Jordan Bardella et Marion Maréchal en Israël : la stratégie du RN pour séduire les juifs de France
Alors que LFI fait depuis longtemps figure de repoussoir, la macronie n’apparaît plus comme un refuge pour une communauté qui est à l’écoute du Rassemblement national.
Jordan Bardella et Marion Maréchal sont tous deux attendus ces mercredi 26 et jeudi 27 mars en Israël à l’invitation du ministre en charge de la Diaspora, Amichaï Chikli (Likoud, droite). Le point sur le programme et les raisons de ce déplacement.
Une visite historique. Les eurodéputés Jordan Bardella et Marion Maréchal se rendent ce mercredi en Israël. Les deux élus français y ont été invités par le ministre en charge de la Diaspora.
Cette invitation est une première historique pour un dirigeant du Rassemblement national (ex-Front national) et pour un membre de la famille Le Pen. Pour rappel, Marion Maréchal est la nièce de Marine Le Pen.
Les représentant français ont été conviés à participer à une conférence internationale de lutte contre l’antisémitisme au cours de laquelle Jordan Bardella doit prononcer un discours sur la montée de l’antisémitisme en France, depuis les massacres du 7-Octobre.
Par ailleurs, Marion Maréchal et Jordan Bardella se rendront également «aux frontières sud et nord d’Israël afin de mieux comprendre le paysage géopolitique». Ils devront notamment se rendre dans une ville proche de la bande de Gaza et sur le site du festival de musique Nova, théâtre d’un massacre du Hamas le 7 octobre 2023.
Cette invitation est un pas de plus dans la bataille du Rassemblement national pour faire oublier le passé sulfureux du Front national et les sorties antisémites de feu son fondateur Jean-Marie Le Pen, qui avait notamment été condamné pour avoir déclaré que les chambres à gaz étaient
Par ce voyage inédit, le président du Rassemblement National rompt aussi avec l’antisémitisme qui a nourri sa famille politique depuis la publication de La France juive d’Édouard Drumont en 1 886 jusqu’à la dernière décennie. Une stratégie au long cours, dont l’un des signaux forts fut, à l’automne 2023, la participation de Marine Le Pen à la marche contre l’antisémitisme qui a suivi le 7 octobre, et qui commence à porter ses fruits.
Nombre de représentants de la communauté juive ont pourtant mis en garde contre ce qui pourrait n’être qu’un vernis. Un collectif d’associations de juifs de gauche publiait une tribune en juillet pour rappeler : « L’antisémitisme est consubstantiel au RN, il suinte régulièrement des propos de ses cadres et de ses militants, comme l’a montré une enquête récente de Libération sur les candidats aux élections législatives ».
Pourtant, de plus en plus d’électeurs de confession juive se rapprochent du Rassemblement National. Les propos tenus encore hier par Marine Le Pen à la suite de l’agression d’un rabbin à Orléans les y invitent. « Depuis des mois, LFI met une cible dans le dos de nos compatriotes juifs par des propos insupportables et des visuels nauséabonds », a-t-elle écrit sur X. En effet, en refusant de condamner la caricature de Cyril Hanouna imaginée par son parti pour inviter à une manifestation contre le racisme et l’extrême droite et en affirmant que l’antisémitisme en France est « résiduel », Jean-Luc Mélenchon repousse les juifs de France très loin de LFI, mais aussi de la gauche alliée dans le Nouveau Front Populaire. Le Parti socialiste n’est d’ailleurs pas épargné par cette désertion, car les prises de distance de ses représentants sont souvent jugées trop molles.
La macronie n’apparaît pas non plus comme un refuge, car depuis l’organisation de la grande marche contre l’antisémitisme post-7 octobre, à laquelle le chef de l’État a refusé de participer, aucune prise de position ferme n’a convaincu les Français de confession juive que le centre pourrait répondre à leurs craintes. « Nous sommes mauvais sur ce sujet de peur de braquer la communauté musulmane », nous assurait cette semaine une élue de premier plan très impliquée dans la lutte contre l’antisémitisme.
Et une ministre de reconnaître : « Nous ne sommes pas assez en anticipation, nous réagissons seulement quand il y a un fait divers sordide ».
Le RN fait donc figure de rempart à l’heure où de nombreuses digues cèdent, ce qui, paradoxalement, fait le jeu de Jean-Luc Mélenchon, qui rêve d’une France clivée et d’un centre déserté, afin de se retrouver seul face à Marine Le Pen en 2027.
JForum.fr avec CNEWS et www.ladepeche.fr/
Les deux élus français sont été invités en Israël par le ministre en charge de la Diaspora. [AFP]
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