La performance de l’économie espagnole est incroyable. Israël va t-il en profiter?

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EDITORIAL. Yael Cohen Benatar. Les tensions entre l’Espagne et Israël entrainent une détérioration du commerce bilatéral. Pour les israéliens l’Espagne n’est plus véritablement un pays ami. L’Espagne progresse sur le plan économique mais il faut le reconnaître : la dynamique de coopération est faible. Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, en représailles aux attaques du 7 octobre, l’Espagne tient des positions très critiques à l’égard des autorités israéliennes. Elle est aussi une voix forte en soutien à la cause palestinienne, portant sur la scène européenne cette idée d’une reconnaissance de l’Etat de Palestine.

Le Club espagnol des exportateurs et des investisseurs a déclaré que les relations commerciales entre l’Espagne et Israël se détériorent à un rythme qui s’accélère progressivement, indiquent le site Internet espagnol Embresa Outside et d’autres journaux espagnols.

Les exportations espagnoles vers Israël ont diminué de 11,7 % en 2023, à 1,9 milliard d’euros (2 milliards de dollars), contre 2,16 milliards d’euros en 2022. La baisse la plus importante a eu lieu au dernier trimestre de l’année dernière, suite au déclenchement de la guerre dans la bande de Gaza, en raison des destructions massives provoquées par la machine militaire israélienne et la détérioration des relations diplomatiques entre les deux pays.

Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a rappelé récemment que « l’Espagne est un pays de tolérance où l’antisémitisme n’a pas sa place ». 

José Manuel Albares a également précisé que l’Espagne rejetait « l’attaque terroriste brutale du Hamas » .  Une querelle diplomatique intervient alors que les relations entre l’Espagne et Israël se sont détériorées après l’annonce par le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, en mai dernier, de la reconnaissance par son pays de l’État palestinien (aux côtés de la Norvège et de l’Irlande). 

XERFI . « C’est à se demander si l’Espagne n’a pas trouvé la martingale de la croissance. Depuis trois ans et demi, trimestre après trimestre, l’économie espagnole surclasse systématiquement le reste de la zone euro. L’année dernière, Madrid a encore surpris en affichant un PIB en hausse de 3,2% malgré des inondations catastrophiques, loin devant ses partenaires européens et même au-dessus des États-Unis. Une consommation des ménages solide, des exportateurs performants, des entreprises qui investissent et embauchent massivement, le taux de chômage est tombé au plus bas depuis 2008, y compris chez les jeunes. La copie rendue par l’Espagne est parfaite. Elle se permet même le luxe d’assainir ses finances publiques, ramenant son taux d’endettement de 119 à 104% du PIB entre 2020 et 2024.


Une facture énergétique sous contrôle


Mais que se cache-t-il derrière cette performance de l’économie espagnole, au point qu’elle représente à elle seule près de 50% de la croissance de la zone euro depuis deux ans ? D’abord un facteur temporaire : le coût de l’énergie. La moindre dépendance aux hydrocarbures russes, combinée à la protection offerte par « le mécanisme ibérique » de plafonnement des prix de l’électricité, a permis de contenir la hausse des prix de l’énergie. Résultat : pas de flambée incontrôlée des factures ni pour les ménages ni pour les industriels, pas de choc inflationniste ravageur.


Le retour triomphal des touristes


Autre atout majeur : le retour en force des touristes. Après avoir particulièrement souffert des restrictions sanitaires, l’Espagne a explosé tous les compteurs en 2024 : 94 millions de visiteurs, record battu ; 126 milliards d’euros de recettes touristiques, record pulvérisé. Un succès indéniable avec un côté plus sombre toutefois, lié aux conséquences du surtourisme, notamment sur les prix de l’immobilier, qui attisent la grogne des habitants. Le soufflé va irrémédiablement retomber de ce côté-là.


Une main-d’œuvre régénérée par l’immigration


Les effets sur la croissance du gonflement de la population en âge de travailler semblent en revanche plus durables. Un boum entraîné par un afflux massif de travailleurs étrangers : entre 2022 et 2024, plus de 2 millions d’immigrés sont arrivés sur le sol espagnol. Une population jeune, formée, en provenance principalement d’Amérique du Sud (Colombie, Pérou, Venezuela…), d’Europe (Ukraine, Italie) et du Maroc. La force de travail s’est enrichie de 600 000 actifs, un véritable choc d’offre.


Un soutien massif de l’Union européenne


Autre facteur déterminant dont les effets se feront ressentir sur un temps long : le colossal plan de soutien européen NextGenerationEU, adopté en juillet 2020. Il est doté de 163 milliards d’euros, dont 80 milliards sous forme de subventions et 83 milliards sous forme de prêts qui seront versés jusqu’en 2026. Il est conçu pour transformer durablement l’économie espagnole. Fin 2024, déjà près de 50 milliards d’euros ont été injectés, alimentant 12 projets stratégiques : développement du véhicule électrique, agroalimentaire, industrie navale… qui irriguent le tissu productif et contribueront à augmenter la croissance potentielle. L’Espagne a su tirer parti de circonstances favorables et son écart de croissance vis-à-vis de ses partenaires va se réduire. Il n’en demeure pas moins que, des grandes économies européennes, c’est encore elle qui fera la course en tête cette année.

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