Avec près d’un million d’immigrés venant de Russie les israéliens ont toute les clés pour comprendre vraiment ce qui se passe en Russie. Pas un israélien d’origine Russe qui ne suit pas les news de l’ex-pays. Et les israéliens savent ce qui se passe en Eussie qui ne se résume pas à Poutine. Le pays tient le coup. Xerfi fait une synthèse brillante de l’économie du pays.
L’économie russe tient toujours debout. N’en déplaise aux Cassandre, l’économie russe ne s’est pas effondrée, ou pas encore du moins. La croissance fait de la résistance et le FMI prévoit pour le pays encore près de 1% en 2026. L’économie russe plie, mais ne rompt pas car la demande publique s’est substituée à l’investissement privé : commandes militaires (l’appareil productif est fortement sollicité par l’effort de guerre), transferts sociaux massifs en soutien au pouvoir d’achat et subventions aux entreprises alimentent l’activité. Si Moscou parvient à tenir financièrement, c’est que la rente issue des matières premières ne s’est pas tarie, même si les flux se sont réduits compte tenu des conditions tarifaires pratiquées.
Contournement des sanctions et réseaux parallèles.
Le blocus et les embargos occidentaux ont sans doute pesé sur le niveau de production de pétrole, par exemple, mais ce dernier ne s’est pas effondré. Acheminé via des centaines de tankers vieillissants qui constituent la « shadow fleet », le brut russe trouve des débouchés en Chine, en Turquie, en Inde. Les sanctions des Occidentaux dans ce domaine sont parfaitement contournées. Tout comme leur volonté de couper les sources d’approvisionnement du marché russe. Les importations parallèles via des pays tiers ont reconstitué l’accès à des biens intermédiaires et d’équipement. C’est moins efficace et plus cher, mais suffisant pour maintenir la production civile et militaire au-dessus du seuil de rupture. Coupée de l’Occident, la Russie est parvenue à trouver auprès des autres pays émergents un ensemble commercial qui lui offre une alternative, en matière d’approvisionnement : l’explosion des exportations chinoises vers la Fédération, passées de moins de 70 à 110 milliards de dollars annuels depuis le début du conflit, en témoigne, même si elles se tassent depuis peu.
Un marché du travail sous tension.
Mobilisation, départs et réorientation sectorielle raréfient la main-d’œuvre, mais l’emploi reste élevé et progresse grâce aux commandes de l’État qui font tourner l’outil industriel à haute cadence. La surchauffe n’est d’ailleurs pas loin, avec un taux de chômage à peine supérieur à 2%. Les salaires nominaux augmentent, alimentent le pouvoir d’achat, la consommation… mais aussi l’inflation, qui reste néanmoins nettement inférieure à la progression des salaires.
Stabilité monétaire et rôle central de l’État.
Le contrôle des capitaux et la crédibilité de la Banque centrale contribuent également à surmonter les difficultés actuelles. Le rouble est encadré par des restrictions de sorties et par une Banque de Russie qui privilégie la désinflation. Le taux directeur a été porté à plus de 20% avant de redescendre à 17%. Le message est clair pour les ménages et les entreprises : la stabilité des prix prime, ce qui évite la panique financière. Enfin, l’État arbitre (et ponctionne) pour prolonger la séquence. Tours de vis fiscaux et affectation prioritaire aux postes « défense-sécurité » : le Trésor sécurise ses ressources pour tenir la ligne. Cela n’est pas neutre pour la croissance future, mais cela finance le présent.
Une résilience qui cache des fissures.
La Russie ne s’effondre pas parce qu’elle a basculé dans une économie d’allocation : État acheteur en dernier ressort, revenus d’hydrocarbures redirigés, finance contrôlée, importations contournées. La contrepartie est connue : stagflation molle, investissement privé déprimé, productivité dégradée, déficit sous pression. La Russie est engagée dans un conflit majeur avec l’Occident. Contre toute attente, ses digues ont tenu bon, mais des fissures apparaissent. Les sanctions occidentales semblent devoir agir comme un poison à diffusion lente ; la guerre économique est aussi une guerre d’usure.
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