Jérusalem : Un homme de 83 ans tue son aide-soignante
La scène se joue dans un appartement de Jérusalem, à la lisière des fêtes de Tishri. Une aide-soignante expérimentée arrive pour assurer la routine : ménage léger, courses, vérification des médicaments. Depuis quatre ans, elle s’occupe du même patient âgé, solitaire et méfiant. Ce jour-là, tout bascule. L’homme — Shimon Gutman, 83 ans, déjà condamné dans les années 1980 pour un attentat au colis piégé — est désormais inculpé pour meurtre aggravé et entrave à la justice après la mort violente de son employée.
Selon l’acte d’accusation, le mobile tient à un soupçon : de l’argent et des bijoux qui auraient disparu. L’octogénaire aurait alors décidé d’ôter la vie de la soignante, l’attaquant au couteau à la gorge avant de la poignarder au dos et à la poitrine. Les enquêteurs décrivent ensuite une tentative méthodique de faire disparaître les traces : corps dissimulé dans une baignoire remplie d’eau pour accélérer la décomposition, nettoyage des taches de sang, mensonges destinés à détourner les proches inquiets. Le parquet demande sa détention jusqu’au terme de la procédure, au motif d’un risque élevé de fuite et de subornation de preuves.
Le nom de Gutman renvoie immédiatement à un épisode sombre de l’histoire criminelle israélienne. En 1980, au plus fort d’un conflit familial, il adresse à sa belle-mère un colis piégé. Le paquet explose dans un bureau de poste à Givatayim et tue trois personnes. Pour ces meurtres, il purge dix-huit ans de prison. Quarante ans plus tard, le même homme se retrouve au centre d’une affaire qui sidère par sa cruauté et sa froide préméditation présumée.
Au-delà de l’horreur du fait divers, l’affaire soulève trois enjeux majeurs.
D’abord, la protection des soignants à domicile. Israël, comme de nombreux pays vieillissants, s’appuie sur un vaste secteur d’aide à la personne, partagé entre travailleurs israéliens et étrangers, publics et privés. Les visites isolées, la manipulation d’espèces, la tension psychique de certains patients fragilisés créent des zones de risque. Cette tragédie rappelle l’impératif de protocoles stricts : doubles visites pour les cas sensibles, appels de vérification en temps réel, boutons d’alerte et formation spécifique à l’évaluation du danger.
Ensuite, la question de la récidive violente. La réinsertion est un principe, mais elle ne saurait ignorer l’historique d’extrême violence. Lorsque des signaux faibles réapparaissent — méfiance obsessionnelle, conflits récurrents sur l’argent, isolement — les services sociaux doivent pouvoir déclencher des évaluations renforcées et adapter le suivi. La coordination police-services sociaux-assureurs est ici déterminante.
Enfin, le cadre pénal. L’inculpation vise le meurtre « aggravé », une qualification qui, en droit israélien, emporte une peine de réclusion à perpétuité obligatoire en cas de condamnation, notamment lorsqu’il y a préméditation ou volonté de dissimuler un autre délit. À cette gravité s’ajoute l’entrave à la justice, qui couvre les actes de maquillage de scène et les mensonges délibérés destinés à retarder la découverte du crime.
Reste la victime, qu’il faut nommer : Haviva Vashdi. Pendant des années, elle a rendu des services discrets et essentiels — courses, lessive, présence rassurante. Sa mort rappelle que le soin à domicile n’est pas seulement une prestation ; c’est un lien de confiance, un contrat de dignité. La brisure de ce lien bouleverse des familles, des équipes médicales et une communauté professionnelle entière.
Les magistrats, eux, insistent sur la simplicité de la boussole : établir la vérité, à charge et à décharge, sans ciller devant la notoriété criminelle passée ni l’âge avancé du mis en cause. Si la culpabilité est prouvée, la sanction devra protéger la société, affirmer la valeur de la vie et dissuader toute tentative de maquiller la violence derrière l’excuse de la vulnérabilité.
Face à la barbarie ordinaire, l’État de droit doit rester ferme et clair : protection des soignants, soutien aux familles, enquêtes rigoureuses et peines proportionnées. Défendre la sécurité intérieure — des rues aux appartements où l’on soigne — c’est servir la cohésion du pays. La justice israélienne ne doit rien concéder à l’indifférence : elle honore ses victimes en faisant prévaloir la vérité et la responsabilité, sans faiblesse.
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