Le locataire de la Maison-Blanche s’en prend cette fois-ci au fleuron de l’industrie américaine. Donald Trump a révélé que « des alternatives » étaient à l’étude concernant le futur avion présidentiel, faisant part de son mécontentement face aux retards pris par l’avionneur Boeing. « Je ne suis pas satisfait de Boeing », a martelé, mercredi 19 février, le milliardaire à des journalistes à bord de l’avion présidentiel. « Nous étudions des alternatives car Boeing tarde à livrer ». L’administration Trump aurait discuté de la possibilité d’acquérir et de réaménager un avion de luxe en attendant, selon le New York Times. Selon l’entourage de Donald Trump, ce dernier considère Boeing comme une « cause presque perdue ».
Le géant américain de l’aéronautique cumule les retards, et les pertes financières, avec ce contrat signé en 2018 portant sur la livraison de deux avions 747-8 spécialement aménagés – qui prennent le nom de code Air Force One lorsque le chef d’Etat américain est à bord – pour 3,9 milliards de dollars. La livraison était initialement prévue avant fin 2024. « Un Trump frustré veut ses nouveaux avions Air Force One pronto », ironise le New York Times. Mais des modifications du projet, notamment réclamées lors du premier mandat de Donald Trump, la faillite d’un sous-traitant ainsi que la pandémie de Covid-19 et les problèmes d’approvisionnement qui ont suivi, ont repoussé le calendrier.
À ce stade, l’entrée en service est prévue en 2027 pour le premier exemplaire et en 2028 pour le second. Kelly Ortberg, patron de Boeing, avait indiqué fin janvier, lors de la présentation des résultats annuels du groupe que Donald Trump voulait « l’avion plus tôt ». Il avait précisé mener des « discussions actives » – notamment avec Elon Musk, proche allié de Donald Trump – « afin de faire les changements nécessaires pour améliorer les performances du programme (Air Force One) et sa livraison ».
Airbus n’est pas envisagé
Aux journalistes, Donald Trump s’est dit mercredi ouvert à l’idée d’un achat d’avions « d’un autre pays », sans néanmoins envisager qu’Airbus, rival européen de Boeing, construise ces avions. « Nous effectuons des progrès importants pour améliorer la livraison et, bien entendu, améliorer le calendrier va réduire les risques de surcoûts pour nous », a commenté Kelly Ortberg jeudi matin lors d’une conférence financière.
L’avionneur a en effet perdu plusieurs milliards de dollars sur des contrats à prix fixe, dont le programme VC-25B – celui des avions présidentiels. Ces appareils doivent être équipés d’instruments de communication de haute technologie, d’installations médicales ainsi que d’un système de défense très performant. Mais les deux 747-200B actuels, entrés en service en 1990 du temps du président George H.W. Bush, sont obsolètes et génèrent des coûts de maintenance importants.
À noter que Boeing a connu une année difficile après un incident en vol survenu en janvier 2024, du fait de problèmes récurrents de qualité de sa production. Entre autres conséquences, sa gouvernance a été remaniée et la cadence de ses chaînes d’assemblage a ralenti, le temps de mettre en œuvre des mesures exigées par le régulateur FAA. Le groupe a également pâti des conséquences d’une grève de plus de cinquante jours des ouvriers de deux usines cruciales, dans le nord-ouest des Etats-Unis. Il a enregistré en 2024 une perte de 11,8 milliards de dollars, annoncé une réduction de 10 % de ses effectifs mondiaux et réalisé une énorme levée de 24 milliards de dollars.
La source de cet article se trouve sur ce site