La Syrie ne fera pas la paix avec Israël

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La Syrie ne fera pas la paix avec Israël

La normalisation entre Damas et Jérusalem n’est pas à l’ordre du jour — et le message vient du plus haut niveau syrien. Dans un entretien nocturne accordé à une chaîne américaine, le président Ahmed al-Sharaa a fermé la porte à toute discussion immédiate avec Israël. Il invoque un différend « structurel » : la frontière commune et la question du Golan, que la Syrie considère occupé. En creux, Damas laisse néanmoins entendre qu’un rôle américain pourrait, à terme, faciliter des évolutions, à condition que les paramètres de sécurité et de souveraineté soient reconfigurés.

Cette prise de position survient au lendemain d’une rencontre aussi spectaculaire que discrète à la Maison Blanche. Reçu par le président Donald Trump, al-Sharaa a multiplié les signaux d’ouverture envers Washington tout en martelant ses lignes rouges régionales. Aucune conférence de presse conjointe, un accès par une entrée latérale, des images publiées d’abord par la partie syrienne : la mise en scène traduit l’équilibre recherché entre prudence diplomatique et message fort. Côté américain, la tonalité a été pragmatique : encouragements à la stabilité syrienne, compliments personnels, et promesse d’un dialogue suivi — sans faire miroiter, pour l’instant, de percée sur Israël.

Le volet économique est tout aussi révélateur. Le secrétaire d’État Marco Rubio a annoncé une suspension partielle et conditionnelle de plusieurs mesures prévues par la loi César, l’arsenal adopté en 2019 pour sanctionner les soutiens au régime syrien. L’objectif affiché : tester la capacité de Damas à engager des réformes tangibles, relancer son économie exsangue et renouer, prudemment, avec les circuits internationaux. Dans les faits, la suspension n’est ni générale ni illimitée ; elle vise à desserrer certains verrous financiers et humanitaires, tout en laissant la possibilité d’un rétablissement rapide si les engagements ne sont pas tenus.

Pour la Syrie, l’enjeu est double. D’un côté, arracher des gestes concrets qui facilitent la reprise, la reconstruction et la réintégration diplomatique ; de l’autre, éviter de payer un prix politique intérieur en donnant le sentiment de brader ses positions historiques, notamment sur le Golan et la présence d’alliés régionaux. Pour Israël, la ligne est claire : tant que le dossier du Golan reste fermé et que l’architecture sécuritaire au nord demeure instable, une normalisation formelle avec Damas apparaît improbable. Les parties se toisent, mais sans signal de rapprochement immédiat.

À l’international, le balancier bouge. Plusieurs capitales testent un « déconfinement » diplomatique à l’égard de Damas, tandis que des mesures de sanctions sont allégées çà et là. Cependant, nul ne s’y trompe : un allègement n’est pas une levée, et une suspension n’est pas une absolution. La crédibilité des gestes syriens — gouvernance, droits, sécurité des frontières, lutte contre les groupes armés — conditionnera la profondeur du dégel. Quant à l’idée d’un « grand marchandage » incluant une voie rapide vers la normalisation avec Israël, elle demeure hypothétique tant que les paramètres territoriaux et sécuritaires fondamentaux ne bougent pas.

En somme, l’axe Washington-Damas s’ouvre, prudemment, sous contrôle américain et avec un calendrier indexé sur des preuves de bonne foi. Sur le front israélo-syrien, rien ne laisse entrevoir une percée prochainement : les dossiers lourds — Golan, sécurité, garanties internationales — restent verrouillés. La séquence actuelle ressemble moins à une révolution diplomatique qu’à un test grandeur nature : si Damas transforme l’essai, les incitations se prolongeront ; dans le cas contraire, le couvercle des sanctions pourra retomber sans délai.

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