Israël revoit l’aide à Gaza

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Israël revoit l’aide à Gaza

Israël semble opérer un changement de cap concernant l’acheminement de l’aide humanitaire vers la bande de Gaza. Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a confirmé mercredi que Jérusalem pourrait bientôt rétablir l’approvisionnement humanitaire à destination des civils palestiniens, en dépit de l’absence de progrès significatif dans les négociations pour la libération des otages encore retenus par le Hamas.

Cette déclaration intervient après plusieurs semaines de fuites médiatiques laissant entendre que le gouvernement israélien s’apprêtait à réactiver les flux d’aide vers l’enclave palestinienne, interrompus depuis près de six semaines. À travers ce rétablissement, Israël espère apaiser les pressions internationales croissantes liées à la situation humanitaire catastrophique à Gaza.

Initialement, Israël avait suspendu toute aide tant que les otages israéliens, capturés lors des affrontements d’octobre 2023, ne seraient pas libérés. À cette époque, les autorités estimaient que la situation alimentaire n’enfreignait pas le droit international, les Houthis ayant stocké d’importantes quantités de vivres pendant une trêve de plus de 40 jours. Toutefois, l’évolution rapide des conditions sur le terrain, conjuguée à la crainte d’accusations de famine organisée, semble avoir poussé l’exécutif israélien à reconsidérer sa position.

Katz a souligné que l’aide ne serait pas livrée via les canaux traditionnels contrôlés par le Hamas. À la place, le gouvernement envisage de faire appel à des entreprises privées pour distribuer l’aide, contournant ainsi l’organisation islamiste. Aucun nom d’entreprise ni détails logistiques n’ont cependant été révélés à ce jour, laissant en suspens la faisabilité réelle du projet.

Ce n’est pas la première tentative israélienne de neutraliser le rôle du Hamas dans la distribution de l’aide. Dès janvier 2024, un projet visant à fournir de la nourriture directement aux civils, sans passer par le groupe armé, avait été imaginé sous l’impulsion de l’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. Ce plan avait cependant échoué, confronté à l’opposition d’éléments de la coalition gouvernementale, notamment les ministres d’extrême droite Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir.

Israël avait également essayé de confier la distribution de l’aide à des organisations internationales telles que le Programme alimentaire mondial ou la World Central Kitchen, après avoir suspendu sa collaboration avec l’UNRWA. Néanmoins, ces ONG se sont retirées du terrain à la suite d’erreurs tragiques de Tsahal ayant coûté la vie à plusieurs de leurs employés. Lors de leurs retours temporaires, le Hamas s’est souvent emparé de l’aide, réduisant à néant les efforts pour garantir une distribution indépendante.

La question reste donc entière : comment des entreprises privées, sans appui militaire conséquent, pourraient-elles gérer quotidiennement la distribution de nourriture à plus de deux millions de personnes dans un territoire contrôlé en grande partie par un groupe armé ? Aucune réponse concrète n’a pour l’instant été apportée à cette interrogation majeure.

La position de Katz n’a pas manqué de provoquer des tensions au sein du gouvernement. Ben-Gvir, ministre de la Sécurité nationale, a réagi vivement sur X (anciennement Twitter), critiquant ce qu’il considère comme une concession injustifiée : « Tant que nos otages sont détenus, aucune aide ne doit franchir les frontières de Gaza », a-t-il écrit. Il considère la privation d’aide comme un levier stratégique pour faire pression sur le Hamas.

Dans la foulée, Katz a tenté de tempérer ses propos dans une nouvelle déclaration ambivalente, affirmant que l’aide ne serait pas rétablie « pour le moment », tout en réitérant qu’elle le serait « dans un futur proche ». Cette posture traduit un équilibre fragile entre considérations humanitaires, pressions internationales, et tensions internes au sein d’une coalition gouvernementale profondément divisée sur la conduite à adopter.

Par ailleurs, Katz a également évoqué une possible implication de l’Égypte, qui ferait pression sur le Hamas pour qu’il désarme. Une hypothèse que le groupe islamiste rejette catégoriquement, selon les services de renseignement israéliens, qui estiment que le Hamas dispose encore de 20 000 à 25 000 combattants actifs.

Pour l’heure, aucune mesure concrète n’a été mise en œuvre pour engager des entreprises privées dans cette opération de grande ampleur. Le flou demeure sur les modalités pratiques du rétablissement de l’aide, ainsi que sur les conditions de sécurité des acteurs appelés à intervenir sur le terrain.

En arrière-plan de cette gestion humanitaire se jouent donc des luttes politiques, des calculs diplomatiques et des enjeux sécuritaires qui dépassent largement la seule question de la logistique.

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