Israël va-t-il perdre son avantage contre la Turquie

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Israël va-t-il perdre son avantage contre la Turquie
Puissance turque en expansion

La Turquie renforce sa stature militaire et politique face à Israël
Depuis plusieurs années, les relations israélo-turques traversent une zone de turbulence. Ancien partenaire stratégique de l’État hébreu, la Turquie s’affirme désormais comme l’un de ses principaux rivaux dans la région. Cette transformation s’est accélérée sous la direction du président Recep Tayyip Erdogan, dont la politique étrangère est marquée par une ambition néo-ottomane et un positionnement résolument opposé à l’agenda israélien.

D’un point de vue militaire, les chiffres parlent d’eux-mêmes. L’armée turque, forte de plus de 350 000 soldats, est plus de deux fois plus nombreuse que son homologue israélienne. Son arsenal terrestre comprend environ 2 200 chars et plus de 61 000 véhicules blindés, largement produits localement. Mais c’est surtout sa marine qui suscite l’attention : avec 13 sous-marins, 17 frégates et 9 corvettes, la Turquie possède la flotte la plus redoutable du bassin méditerranéen oriental.

Le point faible d’Ankara reste sa force aérienne. Écartée du programme F-35 suite à l’achat de systèmes S-400 russes, la Turquie développe désormais son propre chasseur de cinquième génération, le « Kaan », qui a effectué un vol inaugural en 2024. À cela s’ajoute l’ambition d’acquérir des sous-marins à propulsion nucléaire, comme l’a récemment confirmé l’amiral Tatliyolu, chef de la marine turque.

Une influence politique bien rodée
Erdogan utilise son appartenance à l’OTAN pour limiter la coopération militaire entre Israël et les autres membres de l’Alliance. Il a ainsi bloqué la participation de Tsahal à des exercices conjoints. Sur le plan diplomatique, la Turquie n’a pas hésité à soutenir les démarches juridiques contre Israël devant la Cour pénale internationale, et multiplie les déclarations publiques accusant l’État hébreu de génocide.

Dans la région, la Turquie tisse une toile d’alliances et de positions stratégiques. En Somalie, elle gère une base militaire majeure, exploite un port, et mène des prospections pétrolières. En Syrie, elle soutient activement des groupes opposés au régime d’Assad, notamment en installant une zone d’influence dans la région d’Idlib, où elle appuie Ahmed al-Sharaa, un ancien cadre d’Al-Qaïda. Cet engagement a été rendu possible par l’acheminement de combattants étrangers via la Turquie.

Tensions économiques masquées par des flux détournés
En mai dernier, Ankara a décidé de suspendre ses échanges commerciaux directs avec Israël, invoquant le conflit à Gaza. Le volume d’échanges a alors chuté de 99,5 %, mettant fin à une coopération économique historiquement stable. Pourtant, malgré les déclarations officielles, les produits turcs continuent d’arriver en Israël par des voies détournées.

Deux mécanismes permettent de contourner l’embargo : les commandes enregistrées au nom d’importateurs palestiniens, et les réacheminements via des pays tiers. Ce système maintient en vie une part importante du commerce bilatéral. La Banque d’Israël estime que l’impact de l’embargo reste limité à ce stade, même si les importations ont chuté à environ 100-200 millions de dollars par mois fin 2024.

Une diplomatie énergétique et commerciale offensive
La Turquie s’emploie à devenir un acteur incontournable des routes commerciales et énergétiques. Elle a initié, en partenariat avec l’Irak, le projet de « Route du développement », un corridor terrestre de 1 200 kilomètres reliant le golfe Persique à l’Europe via son territoire. Ce projet, évalué à 17 milliards de dollars, concurrence directement l’initiative IMEC soutenue par les États-Unis, l’Inde, Israël et plusieurs pays du Golfe.

Par ailleurs, la Turquie développe son indépendance énergétique avec la centrale nucléaire d’Akkuyu, construite par Rosatom, et des projets similaires négociés avec la Corée du Sud et la Chine. À terme, Ankara vise à couvrir 10 % de ses besoins électriques grâce à cette énergie.

L’exportation d’armement comme levier diplomatique
La montée en puissance de l’industrie de défense turque est indissociable de sa stratégie d’influence. Les exportations d’armements ont progressé de 29 % en 2024, atteignant 7,15 milliards de dollars. Les drones turcs sont vendus massivement à des pays comme les Émirats arabes unis, le Pakistan, le Qatar ou encore l’Arabie saoudite, dans des transactions qui servent aussi des intérêts politiques.

Cette « diplomatie des drones » place Ankara comme un rival croissant d’Israël sur le marché mondial de la défense, où les deux pays se retrouvent parfois en compétition indirecte, comme dans le conflit latent entre l’Inde et le Pakistan.

En combinant puissance militaire, influence diplomatique et capacités industrielles accrues, la Turquie redessine sa posture stratégique au Moyen-Orient. Face à cette montée en puissance, Israël adapte ses choix industriels et ses alliances, mais doit désormais composer avec un voisin devenu à la fois rival et concurrent sur de multiples fronts.

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