Israël face à une menace intérieure
Une société au bord de l’implosion
Le spectre d’un affrontement interne hante Israël. Un récent sondage de l’Institut de politique du peuple juif dévoile un chiffre alarmant : 60 % des Israéliens estiment que le pays pourrait sombrer dans une guerre civile. Cette crainte se nourrit d’un climat politique chargé, exacerbé par les controverses entourant le possible limogeage de la procureure générale, Gali Baharav-Miara, et du chef du Shin Bet, Ronen Bar.
L’ancien président de la Cour suprême, Aharon Barak, n’a pas hésité à tirer la sonnette d’alarme, évoquant un pays « au bord du précipice ». Son avertissement trouve un large écho : 27 % des citoyens adhèrent pleinement à son diagnostic, tandis que 33 % considèrent qu’il force légèrement le trait, sans toutefois écarter le danger. En revanche, 16 % seulement estiment qu’il s’agit d’une pure exagération.
Une fracture idéologique béante
La peur du conflit civil ne touche pas toutes les franges de la population avec la même intensité. Parmi les Israéliens juifs, seuls les partisans de la droite minimisent largement le risque, alors que tous les autres groupes idéologiques considèrent la menace comme bien réelle.
Le sondage révèle aussi une division nette sur l’attitude à adopter face aux révocations de hauts fonctionnaires. Pour Ronen Bar, le chef du Shin Bet, l’opinion est partagée : 38 % des Israéliens souhaitent que la Haute Cour invalide son licenciement, alors que 51 % pensent que la justice ne doit pas s’en mêler. Ce clivage est encore plus marqué politiquement : 76 % des électeurs de droite refusent toute ingérence judiciaire, tandis qu’une majorité de gauche appelle à l’intervention de la Cour suprême.
Même dynamique autour de Gali Baharav-Miara, procureure générale du gouvernement. Ici, 53 % des sondés s’opposent à une annulation de son limogeage par la justice, contre 35 % qui la jugent nécessaire.
Pourtant, en dépit de ces divisions, une majorité d’Israéliens (63 %) estime que le gouvernement doit se plier à une éventuelle décision de la Haute Cour annulant ces révocations. Parmi eux, 40 % redoutent une crise constitutionnelle, tandis que 23 % affirment que la Cour est seule compétente pour interpréter la loi.
L’ombre de « l’État profond »
Un autre débat agite le pays : celui de l’existence supposée d’un « État profond ». Le concept, largement popularisé par Benjamin Netanyahou, alimente les tensions. Selon le Premier ministre, lorsqu’un dirigeant de droite accède au pouvoir, une élite administrative et judiciaire alignée sur la gauche manipulerait le système pour contrer la volonté populaire.
Sur ce point, l’opinion publique se scinde en trois camps. Deux Israéliens sur cinq rejettent fermement cette théorie. Deux autres sur cinq y adhèrent pleinement. Le dernier cinquième se situe dans une zone grise, jugeant que Netanyahou exagère mais reconnaissant des déséquilibres institutionnels.
Là encore, les clivages politiques sont profonds : 79 % des électeurs de droite soutiennent la vision du Premier ministre, contre 87 % de rejet à gauche. Le Likoud, parti de Netanyahou, affiche un soutien massif à cette thèse, avec 82 % d’adhésion.
Israël semble plus polarisé que jamais. Entre crises institutionnelles, fractures idéologiques et défiance généralisée, le pays marche sur une corde raide. Une majorité redoute l’embrasement, tandis que les lignes de fracture se creusent. L’avenir immédiat dépendra de la capacité des institutions à résister aux secousses et du choix des dirigeants à éviter l’irréparable.
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