EXCLUSIF. IsraelValley a pu contacter des familles d’enfants écartés du Parc d’activités de loisirs dans le sud des Pyrénées-Orientales. Les parents d’enfants ne souhaitaient pas s’exprimer car ils « attendent le retour des enfants en Israël ». Mais il est clair que les parents, très bien informés du niveau d’antisémitisme en France, décrivent la France comme « un pays hostile aux israéliens ». « Nous nous attendions à des incidents antisémites. La sécurité importante qui protège le Groupe nous rassure ».
LE POINT. « Si cela s’avère réel, ce sera pour le moins gravissime. Une odeur de suspicion traîne dans l’air depuis que, jeudi 21 août, 150 vacanciers israéliens se sont vu refuser l’entrée du Parcours aérien Tyrovol, un parc d’activités de loisirs dans le sud des Pyrénées-Orientales. Comme le précise Le Parisien, ces enfants, âgés de 8 à 16 ans, avaient réservé de longue date ce séjour via un tour operator espagnol.
Ils étaient en provenance d’Espagne et venaient profiter d’un séjour en colonie de vacances. Le gérant s’est opposé à leurs venues « en raison de convictions personnelles, avant d’avancer d’autres justifications auprès d’autres personnes », d’après le parquet de Perpignan. Le groupe de vacanciers israéliens a donc été contraint de se rendre dans un autre site de loisir en France. À bord de trois bus, ils ont été escortés par la gendarmerie, en charge de leur sécurité, « sans le moindre incident », a précisé le parquet jeudi en fin de journée.
Un message posté mercredi 20 août sur le site Facebook du parc indiquait une fermeture de tout le site le lendemain pour des raisons de sécurité « afin de réaliser une inspection complète des installations ». Un timing pour le moins curieux. Floran S., le gérant du Tyrovol, parcours aérien de tyroliennes, a été placé en garde à vue à Saillagouse pour « discrimination fondée sur la religion dans le cadre de l’offre ou de la fourniture d’un bien ou d’un service » selon le parquet de Perpignan. Âgé de 52 ans, il est inconnu des services de la justice et « ne fait pas l’objet de mauvais renseignements ».
« C’est un cap qui est passé »
En l’état actuel de l’enquête, « le gérant nie les faits », toujours selon le parquet. L’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité et les crimes de haine a été cosaisi avec la brigade de gendarmerie de Prades. Trois enquêteurs spécialisés de cette unité de la gendarmerie créée en 2013, pour enquêter sur les faits les plus graves et ceux motivés par la haine et l’intolérance, assistent les militaires locaux.
« Ce n’est pas croyable, nous sommes atterrés, sidérés. C’est un cap qui est passé », a commenté la présidente du CRIF Languedoc-Roussillon Perla Danan au micro de BFMTV. « On a commencé par des tags, des insultes, des coups. Et là, maintenant, c’est interdit aux chiens et aux juifs ? Ça rappelle des heures sombres de la France », regrette-t-elle.
« Il faut des déclarations fortes de nos responsables politiques, jusqu’au plus haut niveau […] Judiciairement, il est fondamental d’avoir une peine exemplaire et immédiate. Pour être dissuasif, affirme-t-elle. Est-ce qu’on va arriver à un point où l’on ne pourra plus vivre en France quand on est juif ? ».
« La justice a besoin de sérénité »
« Un nouvel acte de haine antisémite contre des Israéliens, et cette fois contre des enfants. Cela nous rappelle les heures les plus sombres de l’Histoire, lorsque les Juifs étaient bannis de l’espace public. Ce tsunami d’antisémitisme et de haine anti-israélienne doit cesser », a réagi l’Ambassade d’Israël en France auprès du Parisien. « Ce n’est pas notre conception de la République », a réagi ce vendredi après-midi le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau.
Depuis 24 heures, le standard de la mairie de Porté-Puymorens, où se situe le parc, est envahi d’injures. « On a reçu tard dans la soirée et dans la nuit des messages assez déplacés et assez haineux envers tout le village : il y a un amalgame qui est fait. C’est très violent », a raconté le maire de Porté-Puymorens, Jean-Philippe Augé au média local Ici.
« Vous savez, on est une petite commune de 100 habitants, donc c’est la stupéfaction et l’émoi qui règnent aujourd’hui dans le village. L’ADN d’une commune, ça repose sur la solidarité et le vivre-ensemble. Porté-Puymorens a toujours été et restera une terre d’accueil, de partage, de fraternité. » Avant de lancer un message d’apaisement : « La justice a besoin de sérénité, de tranquillité pour pouvoir faire toute la lumière sur cette affaire dans le respect des procédures et des droits de chacun. »
Partager :
La source de cet article se trouve sur ce site

