Un responsable israélien: la frappe au Qatar a été un succès partiel
La décision de cibler les dirigeants du Hamas à l’étranger a été approuvée lors d’une réunion du cabinet il y a huit mois. Le directeur du Mossad, David Barnea, a affirmé qu’Israël ne pouvait pas compter sur le Qatar comme médiateur tout en le frappant simultanément. Une source haut placée a déclaré que les capacités du Mossad sont supérieures à celles du Shin Bet, l’agence de sécurité, et que cette lacune pourrait expliquer le succès partiel de l’opération.
par Ariel Kahana
La décision de cibler de hauts responsables du Hamas au Qatar a été prise lors d’une réunion du cabinet qui s’est prolongée jusqu’au Shabbat, le 18 janvier 2025, alors qu’Israël préparait un deuxième accord de prise d’otages. Cette décision s’inscrivait dans un ensemble plus large de mesures visant à réduire les coûts sécuritaires élevés liés à la libération de centaines de terroristes dans le cadre de cet accord.
L’objectif, selon les discussions, était de lancer une série d’opérations non conventionnelles visant à accroître la pression sur le Hamas jusqu’à ce qu’il accepte de se rendre et de restituer les otages. L’une de ces mesures non conventionnelles était de frapper les dirigeants du Hamas à l’étranger.
Dans les mois qui ont suivi, de nombreux ministres et la plupart des hauts responsables de la Défense ont souligné à plusieurs reprises la nécessité de cibler les dirigeants du Hamas à l’étranger. Le chef d’état-major, le lieutenant-général Eyal Zamir, et d’autres officiers supérieurs ont déclaré au cabinet que la campagne militaire à Gaza était terminée et que pour accentuer la pression sur le Hamas afin qu’il accepte un accord, Israël devait frapper ses dirigeants à l’étranger. Zamir a même averti publiquement il y a deux semaines que la plupart des dirigeants survivants du Hamas se trouvaient à l’étranger, déclarant : « Nous les atteindrons aussi. »
Frappe contre la direction du Hamas à Doha. Photo : AFP
Opposition au Mossad – et tensions avec le Qatar
Le Shin Bet a pleinement soutenu l’opération. La principale opposition est venue du chef du Mossad, David Barnea, dont l’agence entretient des liens étroits avec le Qatar. Barnea a fait valoir qu’Israël ne pouvait pas à la fois compter sur le Qatar comme médiateur et le frapper. En réponse, la ministre des Transports, Miri Regev, a déclaré que les dirigeants extérieurs du Hamas faisaient obstacle à l’accord sur la prise d’otages et justifiaient donc sa prise pour cible.
Le directeur du Mossad, David Barnea, avec le Premier ministre qatari Mohammed bin Abdulrahman Al Thani. Photo : Gédéon Markowicz / AFP
En raison des objections du Mossad, l’opération a été menée par l’armée israélienne et le Shin Bet. Cependant, la collecte de renseignements à l’étranger est du ressort exclusif du Mossad, tandis que le Shin Bet est responsable de la sécurité intérieure. Une source au courant des détails a déclaré que les capacités du Mossad sont bien supérieures à celles du Shin Bet, et que cette lacune pourrait expliquer le succès partiel de l’opération.
La position et l’influence de Trump pour un accord sur les otages
Lors des premières discussions du cabinet, les ministres ont également exprimé leurs inquiétudes quant à une possible opposition du président américain Donald Trump. Le Qatar est considéré comme un allié clé des États-Unis et abrite la plus grande base militaire américaine au Moyen-Orient. De plus, Trump accorde une grande importance aux investissements qataris de plusieurs milliards de dollars dans l’économie américaine. Dans ce contexte, les ministres ont convenu que l’attaque contre les dirigeants du Hamas à l’étranger serait présentée à Trump comme un levier pour faire avancer l’accord sur les otages qu’il soutient fermement.
Trump et la grève au Qatar. Photo : EPA
« Comme les assassinats de Munich en 1972 »
Des responsables israéliens présents à la conférence MEAD à Washington ont déclaré que l’opération au Qatar ne visait pas le pays hôte lui-même, mais s’inscrivait dans la continuité de la politique israélienne visant à éliminer toutes les personnes impliquées dans le massacre du 7 octobre. Ils ont ajouté que le rôle du Qatar dans les négociations sur la prise d’otages n’avait aucune incidence sur la décision.
Les responsables ont comparé cette décision à la réaction d’Israël au massacre de ses athlètes aux Jeux olympiques de Munich en 1972, lorsque des agents israéliens ont traqué et assassiné les responsables à travers l’Europe. De même, ont-ils déclaré, Israël règle actuellement ses comptes avec les dirigeants du Hamas à l’étranger qui étaient au courant du massacre du 7 octobre, l’ont financé et ont tenté de le coordonner avec le Hezbollah.
Ils ont ajouté que le simple fait que des organisations terroristes soient hébergées dans des pays qui se considèrent comme normatifs est inacceptable. « Qui accepterait qu’un siège du PKK soit implanté en Israël ? » a demandé un intervenant, faisant référence au groupe militant kurde qui combat la Turquie.
Ces remarques ont été faites dans la nuit lors de la troisième conférence annuelle du MEAD à Washington, qui réunit des personnalités politiques de premier plan des États-Unis, d’Israël et des pays arabes et musulmans.
Source: ILH
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