Le manque de produits d’hygiène féminine fait courir aux femmes de Gaza le risque de maladies chroniques
Photo : Une jeune fille marche entre les tentes d’un nouveau camp mis en place par l’agence UNRWA dans le sud de la Bande de Gaza. Source : Getty Images
Les femmes palestiniennes de Gaza souffrent d’un manque de serviettes hygiéniques, de stérilisateurs et d’équipements d’hygiène personnelle, ce qui a des répercussions négatives sur leur vie alors que la guerre aveugle d’Israël contre le territoire palestinien assiégé se poursuit pour le troisième mois.
S’adressant au New Arab, les femmes locales se sont plaintes de devoir parfois passer de longues journées à chercher dans les pharmacies, les magasins et les marchés locaux des serviettes hygiéniques et des mouchoirs en papier, ainsi que des stérilisants pour l’hygiène personnelle, sans en obtenir aucun.
Elles disent souffrir des effets de l’absence de matériel d’hygiène personnelle, surtout pendant le cycle menstruel, qui exige une attention particulière à l’hygiène.
Parmi ces femmes, Zainab Omar, une Palestinienne déplacée dans la ville de Rafah, a passé plusieurs jours à chercher des serviettes hygiéniques, mais n’a pas pu en obtenir.
« J’ai été déplacée de ma maison dans la ville de Gaza à Rafah sans pouvoir emporter quoi que ce soit, ni vêtements, ni argent, ni rien », a déclaré cette mère de trois enfants, âgée de 28 ans, au New Arab.
« Je ne savais pas que la guerre durerait et que je resterais loin de ma maison pendant longtemps. J’ai beaucoup lutté pour survivre et j’ai fait face à toutes les circonstances difficiles auxquelles mon mari et moi avons été confrontés », a-t-elle ajouté.
Zainab ne savait pas qu’elle serait confrontée à un nouveau tourment, qui l’amènerait à chercher désespérément des serviettes hygiéniques à l’approche de ses règles.
« Je ne m’étais pas préparée à de telles conditions. Mes règles sont arrivées et je n’avais aucun de mes articles de toilette pour des jours comme celui-ci. Mon mari a beaucoup cherché pour moi des serviettes hygiéniques, mais il n’en a pas trouvé », a-t-elle déclaré.
La jeune femme a dû se passer de son foulard et le couper en trois morceaux pour l’utiliser comme alternative aux serviettes hygiéniques, et elle lavait le morceau qu’elle utilisait.
« J’ai beaucoup pleuré. J’avais peur de contracter des bactéries en utilisant un tissu comme alternative aux serviettes hygiéniques, mais je n’avais pas d’autre choix.
Pour Maram Al-Sayed, une femme déplacée de la ville de Gaza, la situation était pire encore, d’autant plus qu’elle a donné naissance à son bébé trois semaines après le début de la guerre entre le Hamas et Israël.
Cette jeune femme de 20 ans a déclaré à la TNA : « J’ai été déplacée de chez moi avant la date prévue de l’accouchement, sans pouvoir prendre aucun des vêtements du nouveau-né ni même mon matériel d’accouchement. Je pensais que je retournerais bientôt chez moi, mais tous mes espoirs ont été vains ».
Au bout de plusieurs semaines, la jeune mère se souvient : « Mon mari et moi avons eu beaucoup de mal à acheter des vêtements pour le bébé, ainsi que des articles de toilette et des serviettes hygiéniques. Mais nous n’en avons trouvé que quelques-uns à des prix très élevés ».
« Les serviettes hygiéniques ne me duraient que quelques jours, et c’est ce qui m’a poussée à utiliser des morceaux de tissu pour le post-partum », a-t-elle ajouté.
En raison du manque d’eau, du froid et de l’absence de serviettes hygiéniques et d’articles de toilette, Maram a contracté une infection bactérienne génitale qui l’a obligée à être admise à l’hôpital pendant plusieurs jours sans son enfant.
« À cause de l’infection bactérienne, mes règles ne se sont pas arrêtées et cela ne m’a pas quittée jusqu’à ce jour. Les médecins m’ont dit qu’ils pourraient devoir procéder à une opération de l’utérus si mon corps ne réagit pas au traitement médical », a-t-elle expliqué.
La jeune femme craint de ne plus pouvoir avoir d’enfants si ses souffrances se prolongent.
Le manque de fournitures pour les femmes, en particulier de serviettes hygiéniques, a incité de nombreuses militantes à lancer des appels sur les plateformes de médias sociaux pour exiger la fourniture de leurs produits d’hygiène personnelle, soulignant que ces fournitures ne sont pas un « luxe », mais qu’elles sont vitales pour garantir la santé des femmes, et que leur absence peut avoir des effets négatifs importants.
La pénurie de produits féminins dans la bande de Gaza est due à l’interdiction de leur entrée dans le cadre de l’aide humanitaire, ainsi qu’à l’interdiction de l’entrée de marchandises par le point de passage de Rafah depuis le début de la guerre entre le Hamas et Israël.
En conséquence, certaines femmes ont eu recours à des médicaments contraceptifs pour retarder leur cycle menstruel, ce qui a causé à beaucoup d’entre elles de grandes douleurs qui ont exacerbé leurs souffrances quotidiennes.
Traduction : AFPS
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