Israël Médical. Administrer des médicaments anti-inflammatoires sans passer par le foie.

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Percée dans le domaine de l’administration des médicaments anti-inflammatoires : le Dr. Riccardo Rampado de l’Ecole de biomédecine et de recherche sur le cancer de l’Université de Tel-aviv, sous la direction du Prof. Dan Peer, Vice-Président de la R&D de l’Université, pionnier du développement des thérapies à base d’ARNm (ARN messager), a réussi à administrer des médicaments à base d’ARNm directement dans l’intestin sans passer par le foie, en modifiant simplement la composition des nanoparticules lipidiques encapsulant la molécule traitante. La nouvelle technologie, qui démontre que les médicaments à base d’ARNm peuvent être dirigés directement vers les cellules cibles en évitant le foie, va permettre de développer de nouveaux traitements pour les maladies inflammatoires de l’intestin, comme la colite et maladie de Crohn, et être adaptée pour cibler d’autres organes, comme le pancréas.

L’étude révolutionnaire a été publiée dans la prestigieuse revue Advanced Science, qui lui a consacré sa couverture.

« Tout ce qui est injecté dans la circulation sanguine finit par aboutir dans le foie, c’est ainsi que fonctionne notre anatomie », explique le Prof. Peer, qui est également directeur du laboratoire de nanomédecine de l’Ecole de biomédecine et de recherche sur le cancer de l’Université de Tel-Aviv. « Cela pose deux défis. D’abord, les médicaments destinés à cibler des cellules spécifiques à certains organes peuvent être toxiques pour le foie. Ensuite, nous ne voulons pas que les médicaments restent « coincés » dans le foie. Dans l’idéal, le médicament devrait atteindre l’organe cible en premier, et les restes éventuels se décomposer ensuite dans le foie. Nous avons découvert que la modification des proportions de lipides composant les nanoparticules détermine leur destination dans la circulation sanguine. Il s’agit d’un phénomène général, c’est-à-dire qu’il fonctionne quels que soient les lipides, ce qui en fait une avancée significative ».

Une preuve de concept

Pour démontrer ce concept, le Prof. Peer et son équipe ont développé des nanoparticules lipidiques d’une composition différente de celles généralement utilisées (par exemple dans les vaccins à ARNm contre le COVID-19), et s’en sont servi pour encapsuler une séquence d’ARN messager codant une protéine anti-inflammatoire du nom d’interleukine-10. Ce médicament a été administré par injection intraveineuse à des souris présentant une inflammation intestinale (maladie de Crohn ou colite). Les résultats ont montré que les nouvelles nanoparticules étaient capables d’atteindre directement le tissu intestinal enflammé, en réduisant considérablement les marqueurs inflammatoires.

« Nous avons non seulement pu délivrer un médicament anti-inflammatoire à base d’ARNm directement dans l’intestin en réduisant l’inflammation et en améliorant tous les marqueurs de la colite et de la maladie de Crohn, mais nous avons également transformé les cellules immunitaires de l’intestin en usines de production d’interleukine-10 anti-inflammatoire », explique le Prof. Peer. « Mais il ne s’agit là que d’une preuve de concept. En modifiant la composition des nanoparticules, nous pourrions administrer d’autres médicaments à base d’ARN à d’autres organes ».

Rampado peer

En général, les médicaments à base de lipides sont encapsulés dans des nanoparticules lipidiques synthétiques, qui imitent les membranes biologiques. L’un d’entre eux, un phospholipide appelé phosphatidylcholine, est un composant présent dans toutes les membranes biologiques. Dans les vaccins comme celui contre le covid-19, l’ARNm est encapsulé dans des particules lipidiques contenant environ 10 % de phospholipide. Le Prof. Peer et son équipe ont augmenté le ratio de phospholipides à 30 % et ont démontré que cet ajustement faisait flotter les particules dans la circulation sanguine comme de l’huile sur de l’eau.

« C’est toute l’astuce », conclut le Prof. Peer. « Nous avons ajusté la composition lipidique et avons découvert qu’à 30 % de phospholipides, le médicament est dirigé directement vers l’intestin. Nous n’avons bien sûr pas agi au hasard. Nous avons compris le mécanisme, au moins partiellement, et avons constaté que ce rapport imite le mieux une membrane biologique naturelle, que les cellules intestinales sont mieux à même d’absorber. Nous explorons à présent d’autres ratios pour cibler le pancréas et d’autres organes qui ne peuvent être atteints qu’en ajustant finement la composition des nanoparticules lipidiques. Cette méthode d’administration directe de médicaments à base d’ARNm ouvre d’énormes possibilités de développement de thérapies nouvelles d’une précision jamais atteinte auparavant ».

Photos:

1. La 4e de couverture de la revue Advanced Science du 20 janvier 2025, consacrée à l’étude du Prof. Peer

2. Le Dr. Riccardo Rampado (à à gauche) et le Prof. Dan Peer (Crédit: Université de Tel-Aviv)

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