord de Gaza. L’incident, présenté comme un pillage délibéré, a ravivé les accusations de détournement systématique des secours. Le groupe palestinien a riposté en qualifiant ces allégations de « fabriquées », arguant qu’elles visent à justifier une réduction des livraisons déjà parcimonieuses. Parallèlement, des demandes d’importation d’équipements d’abri – tentes, isolants, générateurs – ont été rejetées à 23 reprises depuis la trêve, selon des clusters humanitaires, laissant des stocks massifs bloqués en Égypte, Jordanie et même en Israël.

Jan Egeland, figure emblématique du Conseil norvégien pour les réfugiés, a salué ce recentrage américain comme une « avancée encourageante ». « La promesse d’une aide massive du plan de paix est encore entravée, mais ce pilotage élargi par Washington restaure une crédibilité vitale », a-t-il déclaré. Les agences comme l’UNRWA et Médecins Sans Frontières plaident pour une accélération : ouverture totale des passages, exemption douanière pour les biens non militaires, et un monitoring indépendant pour prévenir les sabotages. Le CENTCOM, de son côté, a promis d’intensifier ses opérations de surveillance, sans pour autant déployer de troupes au sol – une ligne rouge maintenue pour éviter une escalade.

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