La distribution de l’aide menace le contrôle du Hamas

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La distribution de l’aide menace le contrôle du Hamas

Le contrôle de l’aide à Gaza rebat les cartes du pouvoir
La situation humanitaire à Gaza, déjà critique, est aujourd’hui au cœur d’un affrontement stratégique entre différentes forces en présence. Derrière les convois de vivres et les centres de distribution, c’est une lutte d’influence qui se joue, mettant en lumière les tensions entre le Hamas, Israël et l’ONU.

Depuis quelques semaines, la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), appuyée par les États-Unis, a ouvert plusieurs centres d’aide dans la bande de Gaza, principalement au sud et au centre du territoire. Ces centres, qui fournissent des colis alimentaires capables de nourrir une famille pendant près d’une semaine, ont déjà permis la distribution de plus de 1,2 million de repas. Chaque convoi comprend environ 30 camions, chacun transportant au moins 1 000 colis. À terme, ce réseau logistique devrait doubler sa capacité grâce à l’ouverture prévue d’autres centres.

Or, cette initiative bouscule l’équilibre des pouvoirs en place. Selon des sources israéliennes, le Hamas, qui contrôlait jusqu’ici l’essentiel de l’aide humanitaire, perçoit cette nouvelle organisation comme une menace directe à son autorité. Ce groupe, tout en demeurant la principale force armée dans l’enclave, pourrait perdre son levier politique fondamental : la maîtrise de l’accès à la nourriture.

Ce changement intervient alors que les négociations sur un éventuel cessez-le-feu sont dans l’impasse. Israël aurait validé les termes d’un accord sur les otages soutenu par les États-Unis, mais le Hamas, bien que ne s’en retirant pas formellement, a refusé de le signer. L’un des points sensibles de ces discussions est justement le contrôle de l’aide : le Hamas milite pour que l’ONU reprenne en main la distribution, écartant ainsi la GHF. Une clause en ce sens a été intégrée à sa dernière proposition, révélant sa volonté de récupérer ce levier stratégique.

À cette tension s’ajoutent les difficultés logistiques et les dérives constatées sur le terrain. Si l’armée israélienne contrôle quotidiennement environ 60 000 colis pour garantir leur acheminement, des détournements opérés par des bandes locales et des groupes criminels ont été signalés. Selon un responsable israélien, certaines cargaisons sont interceptées non pas par le Hamas, mais par des individus désespérés ou des gangs sans affiliation directe.

La crise humanitaire s’aggrave avec le déplacement massif de la population. Près de 900 000 Palestiniens ont fui le nord de Gaza pour se réfugier dans la ville de Gaza, déjà densément peuplée. Ce regroupement pèse lourdement sur les infrastructures d’aide, un seul centre de distribution étant actuellement fonctionnel dans cette zone centrale.

Au cœur de cette situation tendue, un échange d’accusations s’est intensifié entre Israël et l’ONU. L’armée israélienne affirme que l’ONU agit de manière à bloquer l’entrée de centaines de camions au poste-frontière de Kerem Shalom, sous prétexte d’insécurité, alors que des itinéraires sécurisés auraient été proposés. Lundi, le secrétaire général adjoint de l’ONU aux affaires humanitaires, Tom Fletcher, affirmait pourtant que 10 000 camions d’aide, autorisés et chargés, attendaient de pouvoir entrer à Gaza.

Cette déclaration a été vivement contestée par le COGAT (Coordination des activités gouvernementales dans les territoires), qui a accusé l’ONU de diffuser des informations erronées. Selon le COGAT, il ne s’agirait pas de 10 000 camions, mais de centaines déjà présents à Gaza que l’ONU ne récupère pas côté palestinien. Israël assure avoir proposé plusieurs itinéraires pour permettre cette récupération en toute sécurité, même dans les zones d’opérations militaires.

La tension est montée d’un cran jeudi, lorsque le COGAT a accusé Stéphane Dujarric, porte-parole de l’ONU, d’avoir faussement affirmé que Fletcher avait récemment visité Gaza. En réalité, selon Israël, la dernière visite de ce responsable onusien remonte à février.

Dans ce climat de défiance, les accusations mutuelles compliquent davantage la tâche des organisations humanitaires sur le terrain. L’armée israélienne demande à l’ONU de cesser de concentrer ses efforts sur les camions bloqués à la frontière et de se mobiliser pour distribuer les 550 véhicules déjà livrés à Gaza.

Ainsi, la distribution d’aide ne se résume plus à une mission humanitaire : elle est désormais un enjeu de souveraineté locale, d’image internationale et de légitimité politique. Gaza devient le théâtre d’un affrontement silencieux où la nourriture est, malgré elle, un instrument de pouvoir.

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