C’est la première fois en Israël qu’une banque offre un cadeau à ses clients ; il s’agit de la Banque Hapoalim qui a décidé d’offrir à sa clientèle un cadeau d’une valeur de 100 shekels (environ 30 dollars).
Les clients de l’Hapoalim ont été invités à choisir entre deux cadeaux : deux actions de la banque ou un virement en espèces de 100 shekels. Si le client n’avait pas indiqué son choix au 9 septembre, son compte a été crédité automatiquement de 100 shekels.
Dans un communiqué en date du 21 septembre dernier, la banque Hapoalim affirme avoir distribué 575 000 actions (deux actions par client d’une valeur de 124 shekels) à 288 000 comptes bancaires, soit un tiers des clients de la banque ; les deux tiers des clients ont reçu chacun 100 shekels.
Profits mirobolants
Comment expliquer qu’en 2025, l’Hapoalim soit si généreuse envers ses clients ? Officiellement, le site en hébreu de la Bank Hapoalim explique que cette initiative a été prise « pour remercier nos clients pour leur engagement et les associer à nos bénéfices, même à titre symbolique ».
En vérité, cette « générosité » semble avoir une autre explication : elle est surtout le résultat du tollé général provoqué par la publication des profits mirobolants réalisés par la banque en 2024 et 2025.
Qu’on en juge : en 2024, la banque Hapoalim a réalisé un profit net de 7,6 milliards de shekels (2,2 milliards de dollars). En pleine année de guerre, alors que beaucoup d’Israéliens avaient des fins de mois difficiles, les actionnaires des banques israéliennes – et de l’Hapoalim en particulier – se sont enrichis sur le dos de leurs clients.
Et la fête n’est pas terminée ; au premier semestre 2025, l’Hapoalim a engrangé un profit de 4,97 milliards de shekels (1,5 milliard de dollars), soit 20 % de mieux qu’à la même période l’année précédente.
2025 sera donc une année record pour l’Hapoalim : les prévisions tablent sur un profit de 10 milliards de shekels (3 milliards de dollars) pour toute l’année 2025 ; des profits constitués presque exclusivement des commissions et intérêts perçus par la banque sur les comptes de ses clients.
« Coup de pub »
Un calcul rapide montre que si un million de clients de l’Hapoalim reçoivent chacun 100 shekels, il en coûte à la banque 100 millions de shekels, contre 10 milliards de profits ; autrement dit, la banque ne s’est séparée que d’un petit 1 % de ses profits.
Indéniablement, il s’agit d’un coup de publicité pas trop cher et fortement rentable : la banque s’enorgueillit d’être au service de ses clients, omettant de leur dire que son service leur coûte cher, très au-delà des 100 shekels que la banque leur a offerts pour calmer les esprits.
On peut le dire sans détour : la banque Hapoalim a distribué des cacahuètes à ses clients, dans le cadre d’une campagne promotionnelle de grande envergure ; un leurre, pour faire oublier ses profits mirobolants alimentés par l’argent de ses clients.
à propos de l’auteur
Jacques Bendelac est économiste et chercheur en sciences sociales à Jérusalem où il est installé depuis 1983. Il possède un doctorat en sciences économiques de l’Université de Paris. Il a enseigné l’économie à l’Institut supérieur de Technologie de Jérusalem de 1994 à 1998, à l’Université Hébraïque de Jérusalem de 2002 à 2005 et au Collège universitaire de Netanya de 2012 à 2020. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et articles consacrés à Israël et aux relations israélo-palestiniennes. Il est notamment l’auteur de « Les Arabes d’Israël » (Autrement, 2008), « Israël-Palestine : demain, deux Etats partenaires ? » (Armand Colin, 2012), « Les Israéliens, hypercréatifs ! » (avec Mati Ben-Avraham, Ateliers Henry Dougier, 2015) et « Israël, mode d’emploi » (Editions Plein Jour, 2018). Dernier ouvrage paru : « Les Années Netanyahou, le grand virage d’Israël » (L’Harmattan, 2022). Régulièrement, il commente l’actualité économique au Proche-Orient dans les médias français et israéliens.
TIMES OF ISRAEL.
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