Israéliens à Chypre : Quand l’immobilier rallume la haine

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Des vidéos créées par intelligence artificielle mettent en scène un faux juif ultra-orthodoxe

Tensions politiques et rhétoriques autour des investissements israéliens à Chypre

À Chypre, une vague de controverse entoure les acquisitions immobilières réalisées par des ressortissants israéliens, donnant lieu à des propos jugés discriminatoires et à une montée des tensions politiques. Le débat s’est cristallisé à l’occasion du congrès du parti de gauche AKEL, deuxième force politique du pays, au cours duquel son dirigeant, Stefanos Stefanu, a soulevé de vives inquiétudes quant à ces investissements.

Lors de son discours, Stefanu a présenté les achats fonciers réalisés par des Israéliens comme une menace pour la souveraineté nationale chypriote. Il a évoqué l’existence d’un supposé projet structuré dans lequel des terrains proches de zones sensibles seraient achetés en vue d’y construire écoles, synagogues et quartiers résidentiels fermés. Il a même établi un parallèle avec le développement de l’État d’Israël, laissant entendre que « tout a commencé de la même façon » dans ce pays.

Le leader d’AKEL a accusé le gouvernement chypriote de passivité, l’appelant à réagir rapidement. Il a par ailleurs dénoncé des investissements israéliens présumés dans la partie nord de l’île, contrôlée par la Turquie — une affirmation qui, pour beaucoup, ignore les achats similaires effectués par des citoyens d’autres pays.

Fait notable, un représentant diplomatique palestinien s’est exprimé lors du même congrès, renforçant l’orientation politique du discours. Certains analystes estiment que ces prises de position visent autant à mobiliser une partie de l’électorat qu’à marquer l’agenda à l’approche des élections législatives prévues en juin.

La réaction du diplomate israélien en poste à Nicosie, Oren Anolik, ne s’est pas fait attendre. Il a dénoncé ces déclarations comme étant empreintes d’un antisémitisme à peine voilé, évoquant un « langage » rappelant celui qui a plongé l’Europe dans ses heures les plus sombres. Pour lui, les accusations portées à l’encontre des Israéliens relèvent de la haine collective, et non d’un débat politique légitime.

Le diplomate a tenu à rappeler que la liberté d’investir, d’étudier ou de pratiquer sa religion est au cœur des valeurs démocratiques européennes. En réponse aux tentatives de détourner la polémique vers la situation à Gaza, Anolik a précisé qu’il ne critiquait pas la position politique d’AKEL, mais bien l’usage de clichés et de généralisations à caractère haineux visant une population spécifique.

Malgré l’ampleur des réactions, les autorités chypriotes, notamment du gouvernement, sont restées muettes. Du côté d’AKEL, certains militants ont tenté de justifier les propos de leur dirigeant en les liant à des préoccupations géopolitiques ou à la politique israélienne actuelle, notamment à Gaza.

Parallèlement à cette escalade verbale, un phénomène préoccupant s’est propagé sur les réseaux sociaux, notamment sur TikTok. Des vidéos créées à l’aide de l’intelligence artificielle montrent un personnage caricatural — un homme présenté comme juif orthodoxe, à l’accent israélien marqué — tenir des propos provocateurs, voire ouvertement hostiles. Dans l’une de ces séquences, le personnage affirme que « Chypre a été promise aux Juifs après Israël » et évoque des projets de développement dans le nord de l’île, y compris des restaurants casher. L’une des vidéos pousse la provocation jusqu’à déclarer : « Si nous ne volons pas ces maisons, d’autres les voleront. »

Ces contenus, bien que factices, ont été massivement partagés, contribuant à entretenir un climat délétère. Les autorités locales s’inquiètent de la portée de ces messages, notamment auprès des plus jeunes.

Aujourd’hui, environ 2 500 ressortissants israéliens sont officiellement enregistrés à Chypre. Toutefois, compte tenu de la fréquence des doubles nationalités européennes, les estimations officieuses évoquent un total compris entre 12 000 et 15 000 personnes. Une majorité d’entre elles investissent dans l’immobilier local, sans nécessairement résider de façon permanente sur l’île.

Si l’affaire met en lumière des tensions latentes autour de la question foncière et de la souveraineté, elle révèle aussi à quel point des discours identitaires et discriminatoires peuvent ressurgir à l’approche d’échéances politiques. Pour de nombreux observateurs, ce type de rhétorique risque d’exacerber les divisions plutôt que de servir un véritable débat démocratique sur les enjeux économiques et sociaux de l’île.

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