La solution de Le Cornu: faire les poches des retraités

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Le gouvernement Le Cornu II, va signer sa mort avec son budget. Incapable de réduire les dépenses de l’Etat, il veut faire les poches des retraités. C’est du moins en l’état, sa volonté, qui va être contrariée par les amendements, voire de nouvelles motions de censure.

La pression fiscale qui va encore augmenter, va rendre le gouvernement insupportable, et dans sa chute Le Cornu va entrainer dans les tréfonds tous ses soutiens compris les LR. Il offrira une voie royale au RN qui aura un boulevard jusqu’aux portes du pouvoir.

Après l’année blanche prévue dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, le gouvernement Lecornu envisage de sous-indexer les pensions de retraite – les augmenter moins que l’inflation – pendant trois ans.

Une année blanche peut en cacher une autre. Tel qu’il a été présenté aux parlementaires, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) préparé par le gouvernement Lecornu reprend en grande partie la copie de l’équipe Bayrou. Ainsi, une « année blanche » est prévue en 2026, avec un gel des montants de toutes les prestations sociales et donc des pensions de retraite, lesquelles sont normalement rehaussées chaque année en fonction de l’inflation (+5,3 % en 2024 et +2,2 % en 2025). Ce gel devrait économiser 3,6 milliards d’euros en 2026. Mais le gouvernement veut aller encore plus loin et diminuer les pensions de retraite jusqu’en 2029.

Alors que la mise en œuvre concrète de la suspension de la réforme des retraites, annoncée mardi par Sébastien Lecornu pour échapper à la censure des députés, fait couler beaucoup d’encre, le PLFSS souligne que « malgré la réforme de 2023, la branche vieillesse reste structurellement déficitaire et – sans mesures de redressement – son déficit devrait continuer à se creuser dans les prochaines années ». Le gouvernement propose donc de sous-indexer de 0,4 point le montant des pensions de retraite. « Cet effort demandé aux retraités permettra une économie de 3,8 milliards d’euros en 2027, puis de 4,9 milliards d’euros en 2028 et de 6,1 milliards d’euros en 2029. »

L’exemple de l’Agirc-Arrco

Sous-indexer les pensions de base – c’est-à-dire les augmenter moins que l’inflation- ne devrait cependant pas être une sinécure. Michel Barnier avait tenté de mettre en place cette mesure impopulaire et c’est l’une des raisons qui a précipité la chute de son gouvernement fin 2024. C’est pourtant une habitude pour le régime complémentaire. L’Agirc-Arrco, l’organisme géré par les partenaires sociaux, chargé du versement des retraites complémentaires à tous les salariés du privé (soit plus de 14 millions de personnes), a en effet sous-indexé systématiquement les pensions versées ces dernières années, dans le respect de sa règle d’or imposant au régime de disposer de l’équivalent de six mois de versements de retraites complémentaires dans ses caisses.

La désindexation des pensions est l’un des principaux leviers permettant de réduire les dépenses liées aux retraites, avec la modification de l’âge de départ, du nombre de trimestres requis ou la hausse des cotisations. Chacune de ces mesures est toutefois explosive, comme l’ont montré les manifestations de 2023 contre le décalage de l’âge de départ de 62 à 64 ans. Augmenter les cotisations – et donc diminuer soit les salaires des travailleurs soit les marges des entreprises – serait également très impopulaire. La sous-indexation apparaît donc comme un moindre mal, et c’est d’ailleurs ce que préconisait le comité de suivi des retraites (CSR), rattaché à Matignon, dans un avis publié cet été.

«Favoriser la solidarité intergénérationnelle»

Ce comité d’experts considère que « des marges de manœuvre existent pour mobiliser le levier de la sous-indexation dans les régimes de base afin d’assurer le retour à l’équilibre du système de retraite d’ici 2030 ». Si rien n’est fait, les comptes s’enfonceront dans le rouge : la Cour des comptes table en effet sur un déficit de 15 milliards d’euros par an d’ici 2035 et de 30 milliards par an à partir de 2045, en l’absence de nouvelles mesures concrètes. Quel que soit le gouvernement en place, l’avenir du système de retraite reste donc l’éléphant dans la pièce du déficit public : les pensions représentent 13,9 % du PIB en 2024 et près d’un quart des dépenses publiques.

Il serait paradoxal de prioriser le pouvoir d’achat des retraités sur celui des jeunes actifs

Le comité de suivi des retraites

Une sous-indexation des pensions pourrait également permettre de revenir à l’esprit du système actuel par répartition – où les actifs cotisent pour leurs aînés – en le rééquilibrant, car le vieillissement de la population fait chanceler ce principe de solidarité. La France comptait quatre travailleurs pour un retraité au début des années 1960, contre 1,5 pour 1 début 2020. « Il serait paradoxal de prioriser le pouvoir d’achat des retraités sur celui des jeunes actifs pour préserver, voire favoriser la solidarité intergénérationnelle », note le CSR. Le PLFSS rappelle par ailleurs que « les revalorisations des pensions survenues entre 2021 et 2025 ont permis de préserver davantage le pouvoir d’achat des retraités que les hausses de salaires celui des actifs ».

Une mobilisation le 6 novembre

Le niveau de vie des retraités expliquerait en outre le taux d’épargne en hausse des Français, lesquels économisent en moyenne près de 20 % de leur revenu disponible. Une augmentation « surtout portée par les plus de 65 ans », selon une étude de l’institut privé Rexecode. Un matelas de sécurité qui explique que « les retraités n’ont pas (ou peu) subi de perte de pouvoir d’achat pendant le choc inflationniste, contrairement aux actifs ». L’économiste Anthony Morlet-Lavidalie, de Rexecode, ajoute que « les retraités du baby-boom disposent d’une situation patrimoniale nettement plus favorable que celle de leurs parents, et sans doute aussi que celle à venir de leurs enfants ».

Mais rien n’est encore écrit. La sous-indexation envisagée par la première version du PLFSS, comme toutes les autres mesures concernant les retraités (rabot du cumul emploi retraite, remplacement de l’abattement de 10 % sur les pensions par un forfait de 2000 euros, etc.), n’est à l’heure actuelle qu’une proposition figurant dans le projet de loi. Le gouvernement ayant renoncé à utiliser l’article 49.3, les parlementaires pourraient s’en donner à cœur joie pour supprimer ou remplacer ces mesures. Les syndicats ne sont pas en reste. Sophie Binet, numéro 1 de la CGT, a annoncé une journée de mobilisation le 6 novembre contre ce budget « catastrophique », qu’il faut « absolument modifier en profondeur ». Les débats sur les retraites ne font que commencer.

Le FIGARO & JForum.Fr

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