Israël troisième, malgré la guerre
Israël a-t-il réellement traversé une guerre sans laisser son économie à terre ? La question circule depuis la publication d’un classement annuel très commenté : en 2025, The Economist place Israël à la troisième position de sa liste des économies « les plus performantes » parmi plusieurs dizaines de pays majoritairement développés. Devant lui : le Portugal, désigné numéro un, et l’Irlande. Derrière ce podium, le message est clair : malgré le choc sécuritaire et politique de 2023, la machine économique israélienne a retrouvé une dynamique que peu d’observateurs prédisaient avec autant de vigueur.
Le classement repose sur une combinaison d’indicateurs macroéconomiques et financiers, qui cherchent à capturer à la fois la croissance et la stabilité. Dans ce cadre, Israël se distingue particulièrement par la vigueur des marchés : la Bourse de Tel-Aviv a connu une progression notable sur l’année, portée par le secteur financier, l’immobilier et les valeurs technologiques. Des titres bancaires emblématiques ont flambé : Bank Leumi, par exemple, a enregistré une hausse d’environ 70% sur un an, symbole d’un regain de confiance des investisseurs dans la solidité du système bancaire et dans la capacité du pays à absorber les chocs.
Cette performance boursière ne suffit pas à elle seule à expliquer le classement, mais elle reflète un point central : l’économie israélienne s’est redressée plus vite que prévu après les perturbations de 2023 et une année 2024 plombée par l’incertitude, la mobilisation de réservistes et l’impact sur l’activité. À plusieurs reprises en 2025, des données conjoncturelles ont signalé un rebond marqué de la consommation, des exportations et de l’investissement, signe que la demande intérieure et la capacité d’innovation n’ont pas été durablement cassées. La vigueur du shekel, souvent considérée comme un thermomètre de la confiance, a également été un indicateur scruté de près.
Les organisations internationales, elles aussi, se montrent plus optimistes qu’auparavant sur la trajectoire à moyen terme. L’OCDE anticipe une accélération de la croissance en 2026 et 2027, avec un retour à des rythmes qui placeraient Israël parmi les plus dynamiques du monde développé, à condition que l’environnement géopolitique se stabilise et que l’économie privée reprenne pleinement le relais. Les prévisions évoquent également une inflation qui se normaliserait progressivement, ouvrant la voie à un assouplissement monétaire si les conditions le permettent.
Au-delà des courbes, un autre marqueur a alimenté les comparaisons internationales : le niveau de richesse par habitant. Selon les projections du FMI, le PIB par habitant d’Israël (en dollars courants) franchit le seuil des 60 000 dollars en 2025, au-dessus de la moyenne de la zone euro et de l’Union européenne. Pour un pays de taille modeste, sans ressources naturelles majeures, cette progression continue à étonner. Elle s’appuie sur un tissu de services à forte valeur ajoutée — notamment dans le numérique, la cybersécurité, la R&D et les technologies — qui conserve un poids déterminant dans les exportations.
Reste que ce tableau favorable ne gomme pas les zones de tension. Le coût budgétaire des années de conflit, la nécessité de reconstituer des marges de manœuvre fiscales, la question des dépenses de défense, et l’exposition aux chocs géopolitiques demeurent des contraintes réelles. Autrement dit, le classement récompense une performance 2025 impressionnante, mais il n’annule pas les défis structurels. Il souligne surtout une réalité : en Israël, la résilience économique est devenue un facteur stratégique à part entière — et un sujet que les marchés, comme les institutions internationales, continuent de surveiller de près.
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