« La plus précieuse des marchandises », un conte animé qui n’oublie rien des horreurs de la Shoah
Le premier long-métrage d’animation de Michel Hazanavicius porte avec délicatesse la mémoire des Justes dans une histoire lumineuse.
Par Valentin Etancelin
CINÉMA – Raconter la Shoah avec délicatesse, sans rien omettre de ses horreurs. C’est le pari (réussi) de Michel Hazanavicius qui, ce mercredi 20 novembre, revient au cinéma avec son nouveau film, un premier long-métrage d’animation baptisé La plus précieuse des marchandises.
Son histoire, qui nous plonge en Pologne en pleine Seconde Guerre mondiale, c’est celle de « pauvre bûcheron » et « pauvre bûcheronne ». Plusieurs années après la perte précoce de leur enfant, pauvre bûcheronne ne rêve toujours que d’une chose : redevenir maman.
Un beau jour, alors qu’elle passe à côté du chemin de fer sur lequel file quotidiennement le train qui emmène les Juifs vers les camps de la mort, elle entend un bruit. C’est un cri. Pas n’importe lequel. Ce sont des pleurs de bébé. Là, dans la neige. Il a été jeté d’un wagon en plein vol par son père. Pauvre bûcheronne n’hésite pas une seconde avant de le récupérer et de le ramener à la maison.
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Une décision qui ne semble pas être du goût de son époux. Cette petite fille est l’enfant d’un Juif, un « sans-cœur », comme il les appelle. Hors de question qu’elle reste à la maison. « Si les dieux du train m’ont confié cette marchandise, ce n’est pas pour qu’elle meure. Elle vivra », lui rétorque pauvre bûcheronne, bien décidée à l’élever.
À quel prix ? Dans le contexte antisémite de l’Europe des années 1940, pauvre bûcheronne, illettrée et sans le sou, va devoir affronter une série de rudes épreuves avec sa fille adoptive, tandis que dans le camp d’extermination où il a été envoyé, le père biologique de l’enfant vit, lui, le pire des cauchemars.
À la mémoire des Justes
Présentée lors du dernier Festival de Cannes, cette adaptation du roman éponyme de Jean-Claude Grumberg met en images bien des atrocités de la Shoah. Attention, il faut s’accrocher devant les dessins des corps morts horrifiés qui s’entassent les uns sur les autres. La tristesse et la détresse des Juifs déportés ne sont pas éludées. Certains des discours les plus racistes de l’époque, non plus.
Mais La plus précieuse des marchandises ne se cantonne pas à ça. C’est un conte. « Ce n’est pas une histoire sur l’horreur, ou sur les camps, ça transcende cela, estime le réalisateur dans les notes de production. C’est un mouvement des ténèbres vers la lumière, c’est une histoire lumineuse, qui révèle ce que l’homme – et en premier lieu la femme – a de meilleur. »
Il précise : « C’est une pulsion de vie. Et si le film appelle à se souvenir de quelque chose ou de quelqu’un, ce sont des Justes. Ces hommes et ces femmes qui ont sauvé des vies au péril de la leur. C’est eux que le film célèbre. » Michel Hazanavicius n’entend pas faire un travail de mémoire, mais dit être fier de promouvoir « un film qui porte une voix humaniste, apaisée et pacifique ».
Passionné par le dessin depuis l’âge de 10 ans, Michel Hazanavicius a lui-même esquissé les personnages et les paysages. Son récit graphique traverse les saisons et les décors et s’inspire de la peinture de Gustave Courbet ou des esquisses japonaises. Au paroxysme de l’horreur, on y décèle même une référence au Cri, la célèbre toile d’Edvard Munch. Le trait, plutôt épais au début, s’affine au fur et à mesure de la progression de l’histoire. L’animation s’épure et laisse place à de sobres illustrations, notamment pour figurer les camps de concentration.
« La plus précieuse des marchandises » arrive en salles, ce mercredi 20 novembre.
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