Joseph Aoun, un militaire devenu président du Liban : portrait d’un leader discret
Le général Joseph Aoun, commandant en chef de l’armée libanaise, a été élu président, mettant fin à plus de deux années de vacance à la tête de l’État. Ce militaire de carrière, âgé de 60 ans, devient ainsi le cinquième chef de l’armée à accéder à la présidence dans l’histoire du pays.
Depuis sa nomination à la tête de l’armée en 2017, Aoun a dirigé l’institution militaire à travers des crises multiples, notamment l’effondrement financier du Liban. Ce dernier a entraîné une chute dramatique de la valeur des salaires, affectant directement les soldats et fragilisant une institution cruciale pour la stabilité du pays depuis la guerre civile de 1975-1990.
Un leader face à des défis complexes
Lors de la guerre entre Israël et le Hezbollah, Aoun a délibérément maintenu l’armée en retrait des combats, privilégiant la préservation de la paix civile. Bien que plus de 40 soldats libanais aient perdu la vie dans des frappes israéliennes, l’armée n’a pas engagé d’affrontement direct avec Israël. Cette posture a contribué à maintenir une relative stabilité, même si elle a suscité des critiques.
Malgré les tensions persistantes, Aoun n’a jamais publiquement exprimé d’opinion sur l’arsenal du Hezbollah, considéré comme plus puissant que celui de l’armée libanaise. Ses rares apparitions médiatiques et son absence de discours sur des sujets controversés illustrent son approche prudente et stratégique.
Un rôle clé dans les efforts de paix
Aoun devra jouer un rôle central dans l’application du cessez-le-feu de 60 jours négocié par Washington et Paris en novembre dernier. Cet accord prévoit le déploiement de l’armée libanaise dans le sud du pays pendant le retrait des troupes israéliennes et des combattants du Hezbollah. Sa nomination a été bien accueillie par les responsables américains et du Golfe, bien qu’aucun soutien explicite n’ait été formulé.
En 2017, dans une rare interview au quotidien libanais Al-Akhbar, Aoun avait déclaré vouloir limiter l’ingérence politique au sein de l’armée. Cette déclaration résume sa volonté de maintenir l’institution militaire comme un pilier neutre et stabilisateur dans un pays fragmenté par des divisions politiques et confessionnelles.
Un parcours marqué par le pragmatisme
Né à Sin el-Fil, près de Beyrouth, Joseph Aoun a rejoint l’armée en 1983, en pleine guerre civile. Il a gravi les échelons, commandant un peloton des rangers en 1985 et suivant des formations aux États-Unis, où il a acquis des compétences stratégiques. Peu après sa nomination comme chef de l’armée, il a dirigé une offensive majeure contre l’État islamique à la frontière syrienne, une opération saluée par les partenaires internationaux du Liban.
Sous sa direction, l’armée libanaise a continué de bénéficier d’une aide considérable des États-Unis, qui ont versé plus de 2,5 milliards de dollars depuis 2006. Cette aide, complétée par le soutien d’autres pays comme le Qatar, a permis à l’armée de maintenir son fonctionnement malgré la crise économique.
Une présidence attendue
En accédant à la présidence, un poste réservé aux chrétiens maronites dans le système confessionnel libanais, Joseph Aoun suit les traces d’autres commandants de l’armée devenus chefs d’État, à l’image de Michel Aoun, sans lien de parenté avec lui. Sa popularité et sa posture de neutralité pourraient jouer un rôle crucial dans un contexte politique et économique tendu.
Joseph Aoun est marié et père de deux enfants. Sa capacité à naviguer dans les complexités du Liban moderne sera déterminante pour son mandat à la tête de l’État.
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