Paru dans le Yated Nééman en date du 2 novembre 2025
Que pense-t-on dans le milieu sioniste-religieux en ce qui concerne la question de l’enrôlement des jeunes orthodoxes à l’armée ? Il est bon à cet égard de rappeler les paroles de celui qu’ils considèrent comme leur guide spirituel, le rav Kook (décédé voici exactement 90 ans), dans son ouvrage Igueroth HaRaïa (lettre n° 75 ainsi que parue dans l’édition du Mossad harav Kook), où il défend vigoureusement les étudiants de Tora !
« Le gouvernement doit veiller à ne pas toucher aux cordes sensibles de chaque foi et de chaque religion. Selon notre conscience religieuse, la ruine des Yechivoth, causée par la conscription de leurs meilleurs élèves, constitue pour nous une catastrophe religieuse terrible. Les Yechivoth ne furent jamais fondées seulement pour former des rabbins ; elles sont des sanctuaires de Tora qu’il est de notre devoir religieux de préserver en tout lieu. De même qu’aucun gouvernement éclairé n’oserait détruire nos synagogues ni brûler nos livres sacrés, de même il ne saurait promulguer une loi qui ruinerait nos Yechivoth. Une telle perte serait irréparable. »
Et il ajoute : « L’étude de la Tora est plus grande encore que les sacrifices quotidiens et que toute autre œuvre sainte. Si le gouvernement abolit nos Yechivoth, c’est comme s’il décrétait une persécution religieuse (guezérath chmad). Même lorsque nos ancêtres étaient engagés dans la conquête de la terre, Josué fut réprimandé par l’Ange de l’Éternel pour avoir suspendu l’étude de la Tora ne serait-ce qu’un jour. Selon la Tora d’Israël, il est interdit de contraindre les sages à aller combattre. Le péché d’imposer cela est si grave que les Sages ont critiqué le roi Assa, homme juste, pour avoir mobilisé les érudits de la Tora — et il fut puni dans ses jambes. »
Et encore : « Nous voyons combien il est grave de forcer les érudits à participer à la guerre, même à une guerre sainte, car même Avraham, dans la guerre contre les rois, fut puni pour cela, bien que cette guerre eût été approuvée par le Ciel. »
« La réussite de l’État dépend de la présence en son sein des érudits de la Tora, car c’est grâce à eux que la guerre est remportée. Ils apportent à l’État bien plus que les soldats eux-mêmes. Les combattants dirent à David : “Tu seras pour nous comme une ville de secours” (Chemouel/Samuel II,18,3), que le Targoum traduit : “Par ta prière”. Et le Talmud enseigne (Sanhédrin 42b) : sans David étudiant la Tora, Yoav n’aurait pas remporté la guerre. Leur force spirituelle agit pour le pays plus puissamment que leur force matérielle, car ils diffusent autour d’eux sainteté et foi. C’est pourquoi la mission d’étudier la Tora est si élevée en Israël qu’elle ne peut être repoussée, même par l’ordre d’un roi. Forcer les érudits à quitter leur étude pour des tâches matérielles est interdit en tout temps. »
Dont acte.
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