La préservation de l’État de droit est indispensable à la prospérité économique d’Israël.

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Mobilisés par Tsahal, des travailleurs indépendants ont dû fermer leurs commerces, perdant leurs investissements et sources de revenu. Les salariés ont vu leurs salaires gelés alors que les prix au détail continuent de s’envoler, entrainant une perte sensible de leur pouvoir d’achat.

Certes, l’État a versé des dédommagements aux déplacés et victimes de la guerre, mais les aides sont lentes et partielles ; sans compter que les critères d’attribution sont parfois sévères et laissent sur le carreau de nombreux professionnels. La pauvreté n’est pas un phénomène nouveau en Israël ; en revanche, elle s’est aggravée depuis le début des années 2000 avec le vent de libéralisme qui a soufflé sur le pays et lorsque le filet de protection sociale s’est aminci. Quant à la politique fiscale mise en place durant cette guerre, elle continue de favoriser les plus riches et de couper dans les services publics aux plus pauvres.

L’augmentation significative du volume de migration négative est une des autres retombées significatives de la guerre actuelle sur l’unité de la société israélienne. En 2024, 82 700 Israéliens ont quitté le pays, contre seulement 23 800 citoyens qui sont revenus au pays. Israël a donc perdu 58 900 habitants uniquement par le biais des migrations des Israéliens vers des pays plus accueillants (7). Les émigrants actuels se caractérisent par un niveau socio-économique et éducatif plus élevé que la moyenne nationale. Or en Israël, la démographie est un fort moteur de la croissance économique, qui repose sur la matière grise de sa population. Les conséquences négatives de l’émigration sont donc très vastes ; la fuite des cerveaux est préjudiciable à l’économie et elle est un facteur d’appauvrissement sociétal.

Rails de la croissance

Les conflits en cours au Proche-Orient continueront d’exercer une influence majeure sur les perspectives de l’économie israélienne. Selon les récentes prévisions de l’OCDE (8), la croissance du PIB israélien s’établira à un petit 2,4 % en 2025 avant de repartir à 4,6 % en 2026. Une normalisation du climat économique devrait favoriser un redressement des exportations, notamment dans les services de hautes technologies, de la consommation privée et des investissements, alors que la consommation publique va se ralentir.

La reprise de l’activité économique, amorcée modérément au second semestre de 2024, ne garantit pas le retour d’une croissance forte et durable en 2025. Des réformes structurelles sont nécessaires pour remettre l’économie sur les rails de la croissance et améliorer durablement les niveaux de vie. Il s’agirait de rehausser la productivité en améliorant les compétences des Juifs ultraorthodoxes et des Arabes israéliens pour mieux les intégrer sur le marché du travail, de réaliser des investissements massifs en infrastructures, de réduire les obstacles à la concurrence et d’assurer un niveau suffisant de financement dans l’éducation et la recherche. Quant à la préservation de l’État de droit, elle devient indispensable à la prospérité économique d’Israël.

JAQUES BENDELAC.

Notes

(1) Central Bureau of Statistics, Israel’s National Accounts 2023, Jerusalem, 2024.

(2) Central Bureau of Statistics, Statistical Abstract of Israel 2022, Jerusalem, 2023.

(3) Central Bureau of Statistics, Israel’s National Accounts 2024, Jerusalem, 2025.

(4) OCDE, Statistiques des recettes publiques 2024, Éditions OCDE, Paris, 2024.

(5) Bank of Israel, « The Monetary Committee decides to leave the interest rate unchanged at 4.5 percent », communiqué de presse, 24 février 2025.

(6) Niza Kasir, Rina Pines, Nethanel Flam, Report on the Dimensions of Poverty and Income Inequality 2023, The National Insurance Institute, Jerusalem, 2024.

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