Où est Sergueï Lavrov ? Le chef de la diplomatie américaine, ministre des Affaires étrangères de Poutine, manque une réunion cruciale – les rumeurs de dissension s’intensifient.
Plusieurs médias russes affirment que Lavrov est tombé en disgrâce auprès de Poutine : « il n’y a rien de vrai dans ces déclarations », dément le Kremlin.
Des rumeurs persistantes, relayées par des médias russes, affirment que des tensions auraient éclaté entre Vladimir Poutine et Sergueï Lavrov, le minsitre russe des Affaires étrangères.
De la friture sur la ligne entre le président russe et son ministre des Affaires étrangères ? Le Kremlin a démenti vendredi toute disgrâce du ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, auprès de Vladimir Poutine après l’arrêt le mois dernier des efforts en vue d’organiser un sommet entre le président russe et son homologue américain Donald Trump.
Echec cuisant face à Marco Rubio
Vétéran de la diplomatie soviétique puis russe et ministre des Affaires étrangères depuis 2004, Sergueï Lavrov s’est entretenu par téléphone le 20 octobre avec le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, pour évoquer un éventuel sommet à Budapest entre Vladimir Poutine et Donald Trump, censé porter en grande partie sur les moyens de mettre un terme à la guerre en Ukraine.
Les déclarations officielles, aussi bien russes qu’américaines, à l’issue de cette discussion n’ont pas fait état de tensions particulières mais le lendemain, Donald Trump a dit qu’il ne souhaitait pas participer à un sommet qui serait une « perte de temps ». Le président américain a par la suite déclaré avoir annulé ce sommet car il « ne le sentait pas ».
L’absence de Sergueï Lavrov à une importante réunion du conseil de sécurité russe cette semaine et la décision de Vladimir Poutine de confier la direction de la délégation russe pour le prochain sommet du G20 ce mois-ci à un directeur de cabinet adjoint du Kremlin, et non à son chef de la diplomatie, ont alimenté les rumeurs sur un mécontentement du président russe à l’égard de son ministre des Affaires étrangères.
Vladimir Poutine a clairement fait savoir qu’à ses yeux, au-delà de la question ukrainienne, un rapprochement avec les Etats-Unis était dans l’intérêt national de la Russie et un élément majeur de la sécurité mondiale en raison des arsenaux nucléaires des deux pays.
L’hypothèse d’une disgrâce de Sergueï Lavrov a été relayée par des comptes anonymes sur la messagerie Telegram en Russie et par des publications russophones critiques à l’égard du Kremlin, ainsi que par des médias ukrainiens.
Interrogé à ce sujet vendredi lors de son point de presse quotidien, Dmitri Peskov, porte-parole de la présidence russe, a répondu : « Je vais vous donner une réponse courte : il n’y a rien de vrai dans ces articles. »
Prié de dire si Sergueï Lavrov continuait à exercer ses fonctions actuelles, il a dit: « Absolument. Lavrov travaille en tant que ministre des Affaires étrangères, bien sûr. »
Les nouvelles en provenance de Moscou sont en réalité assez banales : le chef de la diplomatie russe est toujours en poste.
Vendredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, s’est efforcé de calmer les spéculations médiatiques intenses concernant un possible remaniement au sommet de la politique étrangère russe. La raison ? L’absence remarquée du ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, lors de la réunion du Conseil de sécurité russe mercredi, au cours de laquelle le président Vladimir Poutine a évoqué la possibilité d’ essais nucléaires à grande échelle .
De plus, les observateurs ont noté que Lavrov était le seul membre permanent du Conseil de sécurité absent à la réunion. Parallèlement, il est apparu que le ministre des Affaires étrangères ne dirigerait pas la délégation russe au sommet du G20 à Johannesburg à la fin du mois : Poutine a signé le 4 novembre un décret nommant un fonctionnaire moins gradé, le chef de cabinet adjoint de la présidence, Maxim Orechkine, à la tête de la délégation.
Le président russe Vladimir Poutine préside mercredi une réunion du Conseil de sécurité au Kremlin, à Moscou, à laquelle Lavrov n’assiste pas.
Les esprits curieux se sont rapidement demandés : Lavrov était-il en froid avec Poutine, et était-ce le signe d’un possible remaniement au sein du gouvernement russe ?
L’absence de Lavrov est survenue quelques semaines seulement après l’échec du sommet en présentiel prévu à Budapest entre Poutine et le président américain Donald Trump. Lavrov était le principal interlocuteur de la Russie pour l’organisation de ce sommet, mais après un appel téléphonique entre Lavrov et le secrétaire d’État Marco Rubio, le sommet a été suspendu. Les responsables américains ont déclaré que les Russes n’avaient pas modifié leur position maximaliste sur l’Ukraine ; l’administration Trump a alors imposé de nouvelles sanctions à Moscou.
Mais si ce revers diplomatique apparent provoque des répercussions à Moscou, le Kremlin semble soucieux de dissimuler toute querelle interne. Interrogée par CNN sur le maintien en fonction de Lavrov, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a déclaré qu’il était toujours en poste ; elle a confirmé son absence à la séance de mercredi, ajoutant : « Mais cela arrive. »
Lavrov a incarné la diplomatie russe pendant plus de vingt ans et a été ambassadeur de Russie auprès des Nations Unies. Il a servi Poutine avec loyauté durant une période de fortes tensions entre la Russie et l’Occident, depuis la brève guerre russo-géorgienne de 2008 et l’invasion et l’annexion de la Crimée en 2014 jusqu’à l’intervention de Moscou dans la guerre civile syrienne en 2015. Il a également été un fervent défenseur de l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022.
Lavrov, âgé de 75 ans, a également développé un style diplomatique direct et conflictuel, souvent en phase avec les ambitions impériales de Poutine. Lors du récent sommet d’Anchorage, en Alaska, avec Trump, le ministre russe des Affaires étrangères est arrivé vêtu d’un pull orné du logo CCCP, initiales cyrilliques de l’Union soviétique.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov (deuxième à gauche), participe à un sommet américano-russe sur l’Ukraine à Anchorage, en Alaska, le 15 août.
Mais les provocations ont leurs limites, surtout face à l’administration Trump. Après que Trump a annoncé l’annulation de la réunion de Budapest, Kirill Dmitriev, directeur du fonds souverain russe et envoyé spécial du Kremlin, s’est rendu aux États-Unis pour ce que certains observateurs ont interprété comme une tentative de limiter les dégâts.
Sous Poutine, la loyauté et la continuité restent néanmoins des valeurs essentielles. L’année dernière, par exemple, le Kremlin a annoncé le remplacement de Sergueï Choïgou, ministre de la Défense russe de longue date. Mais au lieu d’être limogé sur-le-champ pour insuffisance de résultats militaires, Choïgou a été muté au poste de secrétaire du Conseil de sécurité russe.
Même face à des revers majeurs, il semble que la réaction du dirigeant du Kremlin consiste souvent à réarranger les chaises longues.
JForum.Fr & CNN
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