Israël n’en revient pas! Seules 13,5% des firmes européennes utilisent l’IA en production.

Vues:

Date:

Une tribune écrite par Marti Huet, cofondateur et CEO de Yampa

Publié dans Forbes.

En Europe, les annonces de « champions IA » se multiplient. Les levées de fonds aussi. Mais quand on regarde les déploiements en production, la réalité est tout autre : peu de cas d’usage concrets, peu de clients actifs, peu d’impact réel.

Notre problème n’est pas le manque d’innovation, ni le manque de talents. Contrairement à ce qu’on veut nous faire croire, l’exode des cerveaux européens reste marginal. Ce n’est pas non plus un problème de moyens. Les fonds européens n’ont jamais été aussi actifs et les fonds du monde entier viennent s’installer en Europe.

Non, notre vrai retard est ailleurs : nous savons inventer, mais nous avons du mal à déployer.

Un paradoxe bien européen

L’Europe compte d’excellents chercheurs, ingénieurs et entrepreneurs dans l’IA. Pourtant, en 2024, seules 13,5% des entreprises européennes déclarent utiliser l’IA en production. Trois fois moins qu’aux États-Unis.

Le décalage n’est pas dans l’offre. Il est dans notre capacité à transformer une innovation en outil du quotidien. Nous avons les cerveaux et l’argent. Il nous manque la capacité à se retrousser les manches.

La spirale infernale qu’il faut casser

Acte 1 : la paralysie des comités

Ça commence toujours par “Il nous faut une stratégie IA.” S’ensuit 12 à 24 mois de réunions. On cartographie, on priorise, on fait intervenir trois cabinets de conseil. On rassure la hiérarchie. Mais pendant ce temps, rien ne tourne

L’innovation devient un exercice de communication interne. On a peur de se tromper ; alors on ne fait rien. Ou plutôt si, on en parle.

Acte 2 : le repli “Nobody got fired for buying IBM”

Ensuite, la pression monte et le board s’impatiente. “Nos concurrents ont de l’IA, et nous ?” Sous pression, on choisit la solution politiquement correcte : on s’abonne à la suite IA du premier géant américain venu. Microsoft, Salesforce, Google… peu importe, tant que le logo rassure.

La case est cochée. Le communiqué de presse est envoyé. Résultat six mois plus tard : un chatbot générique, déconnecté des métiers, rebaptisé “agentique”. Un phénomène désormais courant : l’agent washing.

Acte 3 : l’effet boomerang

Après deux ans de comités ou six mois d’abonnement premium sans résultats, la conclusion tombe : “L’IA, ça ne marche pas en production.” “C’est du buzz.” “Nos équipes ne sont pas prêtes.”

Faux. On n’a jamais vraiment essayé. On n’a jamais choisi la vraie innovation, adaptée à un vrai problème, pour la mettre vraiment en production. On a fait semblant.

Acte 4 : L’exode silencieux de nos champions

Pendant qu’on tergiverse, nos startups IA européennes cherchent des clients. Elles n’en trouvent pas assez chez nous. Ne trouvant pas leur marché ici, elles se tournent vers les États-Unis, puis s’y installent et prévoient d’y rester.

C’est mathématique : moins de clients locaux signifie moins de startups européennes, ce qui mène à plus de dépendance aux solutions américaines et asiatiques.

Ce que font les entreprises qui réussissent

Elles ont compris une chose simple : mieux vaut un petit succès en production qu’un grand projet qui reste sur des slides.

Elles démarrent par un cas d’usage concret : gestion des emails, suivi de commandes, qualification d’appels. En production en trois semaines, pas trois ans. L’objectif est simple et mesurable : -30% de temps de traitement.

Elles choisissent européen. Pas par nationalisme. Par pragmatisme. Elles comprennent que c’est une question de souveraineté autant que de compétitivité. Chaque euro investi localement renforce notre écosystème. Chaque succès inspire d’autres entreprises. Chaque déploiement forme des équipes.

Ce que l’Europe peut devenir

Nous avons une carte unique à jouer. Nos exigences en matière d’éthique, de sécurité et de confidentialité ne sont pas des freins : ce sont les fondations du standard IA de demain. Mais un standard ne s’impose pas par des discours. Il s’impose par l’usage.

Airbus n’est pas devenu Airbus grâce à des annonces, mais parce que les compagnies européennes ont osé acheter européen. L’IA européenne attend le même signal. Chaque entreprise européenne qui choisit une solution européenne vote pour ce standard.

Quand nous aurons prouvé que nos solutions tournent, respectent les utilisateurs et délivrent des résultats, le monde entier viendra chercher le standard européen. Pas par idéologie. Par pragmatisme.

La source de cet article se trouve sur ce site

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

PARTAGER:

spot_imgspot_img
spot_imgspot_img