Israël va-t-il annexer tout ou partie de la Judée‑Samarie

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Israël va-t-il annexer tout ou partie de la Judée‑Samarie
Souveraineté contre Deux États

La salle 2450 de la Knesset affichait complet lorsque cinq députés du Likoud ont lancé, sous la bannière « Souveraineté maintenant », une conférence consacrée à l’avenir de la Judée‑Samarie. En première ligne : l’ancien ambassadeur américain en Israël, David Friedman, venu rappeler sa conviction que « l’illusion des deux États est morte ». Pour lui, depuis le 7 octobre et l’enlisement diplomatique qui a suivi, l’idée d’un État palestinien viable ne résiste ni à la géographie ni aux réalités sécuritaires. Sa formule a servi de fil rouge à près de trois heures de débats où se sont mêlés arguments stratégiques, considérations démographiques et propositions juridiques.

Une « fenêtre d’opportunité » politique
Les organisateurs – parmi lesquels les députés Dan Illouz, Ariel Kallner et Yuli Edelstein – estiment que la guerre en cours et la reconfiguration du Proche‑Orient créent une fenêtre rare : annexer sans retard la Zone C, déjà placée sous contrôle civil et militaire israélien, puis étendre progressivement la souveraineté à l’ensemble du territoire. Le ministre de l’Énergie Eli Cohen l’a martelé : s’il avait fallu choisir, il aurait préféré renoncer aux tractations de normalisation avec Riyad plutôt que d’accepter la création d’un État palestinien. Sa priorité affichée : faire passer d’un demi‑million à un million le nombre de résidents juifs en Judée‑Samarie.

Le « modèle Porto Rico » appliqué aux Palestiniens ?
Au centre de l’estrade, David Friedman a détaillé son idée d’un statut inspiré de Porto Rico : large autonomie locale, gestion municipale par les Palestiniens, mais absence de droit de vote aux élections nationales israéliennes. Autrement dit, une souveraineté israélienne assumée sans pour autant naturaliser plusieurs millions de Palestiniens. Une solution qu’il juge « pragmatique » face à un « processus de paix » qu’il considère définitivement bloqué.

Arguments sécuritaires et stratégiques
La conférence a donné la parole au général de réserve Gershon HaCohen, pour qui la topographie commande la politique : « Contrôler les hauteurs de Judée‑Samarie, c’est garantir la sécurité des plaines côtières où vit 70 % de notre population », a‑t‑il expliqué. Selon lui, la démilitarisation d’un éventuel État palestinien serait illusoire : les drones civils ou le GPS militaire rendent inapplicables les restrictions classiques sur l’armement. Dès lors, seules des implantations permanentes et une présence militaire israélienne peuvent, à ses yeux, protéger Tel‑Aviv et l’aéroport Ben‑Gourion.

Les enjeux juridiques
Sur le plan du droit, les interventions ont rappelé que la Judée‑Samarie – hors Jérusalem‑Est – reste officiellement un « territoire occupé de manière temporaire », administré par le commandement militaire depuis 1967. Une qualification contestée par la Cour internationale de justice, qui a estimé en 2024 que la présence israélienne n’était plus temporaire et la qualifie désormais d’illégale. Pour les partisans de la souveraineté, cet avis consultatif n’a qu’une portée symbolique ; ils soulignent qu’Israël n’a jamais été signataire du Statut de Rome et que, selon eux, aucune instance n’est compétente pour lui imposer un retrait.

Quid des Palestiniens ?
Reste la question la plus épineuse : le statut des quelque 2,9 millions de Palestiniens résidant principalement en Zones A et B. Les orateurs sont restés vagues. Amichaï Chikli, ministre des Affaires de la Diaspora, a salué les avant‑postes agricoles « légalisés » pour consolider le contrôle terrestre, sans préciser le devenir politique des villages palestiniens voisins. Plusieurs intervenants ont évoqué l’option jordanienne – un passeport du royaume hachémite couplé à une autonomie municipale – mais sans feuille de route concrète.

Une stratégie d’affirmation
Pour le député Dan Illouz, « la victoire de la guerre passe par l’application de la souveraineté ». Il invoque la psychologie internationale : « Le monde ne respecte pas l’hésitation, mais la détermination ». Les mots font écho à la doctrine Ben‑Gourion des années 1950 : créer des faits sur le terrain pour influencer la diplomatie. Les organisateurs espèrent ainsi ancrer, dans l’opinion publique israélienne, l’idée qu’un retrait ne ferait qu’encourager l’instabilité et la pression internationale.

Des réactions polarisées
Si les opposants politiques n’étaient pas invités, leurs critiques n’en résonnent pas moins : risque d’apartheid, isolement diplomatique, explosion budgétaire liée à l’absorption de nouvelles infrastructures. L’ONU et l’Union européenne continuent, elles, de qualifier les implantations de « contraires à la Quatrième Convention de Genève ». Pour les tenants de la souveraineté, ces condamnations n’ont guère plus d’effet que celles prononcées après l’annexion du plateau du Golan – déjà entérinée dans le droit israélien depuis 1981.

Entre impératif sécuritaire, considérations démographiques et désaccord juridique, la conférence de la Knesset signe un tournant discursif : l’idée d’un État palestinien cède la place à une stratégie d’affirmation territoriale assumée. Reste à savoir si, au‑delà des formules et des applaudissements, Israël franchira le Rubicon législatif.

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